L’ancien Directeur général des Industries chimiques du Sénégal (Ics), n’a pas de soucis pour sa caution. Djibril Ngom va mobiliser ses 65 millions par la grâce de son salaire de 20 millions par mois qu’il percevait à la tête de la société. Dans ce dernier jet de l’entretien qu’il a accordé au journal Le Quotidien, le candidat déclaré exclut toute alliance avec le candidat Abdoulaye Wade. Pour Niasse, Tanor, Idy, il préfère répondre qu’il est candidat comme eux.
Djibril Ngom, votre candidature n’est-elle pas une candidature de frustration ?
Pas du tout. Je ne suis pas un homme frustré. Je suis bien équilibré. Je n’en veux à personne. Je crois que je peux apporter quelque chose au Sénégal. Et c’est cela qui motive ma candidature.
Le champ des prétendants est large, n’est-t-il pas plus sage de vous allier avec une figure plus connue, que de vous lancer dans une aventure ?
Non ce n’est pas une aventure. Vous me dites d’aller vers une figure. Laquelle ? Ils sont là. Les uns bien connus ; les autres moins bien. Je pense que les gens se trompent en disant que je ne suis pas connu. Parce que ce sont ces gens-là qui passent leur temps à la radio, dans les journaux et les télés. Ce sont des stratégies de communication, mais pas la mienne. Moi, ma stratégie de communication, c’est d’aller vers le peuple, vers la base. C’est ce que je fais depuis près de six mois. Sans crier, sans dire que je suis candidat. Tout simplement parce que j’ai des bases. Je vous le dis très franchement : il y aura beaucoup de surprises.
Vous avez des bases où ?
J’ai des bases à Pikine, à l’intérieur du Sénégal, en Casamance à Fatick, à Kaolack ; partout au Sénégal. J’ai travaillé avec ma méthode qui n’est pas celle qui est connue, c’est-à-dire des gens qui sont suivis par d’autres et on en parle.
Avez-vous déjà les dix mille signatures pour être candidat ?
J’ai ma stratégie à ce niveau.
Quand est-ce que vous allez déposer votre candidature ?
Très bientôt.
Est-ce que vous avez été approché par les autres candidats depuis que vous avez décidé de briguer le suffrage des Sénégalais ?
Oui il y a des candidats.
Qui sont-ils ?
Il y a beaucoup de candidats. Mais il y a des choses qu’on ne révèle pas. Permettez-moi de ne pas révéler certains secrets.
Est-ce que ce sont des gens de l’opposition ?
Vous savez, j’ai beaucoup d’amis dans l’opposition parce que nous nous connaissons depuis longtemps. Pour les uns, nous avons été dans le même gouvernement. Pour les autres, par le passé, on a été des amis. Donc, nous nous connaissons tous. Vous savez, le monde politique sénégalais, ce sont des gens qui se côtoient. Ils se connaissent.
Votre candidature ne serait-elle pas une sorte d’appel du pied pour dire à Abdoulaye : «Je suis là»?
Non. Abdoulaye Wade on s’est vus la dernière fois en 2004. Il n’a jamais demandé à me rencontrer. Je n’ai jamais demandé à le rencontrer.
Maintenant, vous allez marcher sur la même ligne de départ. Il peut vous appeler pour vous dire : «Djibril, il faut me soutenir ?»
Après le 26 février, quand on fera la passation entre lui et moi.
Vous êtes candidat, mais est-ce qu’il y a possibilité de rejoindre une des coalitions : Niasse, Tanor, Idy ou Macky ?
(Catégorique) Non.
Vous l’excluez ?
Ce n’est pas une question d’exclusion. Je suis candidat tout comme ils le sont.
Parlons de la caution. Avez-vous mobilisé vos 65 millions ?
Vous savez que je peux avoir 65 millions pour la simple raison que je gagnais plus de 20 millions de francs par mois.
Est-ce que les 65 millions sont une fortune personnelle ?
(Affirmatif avec un hochement de tête) Une fortune personnelle.
Vous gagniez ça où ?
Aux Ics.
C’est normal ça ?
C’est plus que normal. Voilà la raison pour laquelle lorsqu’on m’a donné mon premier salaire, je l’ai divisé par deux et j’ai donné une partie à mes collaborateurs. Ils le savent.
C’est énorme. Donc, n’est-ce pas pour cette raison que vous avez refusé de démissionner de la tête des Ics ?
Ce ne sont pas les 20 millions qui m’ont poussé à ne pas démissionner parce que je pense tout simplement que l’expérience et la compétence vont me permettre quand même de travailler et de bien gagner ma vie. Mais je le dis encore une fois, pourquoi je n’ai pas démissionné ? (…)
20 millions, une raison de plus pour refuser un poste de ministre non ?
