Après son 18e succès dimanche face à Tyson, Yékini a fait sa première sortie hier. Au programme : une visite aux membres de son écurie et à son entraîneur, Katy Diop. Après-midi de balade avec le «Roi».
Réalisé par Woury DIALLO
Seule la victoire est belle. Dans ce sport bien de chez nous, les lendemains de victoire sont appréciés à leur juste valeur, et consommés avec modération et humilité, comme le fait si bien l’écurie Ndakaru pour son «Roi».
Et une fois de plus, les fans de Yakhya Diop Yékini n’ont pas manqué à la tradition. Après le 18e succès en 19 sorties de leur chef de file obtenu devant Mohamed Ndao Tyson, ils ont offert un spectacle à l’honneur de leur champion. Occasion pour Yékini de s’offrir une petite sortie, la première après sa victoire devant l’enfant de Ndangane, pour rendre hommage aux membres de son écurie, mais aussi aux nombreux fans qui ont piaffé d’impatience à l’idée de communier avec leur héros. Un après-midi riche en couleurs et en émotion qui avait débuté chez le lutteur, aux Hlm Grand Yoff, un peu plus tôt, autour d’un bon bol de Tiébou dieune, avant de finir par un bain de foule dans le fief de l’écurie à la Médina.
Il est 14h 00 ! Dans le quartier tranquille des Hlm Grand Yoff, la victoire de Yékini occupe toujours les débats. Entre ceux qui supportent l’enfant de Bassoul et ceux-là qui affichent encore leur dévotion au leader de la Génération Boul Falé, ça discute. Devant la demeure du champion, quelques gamins jouent aux billes. Guettant naturellement la sortie de leur voisin pour lui serrer la main. Ce sont les défilés incessants de fans et autres proches de la famille. A l’intérieur, Yékini est bien là. Aux côtés de quelques proches et de son manager, Moustapha Ndoye, ces derniers s’affairent autour d’un bol de riz blanc. Normal ! Après plusieurs mois de préparation, quoi de plus copieux qu’on bon bol de Tiébou dieune pour se remettre en jambe. Et sous ce registre, le «sérère» n’y va pas du dos de la cuillère face aux gros «thiof» mijotés spécialement pour lui. Difficile d’y résister.
Après un bon repas, le champion peut réclamer ses trois normaux. «Wa ataya bi foumou tolou», questionne-t-il à l’endroit d’un proche de la famille. Quelques minutes plus tard, le «premier» est servi. Il n’aura pas le temps d’attendre le «deuxième». Non pas pour les entraînements, mais plutôt pour piquer une petite pause de sommeil. «Je suis fatigué. Il faut que je m’offre une petite sieste avant d’aller à l’entraînement», s’excuse le champion visiblement trop épuisé. «J’étais sorti le matin. Il faut que je récupère un peu», soutient-il. Aussitôt dit, aussitôt fait. Il s’enferme dans sa chambre.
Le «deuxième», ce se sera au réveil. Mais difficile de trouver le sommeil au lendemain d’un nouveau succès. Entre le téléphone qui sonne toutes les secondes et les visites des amis, proches et voisins, tout y passe. Finalement, il parviendra entre deux coups de fils, à trouver le répit. Une courte pause avant de se remettre sur pieds.
17h 30. Nous filons à l’école Mamour Diakhaté de la Médina, le lieu d’entraînement de l’écurie Ndakaru. Le champion n’est pas encore sur place. Par contre, les jeunes de l’écurie poursuivent tranquillement leur entraînement en attendant l’arrivée de leur héros.
Ce n’est qu’aux environs de 18h 00 que débarque finalement Yékini. Vêtu d’un ensemble blouson gris avec des baskets de même couleur parés de vert fluor, le tombeur de Tyson déboule dans une 4/4 de couleur sombre en compagnie de quelques proches. Comme un seul homme, les «disciples» l’accueillent par un standing ovation. «Boulène ma tathiou», ironise-t-il, en serrant la main des gens présents sur les lieux.
Le chef de file de Ndakaru assiste à la séance, sans pour autant y prendre part. Une séance qui s’achève finalement aux environs de 18h 50 avec au bout des félicitations des jeunes lutteurs de l’écurie adressées à leur tête de file. Prenant la parole à tour de rôle, les dirigeants reviennent sur l’ensemble des sacrifices consentis par l’enfant de Bassoul qui règne depuis 13 ans dans l’arène. Un message que chacun devrait cultiver, conseillent ces derniers, pour espérer la même réussite. La séance se termine par des prières.
Il est 19h 00. Entouré de tous les membres de l’écurie, Yékini prend la direction de chez Amadou Katy Diop, son confident et entraîneur. La foule traverse l’avenue Blaise Diagne, à hauteur du marché Tilène avant de prendre la direction de la rue 17, à la Médina. «C’est Yékini !», s’exclament certains passants. D’autres, plus curieux, tenteront de s’approcher du véhicule pour exprimer leur joie à l’endroit du «Roi des arènes».
Chez Katy, une foule de fans attend depuis plusieurs heures son héros. Dans le groupe, des jeunes du quartier, des dames venues de Bassoul pour rendre un hommage spécial au coach de leur «fils». Un «fils» qui sera d’ailleurs accueilli par des chants sérères. L’hystérie gagne la foule lorsque le champion sort de sa voiture. Il fait signe avec la main droite, d’«égorger» ses adversaires. Et ça, les fans aiment. Alors que certains scandent son nom «Yékini, Yékini… » ; d’autres tapent des mains, une manière de rendre un hommage mérité à l’«empereur». Sous les décibels de la sonorisation, la foule se déchaîne. Difficile de se frayer un chemin pour rejoindre le domicile de Katy, debout devant l’entrée. Face à la foule en délire, Yékini finit par s’engouffrer dans sa voiture pour regagner son domicile. Il était quasiment 19h 30.