Il est déjà capé de trois Can.Souleymane Diawara a joué les Can 2004, 2006 et 2008.En 2012, le teigneux défenseur central de l’Olympique de Marseille va pour prendre part à sa quatrième Can.Une compétition qu’il voudrait remporter pour ‘avoir quelque chose’ qui va le ‘marquer dans sa vie’.Plus qu’une ambition, il en rêve. Mais, en tant que joueur expérimenté, il refuse de se laisser aller dans des déclarations d’intention. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, hier, il indique la voie à suivre pour revenir de la Guinée Equatoriale et du Gabon avec le trophée continental que le Sénégal n’a encore jamais remporté.Entretien…
Wal Fadjri : Avant d’aborder la Can 2012, qui va démarrer le 21 janvier prochain, en Guinée Equatoriale et au Gabon, vous avez déjà vécu les Can de 2004, 2006 et 2008. Qu’est-ce qui pourrait faire, selon vous, la différence pour que le Sénégal atteigne l’objectif assigné : c’est-à-dire, atteindre les demi-finales, voire remporter le trophée ?
Souleymane DIAWARA : Si on a la chance de soulever ce trophée, à la fin de cette compétition, ce serait vraiment super. C’est même quelque chose qui va me marquer à vie. Je peux même avancer, d’emblée, qu’il n’y a que ça qui puisse me marquer à vie, à l’issue de cette compétition.
Comment atteindre cet objectif ?
Il faut tout d’abord refuser de se prendre la tête, en pensant qu’on est meilleur que toutes les autres équipes. Notre objectif premier, ce n’est pas de dire qu’on va à cette Can pour gagner la coupe. Non. Il faut d’abord chercher à se qualifier au second tour. C’est-à-dire, dépasser l’étape des matches de poule pour aller de l’avant. Et, pour atteindre cet objectif, il faut refuser de s’enflammer. Il faut faire fi des déclarations d’intention pour bien garder la tête entre les épaules. Il faut refuser de se limiter à dire qu’on a une bonne équipe, un bon groupe qui fait nourrir l’espoir de passer le premier tour, voire gagner la coupe. Non. Il faut plutôt rester concentrer pour engager les échéances match par match. On va prendre part à une compétition où toutes les équipes qualifiées visent le même objectif : gagner le trophée mis en jeu. Il faut alors aller à cette Can en ayant du respect pour tous les adversaires.
Vous semblez emprunter un langage de prudence. Si oui, pourquoi ?
Il faut éviter de dire qu’on va à la Can pour gagner la coupe. En 2008, on avait une équipe qui avait bien les moyens de gagner la coupe. Sur le papier, on avait une bonne équipe à Tamalé. Avant le démarrage de cette compétition, on criait partout qu’on allait gagner la Can. A l’arrivée, paf, on a été éliminé au premier tour. Ce fut la surprise générale, la déception. C’est pourquoi, j’insiste à dire qu’il faut refuser de se dire qu’on va à cette Can pour gagner la coupe. Il faut garder une certaine humilité, parce que ce ne sont pas les déclarations d’intention qui font gagner une coupe.
En 2008, à la Can du Ghana, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
(Il n’hésite pas). L’état d’esprit du coach Henri Kasperczak qui nous avait lâché en plein naufrage. Il était inadmissible pour moi de voir le capitaine à bord abandonner le bateau qui était en train de couler. C’était la première fois de ma vie de voir un entraîneur qui lâche ainsi son équipe en plein dans des difficultés. Franchement, ce lâchage du coach Kasperczak m’a franchement marqué. En plus, le fait qu’on soit aussi éliminé au premier tour, alors qu’on avait une équipe qui pouvait remporter le trophée, m’a aussi fait très mal.
‘Ce ne sont pas les déclarations d’intention qui font gagner une coupe’
Aujourd’hui, en tant que joueur cadre, sentez-vous une certaine différence dans la gestion de la ’tanière’ ?
Oui. Une très grande différence même. Il n’y a rien de pareille dans le management des hommes. Ici, tout le monde tire dans le même sens. Personne ne pense à sa gueule. Dans cette équipe, tout le monde veut le bien de l’autre. Ce qui fait qu’il y a une très bonne ambiance dans le groupe. Depuis qu’Amara Traoré a pris cette équipe, de par son style, il a invité les anciens comme nous à encadrer les jeunes. Et, on a la chance d’être bien écouté. C’est ce qui forge l’état d’esprit de notre groupe. Où tout le monde cherche à tirer dans la même direction. Personne ne se prend la tête. Ça rigole à tout va. Quand il y a une bonne ambiance dans un groupe, ça s’affiche sur le terrain. C’est ce qui explique, en partie, le secret de notre réussite.
