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EVALUER LE PRIX ET MAITRISER LE CHOIX POUR CALIBRER LE SACRIFICE ! Par Mbacke Ndiaye Bruxelles

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Je trouve sincèrement très malsain de faire corps avec des choix à risques qui nous mettent, particulièrement, dans des situations inévitablement dégénératives et pratiquement apocalyptiques. En somme le choix calamiteux d’une logique d’affrontement propice à l’escalade de la violence, à la banalisation de la destruction et à la propagation de la désolation et de la mort.

Pour ces raisons je fais observer qu’il existe trois choses dans la vie dont nous sommes quasiment tous d’accord, bien que les sachant éphémères, qu’elles n’ont pas de prix. Elles sont dans un ordre d’acquisition, généralement, successif : la santé, la richesse et les honneurs. Cependant ni la santé, ni la fortune ni les honneurs ne peuvent nous être profitables sans un environnement paisible et stable.

Il peut arriver que des individus, des peuples ou des nations, fort servis par la providence détiennent, cumulativement à un moment ou à un autre et dans un cadre stable et paisible, ces trois faveurs mais j’avoue qu’ils sont fort peu nombreux. A l’inverse on peut aussi trouver d’autres individus, groupes ou Etats sensiblement plus importants et qui trainent le handicap d’être nés sous une bien mauvaise étoile et, de ce fait, ne détiennent aucun de ces trois éléments : ils ne forment pas, non plus, par la grâce du Seigneur, la majorité des « gens »,des pays ou des peuples de sorte que cette malédiction ou cette damnation reste, malgré tout, un cas rarissime.

Ces deux extrêmes concernant « la caste des privilégiés » et « la horde des damnés de la terre » seront donc exclus de mon propos.

La démarche que je m’apprête à emprunter concerne la moyenne des « gens », des peuples ou des Etats c’est à dire la situation que l’on rencontre le plus souvent et le plus couramment dans la vie de tous les jours. On peut jouir, en général, soit d’une ou de deux de ces faveurs et pourchasser à l’aide de ce que l’on détient la conquête de l’élément ou des éléments faisant défaut et dont l’absence entrave la possibilité d’une jouissance totale et complète du tiercé gagnant :

Que ne dépenseriez-vous pas toute votre fortune si vous étiez riche pour recouvrer une santé défaillante? (méditez le cas du milliardaire alité ou alors pensez à la courbe des dépenses et de la taille des budgets de santé dans les économies des pays nantis).

Que valent les honneurs si vos concitoyens, vos proches et ceux qui vous sont chers ne les vivent que par « ouïe dire » sans aucune incidence réelle dans l’éradication de leurs misères et la satisfaction de leurs revendications (pensez aux « taak’u hallaar », aux dictateurs, à la mauvaise gouvernance, aux délinquants sociaux, aux détournements des deniers publics, aux fuites organisées des capitaux nationaux et aux despotes sévissant dans les pays peu ou fort dotés par Dame nature : Ce sont des pays soit démographiquement jeune, soit envieusement regorgeant de ressources naturelles ou providentiellement gratifiés de leaders charismatiques, religieux soient-ils ou autres).

Que valent une jeunesse et une santé de fer si elles ne vous servent pas à amasser honneurs et richesses (méditez le cri de rage « Barça ou Barçaq » ou le grow-up d’une « grogne juvénile » tel que celui du mouvement « Y’en a marre » cette version sénégalaise de la tragédie d’une jeunesse désœuvrée, sous éduquée et mal formée mais toujours assoiffée de vie et de réussite fuyant les pays pauvres à démographies galopantes ou s’y débattant comme un poisson hors de l’eau ou tel des coqs étêtés, s’égosillant, à tue-tête dans des rassemblements monstres à caqueter, à l’unisson, comme des cacatoès en plein été).

On pourrait multiplier les combinaisons à volonté sans jamais trouver une solution rationnelle et satisfaisante à ce casse-tête ou dilemme existentiel.

La singularité de chaque situation appelle une réflexion profonde et un jugement de valeur qui ne peuvent être par définition que subjectifs.

Dans quel ordre de sacrifice mettrions-nous ces différents éléments ? Que ne sommes-nous pas prêts à sacrifier pour entrer en possession de ce qui nous fait si cruellement défaut ?

C’est un exercice périlleux et la clé de l’énigme n’est pas facilement à portée d’esprit du fait de la multitude des situations particulières, la complexité de la psychologie des peuples, des hommes et des intérêts particuliers ou stratégiques en jeu.

A cause de la complexification des approches et des intérêts partisans, notre Conseil Constitutionnel, par exemple, subit des pressions de toutes sortes et de tous ordres mais on ne lui fera pas faire autre chose que ce à quoi et ce pourquoi il a été institué c’est-à-dire : Dire le Droit.

