Des quatre nervis blessés hier, jeudi 22 décembre, lors des altercations avec les partisans du maire de Mermoz, Barthélémy Dias, le nommé Ndiaga Diop succombera des suites de ses blessures. Pour le maire, ces nervis étaient venus l’attaquer et brûler sa maison. Barthélémy Dias dit avoir « tiré des coups de feu en l’air, avant d’ouvrir le feu sur les gens ».
Parmi les nervis qui ont fait une descente hier, jeudi 22 décembre, à la Mairie de Mermoz-Sacrée Cœur, il y a un mort et trois blessés. La victime s’appelle Ndiaga Diop et son corps se trouvait, au moment où nous écrivions ces lignes, à la morgue du Chu de Fann. Elle habite Thiaroye, un quartier de la banlieue dakaroise. D’après le communiqué de la de la Direction générale de la police, l’un des quatre blessés répertoriés succombera des suites de ses blessures. Et cela, après avoir reçu une balle au cours du face à face des nervis et du camp du maire Barthélémy Dias.
Devant la mairie, un groupe de partisans du maire Barthélémy Diaz, veille. Le maître des lieux avait fini de faire face, vers les coups de 11 h, aux visiteurs encagoulés. La nervosité se lit sur les visages. Il est 16h. Nous avons trouvé sur les lieux des renforts de policiers. Seulement, pour le camp de Barthélémy Dias, ils ne sont pas les bienvenus. Les partisans du maire déplorent ce qu’ils appellent « le médecin après la mort ». C’est pourquoi, ils se sont opposés, lorsque les forces de l’ordre ont voulu entrer dans la mairie pour assurer la sécurité des lieux et du personnel. « Nous ne pouvons pas les laisser entrer sans l’autorisation du maire », lance, très tendue, Juliette Zinga, le chef de cabinet du maire. Elle ajoute : « La police n’a pas fait son travail. Le commissaire et un inspecteur de police étaient sur les lieux, au moment où les nervis nous ont provoqués. Mais le commissaire lui, a préféré s’adresser aux nervis. C’est l’inspecteur qui est venu à nous. Il n’y a pas eu de renforts au moment où ces nervis nous agressaient», dira Juliette Zinga, chef de cabinet du maire
Le commissaire que nous avons trouvé sur les lieux n’a pas voulu se prononcer sur cette information. Au moment où nous essayons, par tous les moyens, de lui tirer les vers du nez, des éléments de la Police scientifique étaient en train de chercher des indices sur le théâtre des affrontements. Nous n’en saurons pas plus, en dépit de notre insistance sur les calibres des balles utilisées. Mais ce que nous avons pu constater sur place, ce sont les impacts de balles sur un kiosque et sur un restaurant qui donne sur l’avenue Bouguiba.
Un témoin, pris entre deux feux, raconte qu’il a vu des nervis blessés et l’un transporté par les visiteurs encagoulés. Et que ça ne l’étonnerait pas que ce soit celui qui est déclaré mort, vu son état au moment où les autres nervis le transportaient pour le mettre dans le véhicule.
Pour mieux faire son travail, la Police scientifique a mis des balises pour interdire la circulation des véhicules et des piétons.
BARTHELEMY DIAS :
« Je souhaite à Wade la bienvenue au Far West »
Sur les ondes des radios Sud Fm et Rfm, Barthélémy Dias donne sa version des faits :
«Ce sont des nervis envoyés par le Parti démocratique sénégalais (Pds) qui se sont attaqués à ma Mairie et qui ont voulu s’attaquer à mon domicile pour y mettre le feu. Je suis sorti, je me suis mis devant la Mairie, nous nous sommes regardés en chiens de faïence pendant quelques instants et puis à un moment donné, nous avons déclenché les hostilités. Comme ils étaient venus pour se battre, on ne pouvait les laisser partir sans avoir le plaisir d’avoir gagné leur argent. Ce ne sont pas des responsables ou des jeunes du Pds. Il n’y a plus de jeunes, ce sont des nervis. Pourquoi Abdoulaye Wade n’envoie pas les jeunes de l’Ujtl ? Aucun jeune de l’UJTL n’est venu. Ce sont des nervis qui ont été recrutés. J’ai tiré deux coups en l’air, c’est ce que dit la loi, le reste, j’ai ouvert le feu sur les gens.
Je reconnais avoir touché trois personnes, j’espère qu’elles ne sont que blessés, si elles sont mortes je présente mes condoléances anticipés à leur famille. Comme Abdoulaye Wade a dit Œil pour Œil dans pour dent, je lui souhaite la bienvenue au Far West».
Barthélémy Dias poursuit : « Je n’assume aucune responsabilité dans la mort d’aucun homme. Je dis que je me désole de voir cette situation ait pris cette ampleur. Mais je ne peux pas moi face à plus de 150 qui ont encerclé ma mairie et qui sont venus pour me faire la fête et qui refusent d’écouter des coups de sommation. Je suis en légitime défense. Je suis désolé, je suis vraiment désolé. Mais si encore cette même situation se reproduit, je serais désolé de réagir de la même sorte.
Cette histoire, ces messages d’Abdoulaye Wade, œil pour œil, dent pour dent, il en est responsable. Le peuple sénégalais lui a tourné le dos. Il a décidé d’utiliser la violence et je le soupçonne de ne pas vouloir organiser des élections.
Nous n’avons jamais posté des nervis devant les domiciles de qui que ce soit. Ils ne sont pas à leur première expérience. Je suis désolé de la tournure des événements mais à l’impossible nul n’est tenu. »
DES NERVIS AU DOMICILE DE BATHILY
Les émissaires de « l’intimidation »
Autre lieu visité hier, jeudi 22 décembre, par des nervis : le domicile du professeur, le Pr Abdoulaye Bathily, leader de la Ligue démocratique (Ld), membre de la coalition Bennoo Siggil Senegaal. Ces nervis, au nombre de cinquante, selon des témoins, étaient à bord de deux véhicules. Ils sont venus livrer un message au patron de la Ld. Interrogé sur cette affaire, Moussa Sarr, porte-parole des «Jallarbistes » souligne : « C’est le gardien du domicile d’Abdoulaye Bathily qui m’a informé tout à l’heure (hier, ndlr) pour dire qu’ils ont reçu la visite d’une cinquantaine de nervis qui étaient à bord de deux voitures, une L200 immatriculée DK 9471 AD et une deuxième voiture pick-up qui n’a pas de numéro d’immatriculation. Ces nervis ont franchi le seuil du domicile d’Abdoulaye Bathily, pour dire au gardien qu’ils étaient venus livrer un message à Abdoulaye Bathily lui-même : « Si le professeur Bathily veut la paix, il aura la paix, s’il ne veut pas la paix, il n’aura pas la paix ».
Les nervis ont promis de revenir. Toutefois, la police a été informée. Moussa Sarr a condamné ce qu’il appelle une « intimidation ».