Non. Ce n’est pas une raison de plus parce que vous savez, ce qui m’intéressais, ce n’était pas le salaire. Je vous le répète encore. Ce qui m’intéressait, c’était de créer les conditions de sortie de crise de la société. 20 millions, je peux gagner cela ailleurs, ça je vous le dis. Les 20 millions, je ne suis pas arrivé à cela, c’était par étape. Les 20 millions, ce n’est pas ce qui est important mais plutôt la société et ce qu’elle représente dans le pays. Il ne fallait pas déstabiliser une société aussi importante qui a une influence sur la croissance économique.
Est-ce que ce n’est pas votre bourse de 20 millions qui a quelque part déstabilisé cette société…
Pas du tout ! Vous savez mieux que moi ce qui a fait plonger la société, ce sont les contrats qui ont été signés après mon départ et qui ont fait bloquer la société pendant six mois.
Les problèmes du Sénégal sont apparemment pour vous plus d’ordre économique que social. Est-ce la rupture que vous comptez apporter ?
Non. Quand je parle de rupture, je parle encore de relation entre les gouvernants et les gouvernés. Je crois que la gestion actuelle est très éloignée des Sénégalais, de leurs préoccupations. D’ailleurs, je disais souvent en boutade que le prochain président de la République va voyager beaucoup, mais il va voyager plus à l’intérieur du pays. Pour tâter le pouls des Sénégalais. Le Président Wade le faisait quelquefois, il faisait des «tournés économiques», il l’appelait comme ça mais en ce moment, c’étaient des tournées économiques associées parce qu’il faut aller voir la société sénégalaise : Comment on vit à l’intérieur du Sénégal ? Quels sont les problèmes ? Souvent, je dis que les Sénégalais cernent bien le problème, ils connaissent à peu près 88% de leurs problèmes, mais ils ont 90% de solutions. C’est pourquoi il faut une méthode et, peut-être, des moyens pour réaliser leurs objectifs. Donc en termes de gestion, il faut être très proche des populations. La deuxième chose qui est importante, c’est la relation entre les trois pouvoirs : exécutif, judiciaire et législatif. C’est pourquoi je propose qu’il y ait un Haut conseil de la justice à la place du Conseil supérieur de la magistrature pour une simple raison : on ne peut pas être au pouvoir et en même temps être à la tête du Conseil supérieur de la magistrature. Un pouvoir ne peut pas présider un autre pouvoir parce qu’il faut que les pouvoirs puissent marcher en parallèle, sans se toucher. Cela veut dire qu’il y a une répercussion même au niveau gouvernemental. Le ministère de la Justice comme celui chargé des Relations avec le Parlement sera un ministère chargé des Relations avec la justice. Mais le Conseil supérieur de la magistrature devenant Haut conseil de la justice est une structure qui intègre aussi plus que les magistrats, les citoyens sénégalais. Parce que la Justice, c’est avant tout pour le citoyen, pour le Sénégalais. Donc au niveau institutionnel, je vais proposer une réforme avec ces grandes lignes que je viens de citer. Mais c’est aux Sénégalais de décider, naturellement, de faire en sorte que les trois pouvoirs puissent aller ensemble. Pour moi, c’est un débat institutionnel très important. Ce ne sont pas seulement les problèmes économiques ; mais qu’on le veuille ou non, quand vous voulez résoudre des problèmes, en tant que Sénégalais, il vous faut des revenus. Il faut mettre en place des mécanismes pour avoir plus d’activités génératrices de revenus. Plus d’emplois aussi pour les jeunes, mais en insistant sur les jeunes pour mettre fin aux agressions par exemple. Je vous avoue que quelqu’un qui travaille n’a pas le temps d’aller agresser.
Etes-vous de ceux qui pensent que le débat sur la validité de la candidature de Wade n’a pas lieu d’être ?
Non. Un jour d’ailleurs quelqu’un m’a parlé de ça, je lui ai dit qu’on le laisse avec sa conscience. Il a dit lui-même qu’il ne peut pas être candidat. Voilà quelqu’un qui, selon ses humeurs du moment, interprète à sa manière la Constitution qu’il a aidé à élaborer. Cette fois-ci, il dit : «Je ne peux pas être candidat», aujourd’hui il dit : «Je suis candidat parce que c’est la Constitution qui le dit.» Le wax waxeet est connu quand même (dire et se dédire).
Il a dit dans l’interview qu’il a accordée à Rfi et à France 24, que si le Conseil constitutionnel invalidait sa candidature il l’accepterait. Vous le croyez ?
Vous le croyez-vous ? (Un silence). Nous sommes des Sénégalais ; c’est à battons rompus non ?
On vous pose la question ?
C’est que je voudrais savoir, parce que c’est la manière dont vous avez posé la question. Vous ne le voyez pas avec un sourire tel qu’il n’y croit pas comme moi.