C’est au Peuple, par l’institution d’élections (qui doivent être libres, transparentes et démocratiques), de se prendre en charge lui-même en exprimant clairement sa volonté souveraine soit par un « vote sanction » soit encore par un « vote adhésion ». Le conseil Constitutionnel ne fera pas ce travail à la place du Peuple. Chacun des membres de ce « Conseil », après avoir librement et consciencieusement délibéré conformément à la Loi et au Droit, ira comme chacun d’entre nous exprimer son choix personnel et civique dans les urnes républicaines. Qu’on arrête, alors, d’accabler inutilement le Conseil Constitutionnel ! Cette juridiction n’exerce qu’un « premier checking légal non décisif ne préjugeant en rien de l’issue de finale de l’élection » Il ne s’agit, en effet qu’un banal « contrôle de légalité ou de constitutionnalité » de la validité des candidatures sans aucune incidence sur la question politique ou sur l’identité du prochain vainqueur de la présidentielle. Le « double checking », qui lui est d’ordre politique et donc décisif, incombe au Peuple se déterminant librement sur les conduites ou les inconduites politiques coupables des uns ou des autres, sanctionnant ou plébiscitant souverainement tel ou tel autre candidat.

Une élection est toujours, en premier et dernier ressort, une « question politique » elle ne se règle que par la voie de « la délibération souveraine », précisément par l’expression de la volonté générale, populaire et souveraine.

Gardons bien à l’esprit que la démocratie sans un « esprit fair-play » des différents acteurs est porteuse de germes dégénératifs de l’Etat et de la société. Un mauvais perdant pyromane dans une élection serrée, pourrait parfaitement mettre le pays à feu et à sang.

D’autre part on pourrait aussi attirer l’attention sur le fait que la majeure partie des majorités issues des scrutins électoraux sont étriqués car bien souvent les adversaires sont à couteaux tirés et les marges sont relatives (51 à 57%) contre (49 à 43%) parfois même elles donnent lieu à des seconds tours. On comprend aisément la capacité d’un mauvais perdant à perturber l’ordre publique (imaginez 40 % d’une population électorale de 5 millions de votants c’est, mine de rien, 2 millions de mécontents lâchés dans les rues) A la vue de cette déferlante populaire scandant des slogans hostiles on pourrait douter de la légitimité du candidat pourtant victorieux à plus de 60 % des suffrages. Marge plus que confortable et pourtant !

Si nous poursuivons le raisonnement consistant de la part du vainqueur à appeler ses partisans à manifester pour consolider leurs votes cela abouti à opposer 60% de la population contre 40%. Cela mène inévitablement à la guerre civile dans les pays sous développés : le cas typique est celui de la Côte d’Ivoire notre riche voisin.

Ce risque potentielle nous impose la plus grande sagesse et nous amène à reconsidérer tous les actes que nous posons individuellement et collectivement.

De sorte que tous les acteurs doivent jurer fidélité aux institutions dont nous nous sommes librement dotés et qui sont les seuls arbitres du jeu démocratique dans notre pays. Ce ne sont pas les « observateurs » de l’Union Européenne et pas plus que ceux des Etats-Unis d’Amérique ou pas même ceux de quels qu’autres partenaires au développement qui décideront du sort de notre Peuple; chacun de nos partenaires pouvant avoir des motifs inavoués de déstabiliser un pilier démocratique et économique de la sous-région Ouest africaine. Ne perdons pas de vue que la crise sévit durement en Europe en ce moment et qu’une déstabilisation du Sénégal équivaudrait pratiquement à celle de toute la zone Franc CFA et donc fournirait un alibi sérieux et argument de taille pour décréter une nouvelle dévaluation de notre monnaie commune et soulagerait l’économie européenne durement asphyxiée par la récession.

Nous refusons de continuer à être considérés comme un peuple sous émancipé ou d’être traités en éternelles assistés dans tous les domaines au point d’y inclure la matière électorale et démocratique !

C’est, donc, à la mesure de notre comportement vis-à-vis de la décision des juges du Conseil Constitutionnel que l’on prouvera au monde notre maturité démocratique, que l’on jugera de la solidité et de la santé de notre jeune démocratie et qu’on éviterait surtout une ruine économique et sociale aux aguets. à l’orée de cette présidentielle à haut risque.

C’est à la lumière de notre « fair-play démocratique» que l’on saura si la réputation de notre pays comme « vitrine de la démocratie africaine »est un compliment complaisant et donc usurpé ou alors sera-t il confirmé que ce verdict, qui nous fait tant honneur à travers l’Afrique et le monde, est réellement justifié par conséquent bien mérité !

