« L’arrogance précède la ruine, l’orgueil précède la chute »
De Danièle et Stéfan Satrenkyi
Extrait du Des belles histoires pour nous tous
Il est vrai que le peuple sénégalais est très loin d’imaginer un seul instant, comment Me Wade s’est livré, pendant les douze années qu’il est au pouvoir, au gaspillage de nos ressources. Et aussi, à la profondeur des dégâts qui en ont découlé. Voilà justement les raisons pour lesquelles, il est nécessaire voire indispensable, de procéder à un audit de sa gestion pour le confondre et prendre à témoin le peuple sénégalais. Ainsi, nous ferons taire dans le même temps, tous les vautours qui se sont acharnés sur la « dépouille » de notre pauvre pays, après qu’ils ont participé à son carnage sans état d’âme.
Le président Macky Sall, a tout intérêt et aurait totalement tort d’hésiter un seul instant, à faire l’audit de la situation du pays au départ de son prédécesseur, pour montrer l’état réel dans lequel se trouve la nation. Il démontrerait ainsi de façon magistrale à son peuple, l’ampleur abyssale des fautes de gestion du régime libéral sous Me Wade. C’est une protection pour lui d’abord, en situant bien les responsabilités du régime sortant dans la situation actuelle de notre pays. Ensuite ce serait une première dans l’histoire de notre jeune nation et aussi, comme une preuve de transparence dans la gestion des affaires de l’Etat. Il frapperait là, un grand coup, qui lui fera bénéficier sans aucun doute, de la compréhension et de l’indulgence des populations bien meurtries. A la lumière de cette dilapidation qui leur est révélée et dont elles ont les preuves matérielles à présent, elles auront la patience d’attendre la fin de l’opération. Elles seront persuadées que l’application des mesures annoncées ne pourrait pas se faire immédiatement et d’un seul coup, mais progressivement et dans un rythme raisonnable.
Oui, il est parfaitement possible, avec une gestion vertueuse, fondée sur des règles rigoureuses d’orthodoxie comptable, de faire des économies substantielles qui permettront de baisser les prix de produits et denrées de grande consommation. Ceci dans le but de soulager tant soit peu, le poids qui pèse encore lourdement sur le budget des populations qui ne vivent que du fruit de leur labeur. Le nouveau régime, bénéficie d’un appui populaire massif, qu’aucun chef d’Etat avant lui, n’a jamais obtenu. Cette adhésion massive des forces vives de notre pays, est un avantage exceptionnel tant recherché par tout gouvernement qui souhaite atteindre ses objectifs les plus significatifs. Fort de tout cela, Macky Sall doit s’appuyer effectivement, sur certains leviers essentiels, non exhaustifs entre autres, à sa disposition, ce qui lui permettra de faire des économies substantielles de ressources, pour réaliser ses promesses dans les meilleurs délais. Les Sénégalais habitués et fatigués des promesses jamais tenues de Me Wade, sont devenus craintifs et pour le moment, dubitatifs à l’égard des vôtres. Les populations seront réticentes et verront que celles-ci fassent l’objet de report ou de renvoi sine die.
Je note toutefois dans le désordre parmi les nombreux leviers à votre disposition qui pourraient bien être actionnés, par exemple :
- La réduction du train de vie dispendieux de l’Etat ou plutôt l’arrêt du gaspillage inadmissible, synonyme de bamboula, avec les deniers de l’Etat sans état d’âme, dont le poste le plus glouton a été celui de la présidence de la République ;
- Eviter la confusion qu’entretenait Me Wade, en confondant le trésor public et son coffre-fort personnel ; il y a lieu me semble-t-il de redéfinir les rapports entre le président de la République et l’argent du trésor public ;
- Révision du compte des fonds politiques ou secrets du chef de l’Etat dans le fonds comme la forme, ainsi que son utilisation, les destinations qui sont légalement visées, sans oublier d’exiger la tenue de sa comptabilité régulièrement ;
- La rationalisation des dépenses budgétaires avec des règles strictes de gestion et des critères arrêtés selon les normes universelles;
- Le taux unique de la TVA, qui est actuellement de 18% sur tous les produits, sauf une exception récente en faveur du Tourisme, doit être modulé en fonction de la nature du produit, selon qu’il est de luxe ou de nécessité. Le plafond du taux étant de 18%, les produits et denrées de grande consommation pourraient bénéficier d’un taux réduit, comme ce fut à l’époque entre 7 et 10% ;
- La réduction : de la taille du gouvernement pléthorique de 52 membres de Me Wade, des représentations diplomatiques refuges des membres des familles de ceux, des missions fantaisistes, des délégations kilométriques accompagnant le chef de l’Etat dans ses nombreux déplacements improductifs, sans tête ni queue, des passeports diplomatiques servis à la pelle à une clientèle politique, des marabouts et autres individus souteneurs, etc. ;
- Stabilisation : Me Wade nous avez habitué fâcheusement, à une instabilité gouvernementale permanente, par ses remaniements intempestifs qui ressemblent à une valse de ministres. Alors, en lieu et place, de grâce Monsieur le président de la République, bannissez cette méthode de gouvernance à la petite semaine. Dans le but de bien travailler et de pouvoir jauger la valeur de vos ministres, au-delà d’une équipe gouvernementale restreinte de 25, fondée sur la compétence et l’éthique mais aussi sur la stabilité, faites leur confiance jusqu’à la preuve du contraire ;
- Suppression : du Sénat, des privilèges exorbitants accordés à des individus sur le dos des contribuables à qui des milliards sont distribués sans cause, des véhicules donnés gratuitement sans bourse déliée aux députés et sénateurs, des lignes téléphoniques multiples, dont, même les membres des familles bénéficient illégalement, de la pléthore d’agences nichées à la présidence ;
