Cinquante corps ont été retrouvés mercredi et jeudi dans deux villes de l’ouest du Mexique, dans ce qui pourrait constituer la réplique d’un cartel de la drogue à un précédent massacre perpétré en septembre à Veracruz.
Vingt-six cadavres ont été découverts jeudi matin dans trois véhicules abandonnés à Guadalajara, deuxième ville du Mexique, au lendemain de la découverte de 24 corps, dont 17 carbonisés, à Culiacan.
«Il y a eu au total 26 cadavres, tous de sexe masculin et d’un âge compris entre 25 et 35 ans», a déclaré lors d’une conférence de presse Fernando Guzman, ministre de l’Intérieur de l’Etat de Jalisco, dont Guadalajara est la capitale.
La majorité des victimes sont mortes par asphyxie et plusieurs corps étaient à demi dénudés. Certains d’entre eux portaient sur le corps les inscriptions «Milenio» et «Zetas», a ajouté M. Guzman. Ces signatures font référence au cartel du Milenio, organisation de narcotrafiquants originaire de l’Etat voisin du Michoacan, et au groupe criminel des Zetas, organisation créée et dirigée par d’anciens militaires d’élite de l’armée mexicaine.
Les véhicules ont été abandonnés sur une avenue très fréquentée de l’agglomération de Guadalajara, une ville de 4,4 millions d’habitants, à proximité d’un centre de conventions, qui doit accueillir à partir de la fin de la semaine la Foire internationale du livre, considérée comme la plus importante du monde hispanophone.
D’importants auteurs et éditeurs y sont attendus, comme le prix Nobel de littérature péruvien Mario Vargas Llosa ou l’Allemande Herta Müller, ainsi que le Colombien Fernando Vallejo qui sera honoré d’un prix.
La ville de Guadalajara était jusqu’à présent relativement épargnée par les violences qui touchent d’autres régions du Mexique, comme le nord du pays limitrophe des Etats-Unis, l’État de Veracruz ou Acapulco et ses environs, sur la côte du Pacifique.
Mercredi avait déjà été une journée sanglante au Mexique, avec la découverte de 24 cadavres au total, dont 17 corps carbonisés retrouvés dans deux véhicules, à Culiacan, dans l’État de Sinaloa.
Le 21 septembre, 35 cadavres avaient été découverts dans deux camionnettes abandonnées et d’autres à même la rue, sous un pont de la zone métropolitaine du port de Veracruz, sur la côte du golfe du Mexique.
Les auteurs du massacre avaient été identifiés comme les «Matazetas» (tueurs de Zetas) – ou le groupe «Nueva Generacion» (Nouvelle génération) – soupçonnés de liens avec le cartel de Sinaloa et dont le but est l’anéantissement des «Zetas», un groupe criminel créé et dirigé par d’anciens militaires d’élite de l’armée mexicaine, qui opère dans le nord et l’est du pays.
Pour José Reveles, auteur de plusieurs livres sur les narcotrafiquants, la découverte macabre de Guadalajara «ressemble à une réplique de ce qui s’est passé à Veracruz». Mais il souligne qu’il faudra attendre la suite de l’enquête pour connaître l’origine de ce nouveau massacre.
Le président Felipe Calderon a lancé en décembre 2006 une offensive militaire contre les narcotrafiquants, avec l’appui de 50 000 soldats.
Depuis, on compte plus de 45 000 morts dans cette campagne, selon des données officielles et des compilations de la presse, un chiffre qui inclut les victimes d’affrontements entre groupes criminels, entre ceux-ci et les forces de sécurité, ainsi qu’un nombre indéterminé de victimes civiles.
avec cyberpresse