Répondez quand même à la question ?
Je vous ai dit que je n’y crois pas comme vous.
Donc, vous n’y croyez pas ?
Non pas du tout.
Fin
[email protected] – [email protected] – [email protected]
Djibril Ngom, votre candidature n’est-elle pas une candidature de frustration ?
Pas du tout. Je ne suis pas un homme frustré. Je suis bien équilibré. Je n’en veux à personne. Je crois que je peux apporter quelque chose au Sénégal. Et c’est cela qui motive ma candidature.
Le champ des prétendants est large, n’est-t-il pas plus sage de vous allier avec une figure plus connue, que de vous lancer dans une aventure ?
Non ce n’est pas une aventure. Vous me dites d’aller vers une figure. Laquelle ? Ils sont là. Les uns bien connus ; les autres moins bien. Je pense que les gens se trompent en disant que je ne suis pas connu. Parce que ce sont ces gens-là qui passent leur temps à la radio, dans les journaux et les télés. Ce sont des stratégies de communication, mais pas la mienne. Moi, ma stratégie de communication, c’est d’aller vers le peuple, vers la base. C’est ce que je fais depuis près de six mois. Sans crier, sans dire que je suis candidat. Tout simplement parce que j’ai des bases. Je vous le dis très franchement : il y aura beaucoup de surprises.
Vous avez des bases où ?
J’ai des bases à Pikine, à l’intérieur du Sénégal, en Casamance à Fatick, à Kaolack ; partout au Sénégal. J’ai travaillé avec ma méthode qui n’est pas celle qui est connue, c’est-à-dire des gens qui sont suivis par d’autres et on en parle.
Avez-vous déjà les dix mille signatures pour être candidat ?
J’ai ma stratégie à ce niveau.
Quand est-ce que vous allez déposer votre candidature ?
Très bientôt.
Est-ce que vous avez été approché par les autres candidats depuis que vous avez décidé de briguer le suffrage des Sénégalais ?
Oui il y a des candidats.
Qui sont-ils ?
Il y a beaucoup de candidats. Mais il y a des choses qu’on ne révèle pas. Permettez-moi de ne pas révéler certains secrets.
Est-ce que ce sont des gens de l’opposition ?
Vous savez, j’ai beaucoup d’amis dans l’opposition parce que nous nous connaissons depuis longtemps. Pour les uns, nous avons été dans le même gouvernement. Pour les autres, par le passé, on a été des amis. Donc, nous nous connaissons tous. Vous savez, le monde politique sénégalais, ce sont des gens qui se côtoient. Ils se connaissent.
Votre candidature ne serait-elle pas une sorte d’appel du pied pour dire à Abdoulaye : «Je suis là»?
Non. Abdoulaye Wade on s’est vus la dernière fois en 2004. Il n’a jamais demandé à me rencontrer. Je n’ai jamais demandé à le rencontrer.
Maintenant, vous allez marcher sur la même ligne de départ. Il peut vous appeler pour vous dire : «Djibril, il faut me soutenir ?»
Après le 26 février, quand on fera la passation entre lui et moi.
Vous êtes candidat, mais est-ce qu’il y a possibilité de rejoindre une des coalitions : Niasse, Tanor, Idy ou Macky ?
(Catégorique) Non.
Vous l’excluez ?
Ce n’est pas une question d’exclusion. Je suis candidat tout comme ils le sont.
Parlons de la caution. Avez-vous mobilisé vos 65 millions ?
Vous savez que je peux avoir 65 millions pour la simple raison que je gagnais plus de 20 millions de francs par mois.
Est-ce que les 65 millions sont une fortune personnelle ?
(Affirmatif avec un hochement de tête) Une fortune personnelle.
Vous gagniez ça où ?
Aux Ics.
C’est normal ça ?
C’est plus que normal. Voilà la raison pour laquelle lorsqu’on m’a donné mon premier salaire, je l’ai divisé par deux et j’ai donné une partie à mes collaborateurs. Ils le savent.
C’est énorme. Donc, n’est-ce pas pour cette raison que vous avez refusé de démissionner de la tête des Ics ?
Ce ne sont pas les 20 millions qui m’ont poussé à ne pas démissionner parce que je pense tout simplement que l’expérience et la compétence vont me permettre quand même de travailler et de bien gagner ma vie. Mais je le dis encore une fois, pourquoi je n’ai pas démissionné ? (…)
20 millions, une raison de plus pour refuser un poste de ministre non ?