- Baisse : des impôts et taxes trop élevés pour booster la consommation, notamment sur les matériaux de construction en vue de baisser les loyers et de permettre l’accès aux plus démunis aux logements sociaux. Il faut rétablir la SN HLM et la SICAP dans leurs fonctions initiales de construction de logements sociaux à la portée des Sénégalais moyens, en concurrence loyale avec les promoteurs immobiliers privés ; voir à la baisse les salaires faramineux et complaisants des ministres, des députés et autres fonctionnaires par rapport aux autres travailleurs de la Fonction publique ;
- Création d’un parc automobile de l’Etat, pour les services et besoins stricts de celui-ci, avec une gestion rigoureuse, qui interdit toute utilisation de véhicules de l’Etat à des fins étrangères au service, pendant les jours fériés et non ouvrables ; il doit en être de même pour ce qui concerne les dotations de carburant ; sous Me Wade, certains ayants-droit revendaient tout bonnement une partie de leur dotation sur le marché ; pour vous dire encore le laisser-aller et la pagaille qui étaient le propre des libéraux ;
- Egalement, sur le plan des terres, il va falloir rétablir toutes les attributions illégales de titres de propriété ou les spéculations foncières dont les tenants de l’ancien régime, sont les seuls bénéficiaires ; les transactions immobilières frauduleuses et les désaffectations des terres de l’Etat au profit des tenants du pouvoir et leur clientèle politique, et. ;
Ainsi comme on peut le constater aisément, il y a bien matière à travailler, au vu de cette énumération sommaire non exhaustive, qu’il existe bel et bien, des sources potentielles d’économie insoupçonnées, qui, une fois mises en œuvre, ramèneraient en surface les perditions qui vont dans les poches d’individus, au détriment du développement économique et social du pays.
Sur un autre plan, mais celui-là peut être immatériel, mais extrêmement important, il s’agit du fonctionnement de la République sur des bases républicaines et citoyennes, qui respectent les fondamentaux d’un réel Etat de droit. Le désordre actuel au niveau national, est tel que, l’Etat perd tout contrôle et ne maîtrise presque rien dans beaucoup de domaines. Les tenants du pouvoir sont plus préoccupés à accumuler des richesses personnelles qu’à sauvegarder le patrimoine national .L’Etat perd énormément d’argent aussi, par la faute d’incivisme notoire de certains citoyens qui se comportent comme des vandales à l’égard des infrastructures et autres biens de l’Etat. En fait, à y regarder de près, il n’y aurait personne pour sauvegarder et protéger le patrimoine de l’Etat. Ainsi, celui-ci est laissé à la merci des voleurs à col blanc, des détracteurs et ceux qui s’en servent à leurs propres fins. Dans le même temps, l’Etat qui en est le gardien attitré par le biais du gouvernement, son exécutif et l’Administration générale, démissionnent totalement, s’ils ne participent pas eux-mêmes au pillage organisé des ressources nationales.
Cette ère nouvelle de l’après Wade, qui est à son aube, exige que nous rompions définitivement avec cet état de fait actuel et certaines pratiques néfastes. Si nous voulons par ailleurs et en vue de bien refonder la république, au-delà des aspects économiques et sociaux, il faudrait nécessairement que nous agissions avec insistance sur l’éducation citoyenne de notre peuple, afin de redresser la trajectoire du moment, qu’a prise notre société. Cela va sans dire. Nous sommes tous convaincus que notre pays a été détruit et se trouve au bord de l’abîme durant ces 12 dernières années par Me Wade, tant au point de vue de son développement économique et social que celui de ses valeurs sociétales intrinsèques. Comme on le dit si bien et très justement, l’homme est au début et à la fin du développement.
Voilà pourquoi, le Président Macky Sall devra s’atteler au mieux qu’il pourra à travailler pour un nouveau type de citoyen sénégalais (NTCS). A cet effet, la voie la plus indiquée est celle de l’éducation citoyenne de nos populations, pour amener tous les Sénégalais sans exclusive au respect des règles qui fondent la République et l’Etat de droit. Le respect et la sauvegarde de la chose publique doit être de rigueur désormais au Sénégal et par tous. C’est aussi une source d’économie et à la fois, une forme, pour la durabilité et la protection des infrastructures si onéreuses. Ceci garantit également la permanence du service public le plus longtemps possible au bénéfice des citoyens utilisateurs.
Tout le monde sait maintenant, que Me Wade a été perdu par son arrogance, son absence d’humilité totale et son manque de respect aux Sénégalais globalement. Et au-delà, intervient en plus et encore, son insuffisance de résultat positif à la tête du pays, quasiment à tous les niveaux. Par conséquent, Macky Sall, président de la République, instruit de tout cela, devra s’écarter absolument de cette voie périlleuse, qui conduit à l’insuccès s’il veut bénéficier durablement de la faveur de son peuple, en se présentant comme il l’a déclaré lui-même, un humble serviteur de tous les Sénégalais. Ainsi, il devra travailler dur pour atteindre les objectifs très louables qu’il s’est fixés. En atteignant les résultats escomptés et en répondant aux immenses attentes et espoirs que les Sénégalais fondent sur lui, il pourrait réussir avec succès la charge de président de la République, là où Me Wade, a lamentablement échoué. A mon humble avis, le succès de votre magistrature est à ce prix, alors, à vous de jouer maintenant. Vous gagnerez beaucoup monsieur le président de la République, à travailler pour bâtir ou consolider une république du mérite et non celle de privilèges !
Bonne chance à vous et votre équipe, et faites tout ce qui est en votre possibilité, pour ne point décevoir ceux qui vous ont fait tant confiance.
Mandiaye Gaye