En jetant un coup d’œil dans le rétroviseur, voulez-vous dire que vous n’avez jamais vécu cette bonne ambiance dans la ‘tanière’ ?
Non. En 2006, on avait cette même ambiance dans le groupe. A la Can 2006, en Egypte, il y avait une bonne ambiance et une bonne dynamique de groupe. On était dans une bonne lancée pour gagner la coupe. Malheureusement, en demi-finale, on a croisé le pays organisateur, l’Egypte. Je pense que tout le monde se rappelle encore de cet ‘arbitrage maison’ qui nous a éliminé de la course à l’étape de la demi-finale.
Pour parler maintenant de votre club, l’Olympique de Marseille, ne pensez-vous pas que votre départ pour la Can pourrait engendrer des conséquences néfastes à la courbe ascendante de l’équipe ?
Non, je ne le pense réellement pas. Parce qu’il y a de bons joueurs là-bas qui peuvent bien tenir. Il y a une rude concurrence à Marseille. Il faut se battre pour gagner sa place de titulaire. Moi, j’ai pris la décision de partir à la Can. A mon absence, il appartient au coach de mettre en place une équipe qui permettra de garder la même dynamique de performance. A mon retour, c’est à moi de me battre pour regagner ma place de titulaire.
‘Dans cette équipe, tout le monde veut le bien de l’autre. Ce qui fait qu’il y a une très bonne ambiance dans le groupe.’
Quelle appréciation faites-vous du retour annoncé de Brandao ?
Positif. J’en suis même très ravi. Parce que, Brandao est un joueur que j’apprécie très bien. C’est un joueur que j’aime bien et que j’ai toujours bien apprécié. On a toujours bien rigolé ensemble. Je ne peux, alors, que me réjouir de son retour à Marseille. Comme il était en prêt, maintenant il revient chez nous. Ça ne peut être que bénéfique pour nous.
Comment avez-vous vécu le climat de froid qu’il y a entre votre coach, Didier Deschamps et votre Directeur sportif, José Anigo ?
On ne s’est franchement pas occupé de ça. Ce n’est pas notre problème. L’équipe traversait une situation difficile. On était mal classé. Par conséquent, notre préoccupation, c’était de gagner les matches pour sortir de cette situation difficile. On ne pouvait alors pas s’occuper des problèmes de grandes personnes qui peuvent bien régler leur différend. Aucun joueur ne s’est mêlé de ce problème.
Du football, on glisse dans la politique, si vous le permettez. Suivez-vous l’actualité politique du Sénégal ?
Non.
‘Il faut éviter à créer une situation d’émeute que notre pays, le Sénégal, n’a jamais connue. J’invite les gens à tirer dans la même direction pour développer notre pays. Et c’est seulement dans une situation de paix et de sérénité qu’on peut faire avancer et développer notre pays. Par conséquent, je souhaite qu’on aille vers des élections calmes et paisibles’.
Vous ne savez pas qu’il y a l’élection présidentielle qui profile à l’horizon ?
Là, oui. Je sais bien qu’il y aura les élections présidentielles, en 2012, en France et au Sénégal. Mais, j’avoue que je ne connais rien de la politique. Je ne suis pas la politique. Je ne veux pas te mentir. Et, surtout, je ne voudrai pas que les Sénégalais disent que c’est Souleymane Diawara qui a encore dit ça.
Mais, en tant que joueur cadre de la sélection nationale, vous pouvez bien jouer un rôle qui consisterait à inviter les gens à aller à des élections calmes et paisibles.
Sur ce point, oui. Je me permettrai bien sûr de lancer un appel à la sérénité et au calme. Je pense avoir entendu qu’il y a eu des émeutes, je pense que c’était le 23 juin dernier. Il faut éviter des situations de ce genre. Parce qu’elles ne profitent à personne. Il faut éviter à créer une situation d’émeute que notre pays, le Sénégal, n’a jamais connue. J’invite les gens à tirer dans la même direction pour développer notre pays. Et c’est seulement dans une situation de paix et de sérénité qu’on peut faire avancer et développer notre pays. Par conséquent, je souhaite qu’on aille vers des élections calmes et paisibles.