Non. Ce n’est pas une raison de plus parce que vous savez, ce qui m’intéressais, ce n’était pas le salaire. Je vous le répète encore. Ce qui m’intéressait, c’était de créer les conditions de sortie de crise de la société. 20 millions, je peux gagner cela ailleurs, ça je vous le dis. Les 20 millions, je ne suis pas arrivé à cela, c’était par étape. Les 20 millions, ce n’est pas ce qui est important mais plutôt la société et ce qu’elle représente dans le pays. Il ne fallait pas déstabiliser une société aussi importante qui a une influence sur la croissance économique.
Est-ce que ce n’est pas votre bourse de 20 millions qui a quelque part déstabilisé cette société…
Pas du tout ! Vous savez mieux que moi ce qui a fait plonger la société, ce sont les contrats qui ont été signés après mon départ et qui ont fait bloquer la société pendant six mois.
Les problèmes du Sénégal sont apparemment pour vous plus d’ordre économique que social. Est-ce la rupture que vous comptez apporter ?
Non. Quand je parle de rupture, je parle encore de relation entre les gouvernants et les gouvernés. Je crois que la gestion actuelle est très éloignée des Sénégalais, de leurs préoccupations. D’ailleurs, je disais souvent en boutade que le prochain président de la République va voyager beaucoup, mais il va voyager plus à l’intérieur du pays. Pour tâter le pouls des Sénégalais. Le Président Wade le faisait quelquefois, il faisait des «tournés économiques», il l’appelait comme ça mais en ce moment, c’étaient des tournées économiques associées parce qu’il faut aller voir la société sénégalaise : Comment on vit à l’intérieur du Sénégal ? Quels sont les problèmes ? Souvent, je dis que les Sénégalais cernent bien le problème, ils connaissent à peu près 88% de leurs problèmes, mais ils ont 90% de solutions. C’est pourquoi il faut une méthode et, peut-être, des moyens pour réaliser leurs objectifs. Donc en termes de gestion, il faut être très proche des populations. La deuxième chose qui est importante, c’est la relation entre les trois pouvoirs : exécutif, judiciaire et législatif. C’est pourquoi je propose qu’il y ait un Haut conseil de la justice à la place du Conseil supérieur de la magistrature pour une simple raison : on ne peut pas être au pouvoir et en même temps être à la tête du Conseil supérieur de la magistrature. Un pouvoir ne peut pas présider un autre pouvoir parce qu’il faut que les pouvoirs puissent marcher en parallèle, sans se toucher. Cela veut dire qu’il y a une répercussion même au niveau gouvernemental. Le ministère de la Justice comme celui chargé des Relations avec le Parlement sera un ministère chargé des Relations avec la justice. Mais le Conseil supérieur de la magistrature devenant Haut conseil de la justice est une structure qui intègre aussi plus que les magistrats, les citoyens sénégalais. Parce que la Justice, c’est avant tout pour le citoyen, pour le Sénégalais. Donc au niveau institutionnel, je vais proposer une réforme avec ces grandes lignes que je viens de citer. Mais c’est aux Sénégalais de décider, naturellement, de faire en sorte que les trois pouvoirs puissent aller ensemble. Pour moi, c’est un débat institutionnel très important. Ce ne sont pas seulement les problèmes économiques ; mais qu’on le veuille ou non, quand vous voulez résoudre des problèmes, en tant que Sénégalais, il vous faut des revenus. Il faut mettre en place des mécanismes pour avoir plus d’activités génératrices de revenus. Plus d’emplois aussi pour les jeunes, mais en insistant sur les jeunes pour mettre fin aux agressions par exemple. Je vous avoue que quelqu’un qui travaille n’a pas le temps d’aller agresser.
Etes-vous de ceux qui pensent que le débat sur la validité de la candidature de Wade n’a pas lieu d’être ?
Non. Un jour d’ailleurs quelqu’un m’a parlé de ça, je lui ai dit qu’on le laisse avec sa conscience. Il a dit lui-même qu’il ne peut pas être candidat. Voilà quelqu’un qui, selon ses humeurs du moment, interprète à sa manière la Constitution qu’il a aidé à élaborer. Cette fois-ci, il dit : «Je ne peux pas être candidat», aujourd’hui il dit : «Je suis candidat parce que c’est la Constitution qui le dit.» Le wax waxeet est connu quand même (dire et se dédire).
Il a dit dans l’interview qu’il a accordée à Rfi et à France 24, que si le Conseil constitutionnel invalidait sa candidature il l’accepterait. Vous le croyez ?
Vous le croyez-vous ? (Un silence). Nous sommes des Sénégalais ; c’est à battons rompus non ?
On vous pose la question ?
C’est que je voudrais savoir, parce que c’est la manière dont vous avez posé la question. Vous ne le voyez pas avec un sourire tel qu’il n’y croit pas comme moi.
Répondez quand même à la question ?
Je vous ai dit que je n’y crois pas comme vous.
Donc, vous n’y croyez pas ?
Non pas du tout.