Les promesses de campagne n’engagent que ceux qui y croient.Le président Wade qui avait fait de l’emploi des jeunes un thème de campagne a fait machine arrière.Pour lui, en effet, le travail pour tous n’est pas dans l’ordre du possible.
Le président de la République revient sur ses promesses : il ne peut pas trouver un emploi à chaque Sénégalais. Avant-hier, lors de la rentrée solennelle des Cours et Tribunaux, Abdoulaye Wade a été on ne peut plus clair : ’En politique, on peut dire qu’on va donner du travail à tout le monde, mais dans la pratique, je n’ai pas vu un seul pays au monde donner des emplois à tous (sic). Même au temps de l’Union soviétique, le plein emploi ne voulait pas dire emploi pour tous’, déclare le chef de l’Etat. Qui rappelle, néanmoins, qu’il a mis sur pied de nombreuses agences pour faciliter l’emploi des jeunes.
Pourtant, l’emploi pour tous était son slogan de campagne pendant l’élection présidentielle de 2000. A cette époque, il promettait, une fois élu, l’emploi à tous les jeunes sans travail à qui il demandait de lever la main. Maintenant, confronté à la réalité de l’exercice du pouvoir, Wade change de discours : il admet qu’il n’est pas en mesure de tenir sa promesse.
D’autre part, le président Wade a déclaré la guerre aux enseignants ‘bûcherons’ qui exercent dans le public et dans le privé. Il considère ce cumul comme une faute professionnelle. ‘Les enseignants du public qui vont dispenser des cours dans les établissements privés commettent une faute professionnelle, car ils le font contre le respect du droit des élèves à une éducation de qualité’, déclare le chef de l’Etat. Abdoulaye Wade répondait ainsi à Alioune Niokhor Diouf, le président du tribunal départemental de Thiès. Ce dernier, qui faisait le discours d’usage de rentrée solennelle des Cours et Tribunaux dont le thème est : ‘La liberté du travail’, s’insurge en effet, contre le cumul d’emplois dans les collectivités publiques. ‘Nous estimons qu’il est du devoir de l’Etat de s’engager à lutter plus efficacement contre le cumul d’emplois, surtout dans la fonction publique étatique, locale et élective’, déclare Alioune Niokhor Diouf. Le président du tribunal départemental de Thiès de conclure en ces termes : ‘Il n’est point besoin de longs développements pour asseoir le fait que le concentré de plusieurs emplois entre les mains d’un seul citoyen, outre le fait qu’il malmène l’obligation de servir et de bien servir et qu’il viole le principe qui veut que nul ne puisse être rémunéré plusieurs fois, compromet gravement la liberté du travail, en ce qu’il réduit les chances d’accès à l’emploi d’autres citoyens’.
Charles Gaïky DIENE