L’inauguration du monument de la renaissance africaine a connu un très grand succès compte tenu du nombre de personnalités qui y ont assisté ainsi qu’une importante délégation de la diaspora américaine. En effet, le Président Abdoulaye Wade a réussi le pari de rassembler à Dakar une vingtaine de Chefs d’Etat et de Gouvernement africains et du monde entier à l’occasion de cette cérémonie tenue samedi dernier 3 avril 2010 à Ouakam.
Le Président Abdoulaye Wade a réussi le pari de la mobilisation en accueillant à Dakar plus d’une vingtaine de Chefs d’Etat et de Gouvernement à l’occasion de l’inauguration du monument de la renaissance qui a suscité lire et la polémique dans son pays. En effet, près d’une vingtaine de Chefs d’Etat ont assisté samedi dernier 3 avril 2010 à l’inauguration officielle du monument de la renaissance africaine qui a mobilisé près d’une centaine de journalistes de la presse nationale et internationale. C’est ce qui a sans doute fait le succès de l’évènement qui a bien suscité le bonheur du Président Wade qui a dit sa satisfaction en ces termes :
« Je tiens à redire toutes mes félicitations et ma satisfaction à tous ceux qui ont consacré, jour et nuit, leurs efforts et leur créativité à la réalisation du monument ». Maître Abdoulaye Wade explique le sens artistique et culturel de son monument dont l’idée avait germé, selon lui, dans son ouvrage « Un destin pour l’Afrique ». « Dans sa conception, son architecture et sa vocation, cette œuvre, dédiée à notre continent, comme son nom l’indique, porte une identité africaine qui renvoie à notre histoire commune et notre destin partagé », dit-il.
Selon lui, « ce monument, à travers ses trois personnages, un homme géant aux formes athlétiques, sa femme et leur enfant, surgissant des entrailles de ce volcan éteint comme propulsés par une force invisible, traduit un symbole en même temps qu’il porte plusieurs messages ». Ce symbolisme ne traduit rien d’autre aux yeux du Président Abdoulaye Wade que celui de « l’Afrique renaissante et revigorée, après cinq siècles d’esclavage, de traite négrière et de colonisation, mais aussi cinq siècles d’épreuves et de tragédie humaine ». A en croire le Président de la République, « le monument de la renaissance africaine qui s’inscrit dans l’exercice de notre devoir de mémoire, veut rappeler ces blessures profondes infligées à l’Afrique et par delà elle, à l’humanité entière, comme pour dire plus jamais ça ».
Toutefois, le Président Wade s’est empressé de souligner que c’est aussi un monument qui se veut « une invite au dépassement, au pardon et à la réconciliation des peuples ». Il n’a pas manqué de lancer un appel à la diaspora, cette autre partie de nous-mêmes, dit-il, qui trouve toute sa place pour l’édification d’une « Afrique nouvelle ». Il estime qu’aujourd’hui que « les négriers n’existent plus, que le dernier colon est parti et que nous sommes tous libres, nous n’avons plus d’excuse » ! Et de renchérir : « Nous devons reconstruire et raffermir les liens brisés entre l’Afrique-mère et ses enfants de la diaspora ».
Sons, rythmes et couleurs
A 16 h déjà, le site du monument de la renaissance situé sur l’une des collines de Ouakam refusait du monde samedi dernier. Au moment où les délégations s’installaient une à une sous les tribunes officielles, plusieurs centaines d’élèves habillés en jaune et en bleu prenaient place sur les marches menant en haut de la colline. Les batteurs de tam-tams concouraient d’ardeur et de frénésie. Sur le pont qui longe le site à l’Est du monument, une 4 x 4 de la gendarmerie sur laquelle est hissée une longue antenne nous rappelle l’importance du dispositif de sécurité déployé pour la circonstance. Rien n’est laissé au hasard.
