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Bourdes de Wade et de ses ministres : Les gaffes sont dans le contexte

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Le Quotidien rappelle quelques gaffes des autorités qui n’ont que le «le contexte» pour se tirer d’affaire. Mais cette façon de communiquer ne date pas d’aujourd’hui. A chaque fois que les politiques, les hommes au pouvoir notamment, se rendent compte de leurs gaffes, c’est la même rengaine.

C’est sans doute le mot que les politiques adorent le plus. Ils le vénèrent parfois pour se tirer d’affaire : «le contexte». Il est le sauveur, l’excuse, le pardon, la fuite en avant aussi. Même s’il disparaît, ils le retrouvent. Il est le remède à toutes les gaffes, toutes les bourdes, tous les écarts de langage. Le «le contexte», c’est le prétexte pour revenir sur ses propos, démentir une information, mettre au point ou repréciser la pensée. Du premier des Sénégalais, Abdoulaye Wade, en passant par ses ministres, la communication est ainsi faite que leurs dires sont «déformés», «mal interprétés», «mal compris», «sortis de leur contexte», etc.

SOULEYMANE NDENE
Le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye a tenté de le faire dans l’émission Et si on en parlait de la Tfm, pour rectifier la bourde selon laquelle si Me Wade est devenu Président, c’est grâce à Touba. «Le Président n’a jamais dit que c’est Touba qui l’a élu. Il a été élu par des électeurs répartis dans les 8 000 bureaux de vote. Quelque part, les gens ont déformé ses propos», a-t-il précisé. Et pourtant, le chef de l’Etat a bel et bien indiqué à la veille du magal 2012, ceci : «Je ne puis traiter Touba comme les autres capitales religieuses. Je ferai toujours la part belle à Touba qui m’a élu en 2000 et réélu en 2007.»

WADE ET JESUS
Galvanisé par ses troupes au Cices qui acclamaient son monument de la Renaissance, et agacé par la position radicale de certains imams qui ont soutenu que l’Islam interdit l’adoration de quelque statue que ce soit, le président de la République lâche : «Je disais à un chrétien – il va certainement m’entendre – que pour les musulmans, l’église, c’est pour prier Jésus. On prie Jésus dans les églises et tout le monde le sait ; mais ils n’ont jamais demandé qu’on casse les églises, ils n’ont jamais fait des objections, ils ne s’intéressent pas à ce que les gens font là-bas. Moi aussi, je ne me préoccupe pas de ce qu’ils font et c’est ça la tolérance.» Voilà qui sort le clergé de son silence. Wade envoie son fils Karim illico presto éteindre le feu. D’abord, ce sont des excuses au Cardinal Théodore Adrien Sarr. Puis, c’est le Président himself qui l’officialise et avoue à moitié sa «faute», dans son discours à la Nation. C’est encore pour dire : «Mon propos a été déformé, la phrase a été sortie de son contexte. Si la compréhension de mes propos a pu offenser certains membres de la communauté chrétienne, je suis le premier à le regretter.»

BECAYE ET SON WOLOF
Lorsque son rêve très profond lui a dicté, lors de la cérémonie officielle du magal 2011, la phrase très populaire, folklorique et slogan des amateurs de la lutte, le ministre de l’Intérieur de l’époque a laissé une vive polémique. «Il m’est difficile de parler car je sais que ce que je vais dire va déplaire à certains. Mais en vérité, Touba, affaire bi fii la (Touba, c’est la clé). Car Dieu a fait à Touba ce qu’Il n’a fait nulle part ailleurs. Yeené ko yoor, continélén (C’est vous qui détenez la clé, continuez comme ça).» Malgré les propos circonstanciés, le ministre revient et accuse la langue. Le porte-parole du chef de l’Etat, alors Bamba Ndiaye de le défendre : «Bécaye Diop n’est pas wolof. Il est difficile de s’exprimer dans une langue qui n’est pas sa langue maternelle. Il y a des subtilités linguistiques qui font qu’on peut facilement buter sur certains mots.» Pourtant, il a bien averti : «Ce que je vais dire va déplaire à certains.»

GUIRASSY ET SON TICKET
Lui est parfois surnommé le ministre (ou ex ?) des démentis, rectificatifs et mises au point. Il va plus loin parfois et n’hésite pas, même pour le ticket Président-Vice président, à appeler «à replacer le débat» dans «son contexte historique», et accuse les journalistes de «chercher à biaiser» la lecture qu’il faut à ce projet.

KHOUREYCHI ET SES GOUVERNEURS WADISTES
Il avait déclaré qu’il y a des gouverneurs wadistes. Un tollé des administrateurs civils, de la société civile et de l’opposition qui soupçonne un coup électoral en vue. Le ministre de l’Economie maritime a été obligé, le lendemain, de repréciser ses propos sur la Rfm. Quatre jours plus tard, ce sont «ses» cadres libéraux de Tambacounda qui soutiennent que les propos de ce responsable du parti au pouvoir ont été «mal interprétés. Il faut la (cette déclaration) recadrer et la remettre dans son contexte. C’est un épiphénomène, une question qui est banale».

CHEIKH TIDIANE SY ET SON «COUP D’ETAT»
Le ministre de la Justice a « inventé » un coup d’Etat à l’écran de la Rts, qui n’a jamais prospéré. 48 heures après ce « putsch » imaginaire, le porte-parole du gouvernement, Moustapha Guirassy monte au créneau et, en conférence de presse à l’américaine, dégaine : «(…) Aucun élément de l’enquête ne permet, aujourd’hui, de dire, avec certitude, qu’il s’est agi d’un complot ou d’une quelconque tentative de coup d’Etat». Le Garde des Sceaux n’a pas supporté cette énième gaffe gouvernementale. Il rend le tablier, Wade justifie son départ dans son décret, il revient.

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