C’est, donc, notre honneur et surtout notre bonheur qui sont en jeu à travers cette importante échéance électorale.

Les honneurs, la Santé, et la fortune sont rarement cumulatifs et très souvent successifs. En effet, bien souvent c’est en dépensant sa force donc sa santé qu’on l’on amasse fortune et ce n’est que dans la dépense de sa fortune que l’on est couvert d’honneurs. Derrière chaque « prestigieuse acquisition »,se cache un « douloureux abandon ». N’est ce pas, ironiquement, cela, la rançon de la gloire ?

La santé arrive tôt et ce n’est que bien plus tard qu’affluent la fortune puis les honneurs. Même « pour les âmes bien nées » ce n’est que « la valeur » qui « n’attend point le nombre des années », pour la fortune et les honneurs il est de rigueur et de notoriété qu’il faille bien laisser agir le temps un peu plus longtemps. Il pourrait y avoir, sans doute, des exceptions, mais elles n’existeraient que pour confirmer l’immuabilité de cette règle : On ne peut pas tout avoir à la fois, tout le temps !

Le temps des élections correspond exactement à ces moments de flottements et d’hésitations dans la vie d’un peuple où un mauvais reflexe, un geste non mesuré, une injonction mal inspirée, un influx non calibrée, peuvent être porteurs de conséquences tragiques incommensurables.

Sommes-nous suffisamment conscients et disposés rationnellement à prendre en compte tous les paramètres de nos engagements militant pour en déterminer le « le juste prix », dans la mesure de nos choix d’avenirs divergents (Libéralisme, Socialisme, etc.) et donc sommes-nous bien attachés et fort déterminés à calibrer efficacement le poids de ce que nous sommes prêts à sacrifier pour le triomphe de nos causes partisanes? Autrement dit jusqu’à quel point sommes-nous prêts et sommes- nous disposés à nous sacrifier au maintien de la paix sociale et de la stabilité politique garants de notre pérenne et commune volonté de vivre en commun ? Et à quel point sommes-nous conscients des intérêts en jeu pour ne pas sacrifier, bêtement, la paix et la stabilité de la société sénégalaise sur l’autel de nos égoïsmes et de nos basses querelles de chapelles?

Ce sont là, les vrais enjeux de la présidentielle de Février 2012dans notre pays ! Peu importe à qui d’entre les différents candidats, à l’issu du scrutin, reviendra l’insigne honneur de diriger le pays, pourvu seulement qu’il le fasse dans la paix, dans la stabilité et dans l’intérêt de toutes les populations sans exclusive aucune !

Les sénégalais ainsi que ceux qui aspirent à les diriger, ont donc entre leurs mains et surtout sur leurs consciences, l’obligation de survivre à ce rendez-vous politique ponctuel en assurant la continuité et la pérennité de notre devise nationale : un peuple, un but, une foi et par-dessus tout nous avons tous la responsabilité de nous préserver les uns les autres en préservant notre santé, nos fortunes grandes ou petites et notre honneur en un mot notre bonheur dans ce beau et paisible cadre constitutionnel qu’est la République démocratique, unitaire et légaliste du Sénégal. C’est notre devoir et notre mission de léguer ce pays aux générations futures immunisée de tout virus susceptible de compromettre sa survie et son unité ou d’entraver, un tant soit peu, la durabilité de son développement que les anciens lui ont si patriotiquement imprimé !

Post-scriptum

Bonne chance à tous les candidats et que l’élu de la majorité soit celui du Peuple tout entier, faites Seigneur que tout le mois de février soit une belle fête de la Démocratie dans notre pays, Amen !

 

2 Commentaires

  1. Les millions d’émigrés qui soutiennent notre pays à bout de bras ne se trompent point sur ce vous appelez le risque …potentiel.

    Je suis convaincu que plus tard un EuroSénégalais sera légitime pour diriger le Sénégal.

    Mais les mecs nés à Paris qui n’ont jamais été déclarés dans un Consulat du Sénégal et qui ont toujours dénié nos valeurs, ne doivent pas poluer nos Institutions et tenir en otage notre pays.

    ..Lorsque l’on acquiert la nationalité après que son parent ait accèdé aux Affaires, on doit être exclu d’office.

  2. PS
    Mon cher N’Diaye il fautrester économe en verbigérations et éviter d’être amphygouriques pour dire que  » en intellectuel résidant à Bruxelles,e 2012, vous condamnez toute illusion de gérontocratie durable. »
    La gérontologie ne peut défendre l’idée selon laquelle notre avenir est entre les mains des vieux..

    Le vieillard qui nous avions naguère élu, doit se préparer à partir … Peu importe dans 7 jours 7 semaines ou 7 mois.

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