Si Wade n’a pas sorti le sabre hier pour couper la tête des frondeurs, c’est que la situation n’est pas nouvelle dans son parti. En 2007, Modou Diagne Fada avait défié Wade en refusant de se ranger derrière l’actuel président de la République, Macky Sall, sur la liste de la coalition Sopi 2007 aux législatives. Un coup qui avait réussi au «rebelle» qui a fini par obliger le pape du Sopi à accepter sa rébellion avant de se réconcilier avec lui.
Les libéraux proches de Wade ont évité, hier, d’appliquer à la lettre les textes du parti pour sanctionner les frondeurs de la coalition Bokk Guiss Guiss. Wade a préféré s’asseoir sur les dispositions de l’article 5 des statuts du Pds qui considère comme s’étant auto-exclu, tout militant qui adhère à un autre mouvement ou parti concurrent. Ainsi, Pape Diop, Mamadou Seck, Ousmane Masseck Ndiaye, et compagnie qui ont présenté une liste parallèle aux prochaines législatives sont considérés comme s’étant auto-exclus du Pds. Car ayant mis sur pied une coalition qui va concurrencer celle du Pds en juillet prochain.
Mais le «tribunal» libéral s’est gardé de prononcer leur exclusion. Ce qui n’est pas nouveau. En effet, la jurisprudence Modou Diagne Fada qui était hier au présidium a bien inspiré Me Wade et ses proches. En 2006, Modou Diagne Fada qui estimait que la situation au sein de son parti ne lui convenait plus avait gelé ses activités. «Le parti est complètement désorganisé à la base, voire déstructuré, n’en déplaise à certains membres de la direction du parti qui passent tout leur temps à dire le contraire au secrétaire général national du parti» affirmait l’ancien porte-parole du Pds dans une déclaration publique avant de prendre la décision de se présenter aux élections sous la bannière de la coalition Waar wi.
La décision avait fait grand bruit et l’actuel président de la République, Macky Sall, alors secrétaire général adjoint du Pds, appuyé par le «procureur» du Conseil de discipline, Abdoulaye Faye, avaient prononcé son exclusion. «L’ex-ministre Modou Diagne Fada s’est exclu du Parti démocratique sénégalais dès lors qu’il a choisi de présenter, en direction des législatives, une liste sous sa propre bannière», avait déclaré Macky Sall qui s’adressait à la presse peu après le dépôt au ministère de l’Intérieur de la liste de la Coalition Sopi 2007. Il accusait Modou Diagne Fada d’avoir fait preuve d’activités fractionnistes et les textes du Pds sont «extrêmement clairs» à ce sujet de même que sur «toute activité de nature à concurrencer le parti lui-même».
Malgré tout, le «rebelle» persistera sur sa voie, rejetant du coup son exclusion. Modou Diagne Fada continuera à se réclamer du Pds. Et aux élections, il créera la surprise en récoltant trois sièges de députés devant certains partis politiques vieux de plusieurs décennies. Ce qui n’a pas manqué de séduire le Pape du Sopi qui commença à faire les yeux doux à «l’enfant terrible» du Pds. Il finira par franchir le pas de la réconciliation en recevant Modou Diagne Fada au Palais avant d’en faire le ministre de la Santé quelques mois plus tard, en décembre 2009. Et c’est par cet acte que Wade a ramené sa «brebis égarée» au bercail.
Et il veut faire la même chose avec Mamadou Seck, Pape Diop, Ousmane Masseck Ndiaye, et consorts qui ont choisi de braver l’interdit. Wade, même s’il reconnaît que ses «fils» ont fauté, n’exclut pas qu’ils retrouvent un jour le chemin de Damas et reviennent à la maison paternelle. Comme Fada l’a fait. A cela s’ajoute la nouvelle posture du Pds qui se trouve dans l’opposition. Une position de faiblesse où les sanctions et les exclusions mènent le parti à sa perte. Les libéraux font contre mauvaise fortune, bon cœur.
Georges Nesta DIOP
Source WALFADJRI
SEULEMENT SE SONT LES FRONDEURS QUI.VONT LE FOUTRE DEHORS CETTE FOIS