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Interview avec Bocar DIALLO, Président et Amara TOURE, Secrétaire général de la F édération des Etudiants et Stagiaires SEnégalais de France (FESSEF) :

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Terangaweb : La FESSEF n’est pas qu’une simple association mais plutôt une fédération d’associations. Pouvez-vous nous présenter votre structure et le sens de votre démarche ?

 

B. DIALLO, A. TOURE: La FESSEF a été créée le 31 janvier 2009 à Lyon et constitue un regroupement d’associations d’étudiants et de stagiaires Sénégalais en France. La FESSEF s’appuie en effet sur un réseau d’une trentaine d’associations étudiantes sénégalaises sur l’étendue du territoire Français. Notre action est axée sur la promotion et la garantie de la défense des intérêts collectifs des étudiants auprès des organisations concernées.

 

Le sens de notre démarche se définit par la volonté de mettre en place une structure capable de prendre en charge l’ensemble des préoccupations et demandes des étudiants concernant leurs conditions de vie en France et leur insertion professionnelle. Cela se fait par la préparation de leur accueil, la mise en place d’un cadre favorable à une intégration rapide dans le tissu estudiantin et l’accompagnement pour un meilleur épanouissement académique. Notre approche est basée sur des analyses de situations, suivies de réflexions, avant propositions de solutions et voies d’améliorations. Nous essayons aussi de mutualiser de bonnes pratiques et des échanges d’idées sur des sujets et projets communs aux associations membres du réseau de la FESSEF.

 

Terangaweb : Quels sont vos principaux champs d’action ?

B. DIALLO, A. TOURE : Nos champs d’actions reposent sur les trois volets que reflètent les commissions suivantes :

 

La commission Vie Etudiante, chargée de recenser les besoins quotidiens des étudiants sénégalais à savoir le logement, l’intégration et l’insertion sociale. L’objectif est de mettre à la disposition des associations étudiantes locales les meilleurs outils d’informations et les solutions qui permettront de parer aux difficultés des étudiants.

 

La commission Insertion Professionnelle, qui met en place et développe des partenariats avec les structures publiques et privées qui s’occupent des questions de l’insertion professionnelle des étudiants. Cette commission travaille aussi sur un projet d’organisation de forum, de colloques et de conférences dont les thèmes sont axés sur l’insertion professionnelle.

 

La commission Partenariats, communication et relation avec les institutions, en charge des relations publiques de la FESSEF et de sa visibilité dans les réseaux d’étudiants. Elle travaille aussi à intéresser les différentes institutions (au niveau de la France et du Sénégal) aux activités de nos associations et à nos préoccupations.

Terangaweb : Beaucoup de jeunes lycéens font face à des difficultés d’accès à l’information en ce qui concerne les études supérieures en France. Quelles sont vos initiatives pour mieux les aider dans leurs démarches ?

B. DIALLO, A. TOURE : Notre principale réponse demeure la sensibilisation en amont. Campus France a créé une mission pour mettre l’accent sur l’importance des informations dont doivent disposer les lycéens qui voudront poursuivre leurs études en France. Mais cela devra être renforcé davantage, vu le manque considérable d’informations sur les orientations à prendre pour ces jeunes lycéens.

 

A cet effet,  la FESSEF (associée à NJACCAAR Visionnaire et CRI) vient d’élaborer une plaquette comportant des informations concises sur les démarches à entreprendre auprès de Campus France et mettant aussi l’accent sur l’importance du choix de la filière. D’ailleurs, nous comptons faire une très large diffusion de cette plaquette auprès des lycéens sénégalais.

 

Nous sommes aussi en train de mener une campagne de sensibilisation sur les réalités de la vie étudiante en France. La situation des étudiants devient de plus en plus difficile avec certaines réglementations entrées en vigueur, notamment la circulaire du 31 mai 2011, « traitant des changements de statut-étudiant vers statutsalarié des diplômés de nationalité étrangère », et l’arrêté du 08 septembre 2011, « relatif à la hausse des ressources financières requises pour l’obtention d’un titre de séjour-étudiant ».

 

Terangaweb : À ce propos, le cadre réglementaire concernant les étudiants étrangers en France s’est durci dernièrement avec les dispositions réglementaires que vous venez d’évoquer. Quelle est l’analyse que vous faites de cette situation ?

B. DIALLO, A. TOURE : La complication vient du fait que la France est en train de mener une politique pour faire face aux problèmes de l’emploi des jeunes. Cela se répercute par des mesures qui privilégient les jeunes diplômés « français » au détriment des étudiants étrangers.

 

Nous pensons qu’il est utile que les pays d’origine des étudiants étrangers mettent en place une politique incitative et davantage d’initiatives pour l’insertion professionnelle des jeunes diplômés à la sortie des écoles et universités françaises. Nous proposons concrètement à nos autorités de tutelle de créer une rencontre entre les diplômés, l’Etat, les partenaires privés et le Mouvement des entreprises du Sénégal (MDES), en collaboration avec la FESSEF en vue de l’organisation d’un forum. Cette rencontre permettra d’envisager des solutions aux difficultés de l’insertion en France. Nous allons essayer d’impliquer davantage l’Etat sur le défi de l’insertion et d’autres questions majeures  de cet ordre puisque la situation des étudiants étrangers en France devient de plus en plus compliquée.

 

Par ailleurs, il revient encore à l’ordre du jour la question sur l’enjeu que comporte la cooptation de ses diplômés (pour le Sénégal), et par ricochet la limitation de la fuite des cerveaux. Des éléments qui méritent des pistes de réflexion dans la contribution au développement économique du pays.

 

Terangaweb : En dépit des critiques qu’on peut avoir, cette circulaire met aussi les étudiants et jeunes professionnels africains de France en confrontation avec la  question du retour dans leur pays d’origine qui se caractérisent souvent par des difficultés d’insertion professionnelle et des situations politico-économiques instables. Quel est le regard que vous portez sur l’évolution politique et économique du Sénégal ? N’y a-t-il pas lieu d’encourager les étudiants à rentrer au Sénégal pour contribuer au développement de leur pays, et plus généralement à l’émergence de l’Afrique ?

B. DIALLO, A. TOURE : Le Sénégal est effectivement confronté à un phénomène de chômage massif des jeunes auquel l’Etat doit faire face et le fait d’envisager « ce retour au bercail » se heurte à une appréhension sur la réalité et la précarité de l’insertion professionnelle. A cela s’ajoute malheureusement un manque de visibilité sur une éventuelle politique d’incitation au retour mis en place par l’Etat pour les diplômés sénégalais expatriés. Notamment, Il faut plus de sensibilisation sur les créneaux en matière de création d’entreprise, d’offres d’emplois des entreprises multinationale ayant des filières au Sénégal et dans la sous-région, des possibilités que propose la fonction publique, le mouvement des entreprises du Sénégal, etc.…

 

Il ne faut pas non plus négliger l’existence, au Sénégal et dans la sous région, de très bonnes écoles qui proposent des formations de qualité en phase avec les réalités et besoins de l’Afrique en général, du Sénégal en particulier. La contribution à l’essor de notre pays ou de l’Afrique devrait donc tout aussi bien provenir de l’intérieur du continent.

 

Pour clore, nous dirons que : « Garder la conviction et l’esprit panafricaniste en tenant compte des réalités d’où l’on vient pourraient être la philosophie salvatrice de nos jeunes diplômés pour retourner s’investir au Sénégal et plus généralement en Afrique »

 

Interview réalisée par Nicolas Simel

« Interview initialement parue sur www.terangaweb.com »

 

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