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Wade compte sur Sant’Egidio pour sauver la Casamance

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– Le président de la République Abdoulaye Wade a révélé mercredi qu’il a demandé à la communauté Sant’ Egidio de servir d’intermédiaire entre le gouvernement et la tendance du Mouvement des forces démocratique de Casamance (MFDC) dirigée par Salif Sadio, afin de ‘’régler cette question’’ de la crise en Casamance s’il est réélu.

‘’Il est hors de question d’internationaliser ce conflit qui est un conflit national, local, mais je connais des gens de Sant Egidio et j’ai demandé qu’ils viennent pour être des facilitateurs en quelque sorte entre le gouvernement et la tendance Salif Sadio pour qu’on arrive à régler cette question’, a-t-il déclaré dans des propos relayés par RFI.

Il a rappelé qu’avant d’accéder au pouvoir il avait dit et croyait pouvoir régler ‘’en quelques mois’’ ce conflit vieux de 30 ans. Mais, ‘’malheureusement tel n’a pas été le cas parce qu’il y a toujours ce monsieur Salif Sadio qui était soutenu par Laurent Gbagbo’’.

Selon Abdoulaye Wade, Sadio, présenté comme un des ’’radicaux’’ du MFDC, a séjourné ‘’deux ou trois fois’’ en Côte d’Ivoire où il a été ‘’financé, armé’’ par l’ancien président ivoirien Gbagbo, actuellement en procès devant la Cour pénale internationale.

‘’Et c’est lui qui me cause beaucoup de problèmes’’, en allusion directe aux récentes attaques répétées contre des positions de l’armée en Casamance où des militaires sénégalais se trouvent actuellement aux mains de rebelles qui réclament depuis 1983 l’indépendance de cette région sud du pays.

‘’ Si je suis réélu, je vais m’efforcer véritablement de régler la question’’, a dit Wade dont la candidature à un nouveau mandat est contestée par l’opposition et une grande frange de l’opinion qui la juge illégale au regard de la Constitution qu’il a lui-même fait voter en 2001, quelques mois après son accession au pouvoir.

Dans son message à la nation, à l’occasion du nouvel an, le président de la République a réitéré ‘’la disponibilité’’ de son gouvernement à poursuivre le dialogue avec le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC), en vue d’une solution pacifique à la crise politico-militaire qui secoue le sud du pays depuis 1982.

Contrairement à la position du président Wade de recourir à la communauté Sant’Egidio, la plupart de ses adversaires pour la prochaine présidentielle de février 2012 recommande l’implication des pays voisins –Guinée-Bissau, Gambie- très souvent considérés comme des bases arrières du MFDC.

La Communauté de Sant’Egidio est une organisation catholique fondée en 1968 à Rome. Andrea Riccardi en est le fondateur. Le nom de cette communauté provient de son implantation, au début des années 70, dans les locaux de l’église Sant’Egidio.

En 1986, la Communauté de Sant’Egidio a été reconnue officiellement comme Association internationale de laïques par l’Église catholique.

Cette organisation a, en matière de règlement des différends internationaux et de mise en place de médiations, des résultats très substantiels et des méthodes originales. Elle agit à la fois au plan local, national et transnational. La communauté de Sant’Egidio est notamment connue pour la rencontre inter-religieuse qu’elle organise annuellement depuis 1986.

Le rôle important de la communauté dans la médiation politique est reconnu civilement le 16 novembre 2011, quand Andrea Riccardi, son fondateur, est nommé Ministre de la Coopération Internationale dans le gouvernement de Mario Monti6

La Casamance, constituée des régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor, est le théâtre, depuis 1982, d’affrontements ayant fait de nombreux morts chez les civils, les militaires et les indépendantistes réunis au sein du MFDC.

Récemment, cinq soldats de l’armée sénégalaise ont été pris en otage par le MFDC, au cours de l’attaque d’un cantonnement de l’armée au village de Kabeumb, non loin de la frontière gambienne.

Un gendarme a été tué et trois autres blessés, lundi, dans l’attaque de la brigade gendarmerie d’Affignam (20 km au sud-est de Ziguinchor) par une bande armée.

Un commandant et un auxiliaire sont portés disparus et des armes ont été emportées par les assaillants.

Selon le chercheur Jean-Claude Marut, la demande du MFDC consistant à l’abandon des poursuites contre certains de ses cadres contre la libération de soldats qu’il détient est une ‘’offre’’ que les pouvoirs publics sénégalais pourraient saisir pour l’ouverture de ‘’véritables négociations’’ entre les deux parties.

Pour la libération des soldats qu’il détient, les dirigeants du MFDC demandent notamment l’abandon des poursuites engagées par l’Etat sénégalais contre certains de ses dirigeants dont Salif Sadio, présenté comme un des ‘’radicaux’’ du mouvement.

Les récentes attaques attribuées par ce mouvement peuvent se lire comme une volonté de sa frange radicale de changer en sa faveur le rapport des forces sur le terrain pour amener le gouvernement sénégalais à ouvrir la voie de ‘’véritables négociations’’, a analysé Marut. Il est l’auteur d’un livre publié en 2010 aux éditions Khartala et intitulé ‘’Le conflit de Casamance. Ce que disent les armes’’.

La situation en Casamance semblait pourtant revenir à la normale depuis quelques années avec notamment un retour progressif de populations réfugiées en Guinée Bissau et en Gambie voisines, suite notamment à la signature, en 2004, d’un accord de paix entre l’Etat sénégalais et le MFDC.

Selon des analystes, le MFDC semble s’être désintégré en plusieurs entités rivales qui se disputent le leadership du mouvement, depuis le décès, en janvier 2007, de son leader historique, l’abbé Diamacoune Senghor.

Ces derniers ont, sous l’égide de leur secrétaire général Jean-Marie François Biagui, émis récemment le vœu de transformer cette organisation en parti politique. Le leadership de M. Biagui est contesté par certains membres du MFDC, qui n’ont pas participé aux ‘’états généraux du processus de paix en Casamance’’.

 

BK/OID

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