Présidentielle 2012 – Stratégie du Président sortant pour le second tour : L’argent, la dernière carte de Wade. Des passeports diplomatiques distribués et 2 Milliards à Touba

Pas question de perdre les élections ! Et pour cela, le candidat des Fal2012 semble être prêt à tout. Surtout en termes financiers. L’opération «Achat de conscience» a été mise en branle et tout le monde est visé, avec comme d’habitude une cour assidue aux différents chefs religieux et politiques. Et au rythme où l’argent circule, c’est à se demande si le Sénégal ne va pas tout droit à une banqueroute ?
Dans sa confrontation avec son ancien Premier ministre, Macky Sall, au second tour de la Pré­sidentielle, Abdoulaye Wade est loin d’avoir la faveur des pronostics. Il se retrouve dans la même position que son prédécesseur Abdou Diouf en 2000. Alors pour éviter ce même sort, c’est le branle-bas de combat du côté du staff du Président sortant. Mais les alliances politiques se réduisant comme peau de chagrin du fait de la non-reconnaissance de la candidature de Abdoulaye Wade par la quasi-totalité de ses treize challengers du premier tour. Par conséquent, un soutien de leur part deviendrait pratiquement un non sens. Alors face à cette situation, on sort l’artillerie lourde : l’argent.

Selon des sources dignes de foi, de l’argent il en été question mais de manière très discrète quatre jours avant le scrutin du premier tour. Le 22 février précisément, différents interlocuteurs soutiennent qu’il a été convoyé à Touba une somme d’argent estimée à deux milliards de francs. Et pour éviter d’éveiller un quelconque soupçon, le pactole a fait un voyage Dakar-Touba à bord d’une… ambulance. Délaissant ainsi les traditionnels véhicules de la Présidence, même banalisés. Le destinataire de cette somme a été un haut dignitaire mouride, très influent dans la communauté. A charge pour lui d’en assurer la répartition. Toutefois, à ce jour, et selon les informations disponibles, seules les familles de Serigne Saliou et de Darou Rahmane ont refusé de toucher un franc. Mieux, elles ont purement et simplement renvoyé les convoyeurs.

«Le candidat des Fal2012 Wade a aussi avancé la somme de 200 millions accompagnée de passeports diplomatiques à l’entourage du Khalife général des mourides (NDLR : Sidy Mokhtar Mbacké). Seulement, une partie a décliné l’offre, et l’autre, composée du plus grand nombre a encaissé l’argent et est en train de monnayer les passeports», confient nos interlocuteurs. La consigne qui a été donnée à l’entourage du Khalife général des mourides est de l’amener à donner un ndigueul en faveur du candidat de la coalition Fal2012. Ce qui est quasiment impossible parce que le marabout est resté intransigeant sur sa volonté d’être à équidistance de toutes les chapelles politiques.

Hier, le marabout Cheikh Bethio Thioune a réitéré son soutien à Abdoulaye Wade. Contrairement à 2007, la voix du Cheikh n’a pas eu d’écho favorable au sein de sa propre communauté qu’il évalue à plus de cinq millions alors que Wade se retrouve avec moins d’un million de voix au premier tour. Est-ce un soutien monnayé ?

REVIREMENT SONNANT DE FALLOU MBACKé
Au-delà des 2 milliards 200 millions Fcfa qui sont arrivés dans le Baol, le président du Conseil régional de Diourbel, qui avait fait savoir à ses partisans, jeudi dernier, qu’il boycotterait le candidat de la Coalition Fal2012, est revenu à de meilleurs sentiments. Un retour en zone qui s’explique par la réception d’une somme de 50 millions et d’un véhicule tout terrain, précisément un 8X8. Fallou Mbacké, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a, à travers une déclaration, soutenu qu’il s’engageait à réélire, avec les 313 chefs de village de Darou Khoudoss, le Président sortant et candidat des Fal2012, Me Abdoulaye Wade.

De l’argent, il en est fait état dans l’approche qui a été initiée en direction des moustar­chidines wal moustarchidati (mouvement créé par Cheikh Tidiane Sy). En effet, aucun mouvement n’est de trop pour permettre à Abdoulaye Wade d’atteindre son objectif : engranger le maximum de voix pour battre son challenger et éviter l’humiliation.

L’autre stratégie initiée par le camp du pouvoir, c’est d’arriver à diviser celui de ses adversaires. Ainsi face à la difficulté d’avoir le soutien des appareils ou coalitions politiques, certains mail­lons faibles ou brebis galeuses sont dans le viseur du Palais. Toujours avec le même argument sonnant et trébuchant. Cette fois-ci, il appartiendra à ces éléments de se démarquer publiquement de la position de leur appareil politique. Ce sera une façon très machiavélique de semer la zizanie.

Cependant, si cette intrusion de l’argent fausse les règles du jeu, il n’en demeure pas moins que c’est loin d’être une pratique nouvelle. Dans cette présente compétition, Youssou Ndour a eu à le rappeler en précisant aux électeurs de prendre l’argent qu’on leur donne et de voter en leur âme et conscience dans l’urne pour le Sénégal. Et cela les Libéraux l’ont compris car même les ndigueul ne font plus mouche. Le dernier en date, celui de Cheikh Béthio Thioune avec ses «11 millions de talibés» (sic) est assez éloquent. D’ailleurs, il a battu le rappel de tous ses dieuwrigne (représentants) pour en savoir un peu plus.

Dans tous les cas, pour ce second tour, les vannes sont ouvertes. S’il a été reproché à l’état major politique de Wade d’avoir été pingre durant ces 30 derniers jours, Karim Wade et Pape Diop comptent bien mettre la main au chéquier pour sauver leur candidat en pleine chute.

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