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[Video] Grève des transporteurs : Encore un jour de galère

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La grève générale des transporteurs déclenchée, hier, a plongé les travailleurs sénégalais dans la galère.Nombreux d’entre eux, qui ont bravé les rigueurs du manque de véhicules de transport en commun, ont accusé beaucoup de retard avant de regagner leur lieu de travail.Mais certains ont préféré marcher, histoire de se refaire une santé.Reportage !

Debout à l’arrêt de Castors, sur l’avenue Bourguiba, des dizaines de passagers guettent du regard cette miraculeuse vieille carrosserie de Ndiaga Ndiaye ou de car rapide qui tarde à se pointer. Car de moyens de transport habituels, il y en avait hier que dans les imaginations. Abdou Mané, agent commercial dans un des opérateurs de téléphonie, finit par se ressaisir. Il n’en peut plus et lâche : ‘Ce n’est pas normal, cette grève, ils auraient dû prévenir les gens. Je dois me rendre au centre-ville et j’ai dû marcher de Pikine jusque-là, espérant trouver une voiture. Mais, à 11 heures déjà, ma journée est quasi perdue’. Pour lui, les charrettes, qu’utilisent la plupart de ses compatriotes, ne collent pas à son statut. Le bonhomme est, comme qui dirait, sur son trente-et-un. ‘Je dois soigner ma mise pour être présentable devant les clients. Or, sur ces charrettes, on y voit transporter du tout, même des bassines remplies de poissons ou de légumes. Et puis, ce n’est même pas possible. Puisque ces charrettes ne roulent pas en ville’, argumente-t-il.
A l’image de ce garçon de 31 ans, ce sont de nombreux Sénégalais, notamment de la banlieue dakaroise, qui n’ont pu rejoindre, hier matin, leurs lieux de travail au Plateau ou au centre-ville, en général. Une situation qu’ils risquent de revivre aujourd’hui, puisque les transporteurs ont décrété deux jours de grève générale.

Des souffrances aggravées

Deux jours de douleur et d’inquiétudes de plus chez les malades qui devaient se rendre à l’hôpital. Qui pour se faire consulter ; qui pour recevoir des soins. Selon un des vigiles apostrophé dans l’après-midi d’hier à l’Hôpital général de Grand-Yoff, la structure a enregistré moins de monde que d’habitude. ‘Peut-être que c’est à cause de la grève qu’il n’y a pas eu beaucoup de visiteurs’, constate-t-il.

Certes, la grève des transporteurs a entraîné des dégâts collatéraux divers dont des rendez-vous médicaux manqués. Mais elle aura eu le mérite ‘de pousser à la marche. En plus, dans un environnement moins pollué que d’habitude’. C’est le constat du vieux Mbaye, égrenant son chapelet aux abords des trottoirs de la cité Bastos, qui marche pour sa santé. ‘J’effectue cet exercice tous les soirs chez moi et comme, avec la grève des transporteurs, j’ai constaté moins de fumée des pots d’échappement, j’ai préféré le faire un peu plus loin de ma maison, tranquillement’, explique ce sexagénaire, canne à la main.

Ailleurs, à la Patte d’Oie, c’est une dame d’une masse musculaire assez imposante qui affirme avoir effectué le trajet Hlm Grand-Médine Grand-Yoff à pied, pour son bien. Femme d’affaire, elle raconte dans l’anonymat ce que son médecin lui aurait conseillé : ‘Pour prévenir certaines maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension, il m’a suggérée de faire du sport, comme par exemple la marche et de ne pas tout le temps me mettre à conduire ma voiture. Je ne dirai pas que cette grève ne pose pas de problème, mais je pense que ça m’a permis de beaucoup marcher’, avoue-t-elle.

Les bonnes affaires des charretiers

En outre, ce lundi 2 janvier, jusqu’à 7 heures du matin, le jeune Cheikhouna Faye ignorait que sa charrette pouvait servir de moyen de transport en commun. Mais, la grève générale des transporteurs fut un déclic. Et ça a été prometteur. L’expression de la colère des transporteurs urbains a, en effet, fait des gens heureux. Croisé au rond-point de Liberté VI, vers les coups de 13 heures, le jeune Cheikhouna explose de joie comme il n’a jamais été le cas, 10 ans depuis qu’il évolue dans ce créneau. ‘Je me suis réveillé le matin (hier) en ayant comme d’habitude à l’esprit d’aller chercher de la marchandise à convoyer depuis le marché Castors. Ce n’est qu’après avoir effectué un premier chargement que j’ai appris qu’il n’y avait pas de véhicules de transport en commun à Dakar et que beaucoup de gens qui devaient se rendre au travail se morfondaient au niveau des arrêts’, confie-t-il, le sourire aux lèvres.

Il n’en dira pas plus, surtout au sujet de son chiffre d’affaires à la mi-journée. Cheikhouna pense qu’en divulguant ses recettes, il pourrait faire des jaloux, notamment du côté des transporteurs qui seraient tentés de revenir sur leur décision d’aller en grève. Il renseigne, cependant, avoir fait plusieurs allers-retours entre Guédiawaye-Parcelles- Grand-Yoff- Liberté VI, comme du reste les autres charretiers. Au moins, une dizaine depuis le matin. Bref, Cheikhouna, tout comme ses autres camarades interpellés souhaitent reprendre le marché du transport en commun aujourd’hui, demain, après-demain, et pour de bon.

Utopique, peut-être, mais il suffit de se rapprocher des clients pour comprendre leurs vœux en ce début d’année 2012. Fatou Bayo, parmi eux, déclare avoir dépensé 300 Fcfa pour rejoindre, depuis l’Unité 8 des Parcelles assainies, son lieu de travail à Liberté VI. ‘Nous étions plus de 10 passagers à bord de la charrette à quitter le rond-point Case-bi de Guédiawaye et chacun a dû débourser autant que moi’, révèle notre interlocutrice, une quarantaine d’âge. Elle trouve que le tarif est abordable, vu les circonstances. ‘Souvent, lorsque le transport est paralysé, c’est soit à cause de la grève des conducteurs de taxis jaunes, soit celle des bus Tata, mais aujourd’hui (ndlr, hier), c’est tout le monde qui s’y est mis. Heureusement que ces charrettes sont là pour nous déplacer, sinon, mon petit commerce d’habits et de tissus allait en prendre un sacré coup’, témoigne Fatou Bayo. Qui en rit. Qu’importe si les tarifs passent du simple au double et parfois au triple. Entre Patte d’Oie-Liberté VI, au lieu de 75 francs, le client doit casquer 200 frs. Pas de trajet à 50 frs.

Abdoulaye SIDY

walf.sn


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