La Coupe d’Afrique des Nations aurait pu offrir un peu de bonheur à un Sénégal en proie à une crise politique préélectorale. Mais, la défaite des Lions face à la Guinée équatoriale (2-1) a sonné le glas des espoirs des Sénégalais dès le deuxième match.
Ce jeudi, le Sénégal s’est réveillé avec la gueule de bois. Dans les rues de Dakar, c’est la tristesse qui l’emporte. Après deux matches et deux défaites, les Lions de la Teranga, annoncés comme des outsiders sérieux au titre continental, sont piteusement éliminés de la Coupe d’Afrique des Nations. Mais, en ce début d’année 2012, le football ne semble pas prendre des proportions trop importantes comme ce fut parfois le cas dans le passé. En 2008, le siège de la fédération sénégalaise de football avait été mis à sac par des supporters en colère après un match nul contre le voisin gambien et la non-qualification à la CAN 2010.
Cette fois, aucune violence n’est à déplorer. Les Sénégalais sont déçus voire sonnés par cette élimination surprise face à une supposée très faible équipe de Guinée équatoriale, mais la situation politique tendue à un mois de l’élection présidentielle et les risques liés à la candidature controversée d’Abdoulaye Wade, 86 ans, les préoccupent bien plus que les performances médiocres de leur équipe nationale. « Ce n’est pas l’équipe qui va mal, résume Mamadou Gaye, chauffeur de taxi. C’est tout le pays qui va mal ! »
« Les zéros rentrent à la maison »
L’élimination prématurée du Sénégal fait évidemment la une de la quasi-totalité des journaux ce matin. « Du rêve au cauchemar », titre Stades, la référence des passionnés de sport. « Les zéros rentrent à la maison », lance Sud Quotidien, plus sévère. « Le peuple sénégalais a nourri le rêve d’accueillir, à l’issue de la CAN, les Lions en héros, écrit le journal. À la place, ce sont des zéros qui ont réussi l’exploit d’être éliminé au premier tour. Deux matches, deux zéros au compteur. Pathétique ! » Pape Diouf, l’ancien président de l’Olympique de Marseille, juge dans les colonnes du journal Enquête que cette élimination est « une honte ».
Une chose est sûre, le parcours calamiteux des Lions n’arrange pas les affaires d’Abdoulaye Wade et de ses proches. Candidat déclaré à un troisième mandat, le président de la République, qui avait promis 20 millions de francs CFA (30 000 €) et une villa aux joueurs en cas de succès, misait sur les performances de la sélection nationale pour faire oublier leurs problèmes aux Sénégalais et apaiser les tensions dans le pays. En face de la Présidence, une large affiche le présentait d’ailleurs comme le « supporter n°1 » des Lions. Certains n’hésitent d’ailleurs pas aujourd’hui à lui faire porter le chapeau. C’est par exemple le cas du mouvement « Y en a marre » pour qui « c’est Wade qui a porté la poisse » à l’équipe nationale du Sénégal. La parenthèse footballistique rapidement refermée, le combat politique reprend de plus belle.
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