L’actualité politique de notre pays a été marquée ces temps-ci par une implication de plus en plus visible de la société civile, avec l’avènement de nouveaux mouvements citoyens qui ont pris l’engagement devant Dieu et les hommes de veiller scrupuleusement sur la gouvernance du pays ; et certes, leur proximité avec l’opposition est indéniable, mais on pourrait l’interpréter comme le fait d’une certaine radicalisation induite par les nombreuses dérives du pouvoir libéral (gabegie, corruption, népotisme, etc.) ; en vérité, il ne s’agit là que d’une opposition de circonstance, susceptible donc d’évoluer en fonction des réponses apportées par l’exécutif – On pourrait en rapprocher le comportement de la presse, d’une manière générale. Oui, tous ces mouvements citoyens se prévalent d’être très attentifs tant sur la gestion du pouvoir que sur les propositions de l’opposition ; et de par leur liberté idéologique et la diversité de leurs expertises, ils devraient faire évoluer positivement le débat politique, en plus de précieux rôle de défenseurs de la démocratie et de l’Etat de droit – et donc de ‘’gardiens du temple’’ ; mais ils devraient s’en contentaient et ne point lorgner le fauteuil. En vérité, ce sont les partis politiques traditionnels qui ont vocation de conquérir le pouvoir ; en effet, ils sont mieux structurés pour cet objectif, et du fait de leur représentativité dans tout le pays, ils sont véritablement les seuls à pouvoir superviser tout le processus électoral de façon fiable. Mais ils doivent toujours avoir à l’esprit que l’immense majorité des électeurs se trouve dans la société civile et ne sont engagés nulle part ; en outre, compte tenu du caractère très éclaté de la configuration politique du pays, nos hommes politiques doivent se convaincre définitivement qu’aucun parti ne peut à lui seul gagner une élection ou exercer à lui seul le pouvoir ; et cela est entrain de se vérifier magistralement avec ce scrutin présidentiel. A l’évidence, le Chef d’Etat qui sera élu au second tour n’aura de salut que dans le rassemblement de toutes les forces vives de la nation, en vue d’une cogestion du pouvoir pour relever les innombrables défis qui l’attendent (crise multiforme) ; il lui incombera donc la noble mission de rassembler et de réconcilier la classe politique, toutes obédiences confondues – même les vaincus ; oui, pour les croyants que nous sommes, c’est la voie obligée de la réussite – car de l’union des cœurs jaillit toujours la miséricorde divine !
Au demeurant, il faut considérer la dispersion des forces politiques de notre pays, en une multitude de partis et de mouvements citoyens, comme la rançon de notre option laïque ; le Hadith est très explicite :
– Abdallah b. Amr rapporte : « L’Envoyé de Dieu – sur lui la grâce et la paix – s’approche de nous et se mit à nous entretenir des scélératesses qui éclateraient à la fin des temps … (Il nous dit 🙂 « Ô émigrés Mecquois, il est cinq turpitudes dont je prie Dieu de vous préserver : – Il n’est pas un peuple qui ne soit ouvertement livré à la débauche sans que la peste (fléau d’une manière générale) ne l’ait frappé ainsi que des maladies qu’ignoraient ses ancêtres. – Il n’est pas un peuple qui n’ait trafiqué les poids et mesures (commerce inéquitable) sans être victime de la sécheresse, du manque de vivre et de la tyrannie du prince (dictature). – Il n’est pas un peuple qui ait refusé de s’acquitter de la Zakat, sans que la pluie ne lui ait fait défaut. Si ce n’étaient les animaux domestiques (et les arbres) il n’y aurait plus eu la moindre goutte de pluie. – Il n’est pas un peuple qui ait rompu le pacte le liant à Dieu et à ses envoyés, sans que Dieu ne l’ait soumis à un ennemi étranger qui l’ait dépossédé d’une partie de ses biens. – (Et enfin,) Dieu éprouvera, en les dressant les uns contre les autres, les peuples dont les gouvernants ne se soumettent pas au Livre de Dieu et qui tourneront en dérision ce que Dieu a révélé. [Voilà les véritables raisons de nos dissensions !!!]. ».
A L’évidence, nous sommes sur une trajectoire de perdition – une perspective pessimiste, tant que les principes de notre noble religion ne seront pas pris en compte dans nos politiques de développement ; ainsi, désillusion sur désillusion, crise sur crise, on s’achemine inexorablement vers l’échec, tant que les comportements ne seront pas changés. Oui, seul le retour à Dieu et son adoration en un culte pur renversera cette tendance. Oui, point de salut en dehors d’un changement de comportement – il y va de la crédibilité de Dieu, du Prophète (PSL) et du Saint Coran :
(11) … En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que (les individus qui le composent) ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes (comportement moral). Et lorsqu’ Allah veut (infliger) un mal à un peuple, nul ne peut le repousser : ils n’ont en dehors de lui aucun protecteur. (13. Le Tonnerre : 11 – Ar-Ra’d). (30) Tout malheur qui vous atteint est dû à ce que vos mains ont acquis. Et Il (Dieu) pardonne beaucoup. (42. La Consultation : 30 – Ach-Chûrâ)
En vérité, les religions qui constituent un système d’explication du monde, ne peuvent ne pas s’immiscer dans l’organisation de la société – la politique en d’autres termes. Il est donc grand temps que les intellectuels convaincus qu’on ne peut agencer une cité juste et donc la développer de façon durable, en dehors de Dieu, prennent leurs responsabilités et jouent leur véritable rôle de contre-pouvoir pour être véritablement au service de Dieu, du Prophète Mouhammad (PSL) et de tous les citoyens, toutes obédiences et toutes confessions confondues, dans le respect strict des principes de l’Etat de droit, de la démocratie et des droits de l’homme. Et certes, il faut nécessairement accompagner les laïcs dans tous les combats patriotiques, comme celui du M23, mais aussi leur affirmer, sans détours, notre divergence fondamentale, en ce qui concerne leur conception ‘’suicidaire’’ de la laïcité. Non ! Comment peut-on mettre Dieu entre parenthèses et réussir une entreprise d’édification d’une cité juste ? Comment peut-on sortir Dieu de l’Ecole et ne pas s’attendre à ce qu’elle s’autodétruise ? Et pourtant, il est évident pour tous que dans notre pays, musulman à plus de 98%, le Coran devrait être la base de tout enseignement et de toute éducation ; oui, le Coran est plus qu’explicite :
(89) … Et Nous (Dieu) avons fait descendre sur toi (Mouhammad) le Livre (le Coran), comme un exposé explicite de toute chose, ainsi qu’un guide, une grâce et une bonne annonce aux Musulmans. (90) Certes, Allah commande l’équité, la bienfaisance et l’assistance aux proches. Et Il interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. Il vous exhorte afin que vous vous souveniez. (16. Les Abeilles : 89-90 – An-Nahl)
Ne sommes- nous pas tous hypocrites ?
DOCTEUR MOUHAMADOU BAMBA NDIAYE
Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar
Pédiatre à Thiès
Recteur de l’Université Virtuelle ‘’La Sagesse’’ de la Fondation Serigne Babacar SY Ihsaan – Bienfaisance (Thiès). http://sites.google.com/site/