Barack Obama a entamé dimanche soir une visite inopinée en Afghanistan, sa première depuis que son accession à la présidence lui a conféré la qualité de commandant en chef de l’effort de guerre international sous supervision américaine contre l’insurrection des talibans.
Durant ce bref séjour, tenu secret jusqu’à son arrivée pour des raisons de sécurité, il doit s’adresser aux troupes américaines, rencontrer en tête-à-tête le président afghan Hamid Karzaï, réélu cet été dans des conditions contestées, et prendre part à une réunion commune de dirigeants afghans et américains.
Robert Gibbs, porte-parole de la Maison blanche, a déclaré qu’Obama voulait entendre une évaluation à jour des opérations militaires et civiles de la part du général Stanley McChrysal, chef des forces américaines et internationales, et de l’ambassadeur des Etats-Unis à Kaboul, Karm Eikenberry.
Durant sa campagne électorale, Obama avait clairement accordé la priorité au front afghan sur celui de l’Irak, dont il a entrepris de désengager son armée. Il a ordonné en décembre le déploiement de 30.000 « boys » de plus dans le pays – dont un tiers sont à pied d’oeuvre – pour contenir l’insurrection avant d’envisager un début de retrait à la mi-2011.
OBAMA PRESSERA KARZAÏ
C’est sa victoire sur le plan interne avec l’adoption de sa réforme de l’assurance santé, au terme de longues et laborieuses tractations avec le Congrès, qui permet au chef de la Maison blanche d’accorder à nouveau toute son attention à un conflit qu’il juge décisif dans la lutte contre le djihadisme mondial.
Obama, qui s’était déjà rendu en Afghanistan en 2008 durant sa campagne présidentielle, attend du président Karzaï un engagement résolu dans la lutte contre la corruption gangrénant son régime et contre le trafic de drogue – l’Afghanistan étant le premier producteur mondial de pavot.
« Nous avons l’intention de faire pression sur le président Karzaï et de commencer à lui faire comprendre que, lors de son second mandat, il y a certaines choses qu’il doit réaliser en tant que président de son pays », a déclaré le conseiller pour la sécurité nationale James Jones.
L’ancien général, qui s’adressait aux journalistes à bord d’Air Force One, qui a décollé en toute discrétion pour Kaboul dimanche à 02h00 GMT, s’est refusé à entrer dans les détails des carences reprochées à Karzaï.
Marc Delteil pour le service français, édité par Pascal Liétout