Après avoir été reçu à l’Elysée, vendredi 23 décembre, le ministre de l’intérieur, Claude Guéant a confirmé qu’il allait revoir la circulaire controversée qui restreint le recrutement des étudiants étrangers en France. Un nouveau texte devrait être prêt début 2012 à la suite d’une concertation avec les acteurs concernés, a-t-il promis. Il n’a pas strictement vocation à remplacer la circulaire du 31 mai sur l’immigration professionnelle mais à « la compléter » en « levant les malentendus », a ajouté le ministère.
Le collectif d’étudiants étrangers dit du 31 mai veut participer à la concertation qui doit aboutir à une nouvelle circulaire et attend « un changement sur le terrain », a-t-il indiqué. « La démarche se veut plus constructive que celle qui avait donné naissance à la circulaire du 31 mai, passée de manière expéditive, en toute fin de l’année universitaire et sans que soient consultés (…) les principaux intéressés, les étudiants étrangers sur le point d’être diplômés », écrit le collectif dans un communiqué.
« Pour que cette concertation puisse apporter des solutions concrètes et pratiques à la situation des diplômés hors Union européenne », le collectif entend être reçu début janvier 2012 par M. Guéant pour « lui présenter la réalité des situations auxquelles les diplômés sont confrontés ».$
6 500 AUTORISATIONS SELON L’ÉTAT
Jeudi, M. Guéant avait affirmé sur Europe 1 qu’il comptait clarifier l’application de cette circulaire datant de mai, se disant « résolu » à « faire une circulaire spécifique sur le travail des étudiants étrangers ». A la suite de cette circulaire, de nombreux diplômés étrangers, dont certains très qualifiés, qui avaient été recrutés dans des entreprises françaises, n’ont pas pu obtenir un changement de statut (d’étudiant à salarié).
Selon lui, le gouvernement a accordé 6 500 autorisations de séjour pour des étudiants étrangers devenus salariés en 2011. Pour Hajer Gorgi, porte-parole du Collectif du 31 mai, qui a organisé une manifestation à Paris samedi, seuls 250 cas ont été réglés sur 900 recensés depuis l’entrée en vigueur de cette circulaire.
La circulaire contestée demandait aux préfets d’instruire « avec rigueur » les demandes d’autorisation de travail des étudiants, et d’exercer un « contrôle approfondi » des demandes de changement de statut des étudiants étrangers. Elle s’inscrivait dans la volonté des autorités de réduire l’immigration légale, thème sur lequel le camp du président Nicolas Sarkozy a fait campagne.
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UNE PÉTITION REÇOIT PLUS DE 19 000 SIGNATURES
Une centaine de personnalités, dont le philosophe Edgar Morin et le Prix Nobel de physique Albert Fert, avaient lancé une pétition demandant « le retrait » de la circulaire du 31 mai. Elle recueillait vendredi plus de 19 000 signatures.
Elle a aussi reçu le soutien du Parti socialiste : « M. Sarkozy et le gouvernement ne peuvent plus continuer à faire l’autruche et à évoquer un règlement ‘au cas par cas’ des difficultés massives auxquelles sont confrontés les diplômés étrangers, estiment Sandrine Mazetier et Bertrand Monthubert, secrétaires nationaux du PS à l’immigration et à l’enseignement supérieur. Il est urgent de mettre fin à ce mauvais scénario qui empoisonne la vie de centaines de diplômés, pourtant prêts à exercerleurs talents et leurs compétences dans notre pays, et qui dégrade l’image de la France dans le monde ».
Plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre de la culture Frédéric Mitterrand et celui de l’enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, ont également critiqué cette circulaire.