Tout à coup, un car arrive dans lequel se trouvent tous les Chefs d’Etat et de Gouvernement invités qui ont fait le déplacement à l’occasion. Sur l’écran géant de télévision disposé en face des tribunes on aperçoit en haut de la colline, au pied de la statue, les différents Chefs d’Etat qui descendent pour rejoindre Abdoulaye Wade qui les accueille. Ce sont entre autres, Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Amadou Toumani Touré (Mali), Yayi Boni (Bénin), Ellen Johnson Sirleef (Libéria), Robert Mugabé (Zimbabwe), Ali Bongo (Gabon), Pedro Pires (Cap Vert), Dr Ngwazu Bingu Wa Mutharika (Malawi, Président en exercice de l’Union africaine), Idriss Déby (Tchad), Général Abdel Aziz (Mauritanie), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Dénis Sassou Nguésso (Congo), Yayah AJJ Jammeh (Gambie), Théodore Obiang Nguéma (Guinée Equatoriale), ainsi que le Général Obasanjo, ancien Président du Nigéria, et Jean Ping, Président de la Commission de l’Union africaine.
En même temps, un des ténors du Hip Hop international, Alioune Badara Thiam alias Akon arrive accompagné du lutteur Zos. La foule l’accueille avec des applaudissements. Il jouit avec un grand sourire aux lèvres. Son orgueil de méga star l’accompagne jusque devant la tribune officielle où il n’y avait malheureusement pas de place réservée en son nom. Après quelques moments d’hésitation, les hôtesses avaient fini par le conduire avec sa suite aux sièges qui avaient été prévus pour les membres de Benno Siggil Sénégal qui ont brillé par leur absence.
Il était bien évident que ceux-ci ne seraient pas venus dans la mesure où ils avaient marché ce matin là pour dénoncer le monument de la renaissance africaine qu’ils considèrent comme « un gaspillage ». Quelques minutes plus tard, Jesse Jackson arrive avec une délégation de la diaspora américaine accompagnée du sénégalais Djibril Diallo. Il réussit à déjouer l’attention de la sécurité pour rejoindre les femmes habillées en tenues traditionnelles léboues alignées près de la tente des journalistes.
De l’autre côté de la colline, des centaines de personnes prennent d’assaut les alentours. La circulation est même impossible sur le pont qui est noir de monde. Sur l’écran géant de télévision, on aperçoit Manu Dibango qui parle de a statue, et Coumba Gawlo Seck qui souligne pour sa part que c’est « un symbole de fierté pour l’Afrique ». Des cars venus de l’intérieur du pays déversent des centaines de femmes sur la route menant vers le monument. Outre les drapeaux des 53 pays africains qui flottent au pied de la statue, il y a un peu partout des drapeaux du Sénégal suspendus à l’air. L’hymne de la renaissance est exécutée en trois langues (Français, Anglais et Arabe) par 10 000 jeunes en station debout sur les marches du monument. Mais un froid glacial a failli gâcher la fête en obligeant un grand nombre de gens à rentrer.
La fiche technique du monument
Après la projection du dialogue triangulaire entre Abdoulaye Wade, Alain Jakubowicz (Europe) et Benjamin Jealous (Etats Unis) sur l’écran géant, Pierre Goudiaby Atépa, Architecte maître d’œuvre des travaux du monument, en a présenté la fiche technique. Selon Pierre Goudiaby Atepa le monument est constitué de 222 000 tonnes de bronze dont le chantier en huit ans a nécessité 2 millions d’heures de travail qui ont mobilisé une équipe internationale composée de sénégalais et de coréens. Le monsieur pèse 100 tonnes, la dame 70 tonnes, tandis que l’enfant fait 30 tonnes, selon les indications de Pierre Goudiaby Atépa. Au sommet du crâne de l’homme où se trouve une terrasse mène un escalier. A l’intérieur du monument, il y a des salles d’exposition, des galeries et des magasins. Selon les indications fournies par le Président Wade, le monument a une hauteur de 53 mètres avec une durée d’existence de 1200 ans. Telle est donc la nature de ce monument dont le coût est estimé à 12 milliards FCFA.
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