Avec l’arrestation de Barthélémy Dias et de Malick Noel Seck, le Parti socialiste perd deux figures de proue. Ces jeunes, à la pointe de l’opposition contre le pouvoir libéral, incarnent l’aile dur du Ps. Avec leur mise à l’écart, l’opposition sénégalaise risque d’avoir du mal à résister à l’offensive des libéraux, qui semblent avoir un plan pour liquider les têtes brûlées de l’opposition.
Barthélémy Dias et son garde du corps, visés par trois chefs d’inculpation (homicide volontaire, coups et blessures volontaires et détention d’arme à feu sans autorisation administrative), ont été incarcérés hier à la prison de Rebeuss. La décision a occasionné de violentes manifestations aux abords de la mairie de Sicap-Mermoz-Sacré-Cœur qu’il dirige et de la Maison du Ps. Son incarcération fait suite à l’enquête policière ouverte à la suite de la fusillade de Baobab au cours duquel Ndiaga Diouf, un des gros bras Ndiaga Diouf envoyé par des éléments du Parti démocratique sénégalais a perdu la vie.
Plan de liquidation
L’arrestation de Barthélémy Dias survient après celui de Malick Noël Seck, condamné le 20 octobre à deux ans de prison ferme pour menace de mort et outrage à magistrat. Les deux hommes politiques ont la particularité d’être des jusqu’au-boutistes, une sorte de duo de choc qui a longtemps été à la pointe de l’opposition contre Wade.
Ces deux arrestations donnent du grain à moudre aux partisans de la théorie du complot. Certains médias sénégalais font état d’un plan savamment muri qui vise à mettre à l’écart les radicaux de l’opposition notamment les jeunes de Y’en a marre, Alioune Tine, coordinateur du M23 et Malick Diop de l’Alliance des forces de progrès.
Justice à deux vitesses
Si Barthélémy Dias et son garde du corps ont passé la nuit en prison, une question demeure sur les lèvres : qu’en est-il des commanditaires nommément cités par les deux nervis arrêtés par la police sur la cinquantaine que la vidéo prise par la Télévision Futurs Médias montre clairement. Les avocats de Dias se sont indignés du fait que seuls deux lampistes vont payer à la place des vrais coupables.
« Il y avait une centaine de nervis, il y avait des sergents recruteurs, mais il y avait également des commanditaires qui leur ont donné des moyens, qui leur ont donné notamment des voitures, qui leur ont donné des armes, qui leur ont donné de l’argent pour les rétribuer, et ces gens-là, aujourd’hui, ils dorment tranquillement chez eux », dénonce Me Moustapha Mbaye, un des avocats de Dias.
Mieux, Baye Moussé Ba alias Bro, un garde du corps du président Wade, souvent mêlé à des histoires d’agressions et de tentatives d’assassinat, cité comme étant le principal cerveau de l’expédition punitive contre Dias qui a viré à l’affrontement armé, est introuvable. Un mandat d’arrêt a été lancé contre lui sans grand résultat.
Abdoulaye Faye, l’administrateur du Parti démocratique sénégalais, a été cité comme étant le pourvoyeur des véhicules ayant servi à transporter les nervis. Le garde du corps de Farba Senghor, Cheikh Diop Siby a par contre été arrêté. Le chargé de la propagande du Pds a la particularité d’être un intouchable. Identifié comme étant le commanditaire de la mise à sac des locaux des journaux l’As et 24 heures chrono, Farba Senghor n’a jamais répondu à la justice.
Lors d’une conférence de presse mercredi, le ministre-porte-parole du président Abdoulaye Wade, Serigne Mbacké Ndiaye, a déclaré que le président Wade n’allait protéger personne. Une assurance que les Sénégalais dans leur grande majorité ne prennent pas au sérieux vu les nombreux cas d’impunité qu’il y a eu sous Wade.
NDEYE KHADY LO
SLATE AFRIQUE
