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Les silences du palais

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La grande « lessive » administrative et étatique du président Macky Sall, souffle un vent de fraîcheur en direction des puristes et autres adeptes de l’utile. Mais dans sa dynamique de rationalisation et de rétablissement de la confiance entre le citoyen et l’Etat, le président Macky Sall semble garder un silence plutôt tonitruant sur des dossiers qui ont défrayé la chronique et ému plus d’un sénégalais, dans la gestion wadienne, scabreuse, de la chose publique.

« Il est érigé sur la colline dite de la deuxième Mamelle sise à Dakar, un Monument de la Renaissance africaine qui traduit la volonté des peuples noirs, victimes des plus grandes tragédies humaines, de se réapproprier leur destin en triomphant de l’esclavage, de la colonisation et de la dictature. Il exprime l’Afrique qui surgit de l’obscurantisme, des fléaux et des préjugés ». C’est l’article premier du décret n° 2003-593 du 16 juillet 2003 portant création du Monument de la Renaissance africaine. L’article 2 du même décret dispose que « Les conditions de réalisation et de fonctionnement du Monument de la Renaissance africaine sont précisées par décret ». Sauf que nulle part, nous n’avons connaissance de ce dernier décret. Pour dire que dans sa dynamique de rationalisation et de rétablissement de la confiance entre le citoyen et l’Etat, le président Macky Sall semble garder un silence plutôt tonitruant sur des dossiers qui ont défrayé la chronique et ému plus d’un sénégalais dans la gestion wadienne, scabreuse, de la chose publique.

Du monument de la renaissance qui a cristallisé toutes les polémiques et dont le « concepteur », son prédécesseur, en a publiquement réclamé la propriété intellectuelle personnelle tout en s’attribuant 35% des recettes d’exploitation du site qui se trouve être un terrain public bradé à un privé qui l’a revendu à un prix fort, Macky Sall n’en pipe mot. Tout au moins sait-on que l’ouvrage a été placé sous la tutelle du ministère de la Culture et du Tourisme, selon le décret de répartition des services de l’Etat. On sait également que Wade en avait confié la direction à l’ancien ambassadeur, Abdel Kader Pierre Fall qui, en est toujours l’administrateur et qu’une fondation avait même été agitée par l’ancien président-concepteur du monument et dont la gestion devait être confiée non pas à son fils Karim, mais à sa fille Sindjély. Une fondation qui par ailleurs, serait chargée de récolter les recettes du Monument « au profit de la Case des tout-petits », ainsi qu’en avait décidé président-concepteur. En somme, un méli-mélo qui rend encore plus flou ce qui tourne autour de ce monument et dont le président Macky ne parle plus.

L’un et l’autre

Le candidat, lui, en pleine campagne électorale 2012, avait bien voulu lâcher quelques chiffres sur la question lorsque, leader de la coalition Macky 2012 et fustigeant le mode financement, il estimait que le monument a été érigé non pas avec 14 mais « 85 milliards de FCfa ».

Pour permettre à l’infrastructure de faire rentrer beaucoup d’argent, l’administrateur du monument de la renaissance avait annoncé une société d’exploitation dotée d’un budget de 200 millions dont 55% du capital proviendra de l’Etat et le reste à partager entre deux actionnaires, l’un 30% et l’autre 15%. Qui est l’un et qui est l’autre ?

Toujours est-il que le statut juridique de ladite société d’exploitation en faisait une société anonyme à participation majoritaire publique et les détails de cette création devaient être « publiés dans un journal à publication légale ».
Le must c’est qu’au même moment, l’administrateur du monument déclarait n’avoir reçu « aucune demande concernant un audit du montage financier du monument » avant d’ajouter que celui-ci « n’est pas une société publique, donc il ne peut pas être dans le champ de l’autorité qui s’occupe des marchés publics ». Si tel est le cas à qui appartient donc ce fameux monument que Macky Sall avait promis de « démolir » et qui, rappelons-le, est désormais placé sous la tutelle du ministère de la Culture et du tourisme ?

On admettra quand même qu’il n’y a que embrouilles et bizarreries dans ce dossier dont notre confrère de la Gazette, dans sa livraison numéro 16 de la semaine du 2 au 9 juillet 2011, avait livré les « secrets enfouis ». Notre confrère attestaient que le président Wade en avait fait sa « propriété exclusive » en enregistrant le monument de la Renaissance à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi) par son représentant Me Ousseynou Fall, de même qu’il l’avait également déclaré au Bureau sénégalais des droits d’auteur (Bsda)..

Dans la même veine, notre confrère nous apprenait que l’édifice a été créé au même titre que le Musée des civilisations et que le financement « a été complètement pris en charge par l’Etat du Sénégal, par le biais d’un contrat signé entre le ministre de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire (Assane Diagne à l’époque) et l’entreprise Nord coréenne, Mansudae group chargé de la construction ». C’était le 28 juillet 2007. Mieux, pour convaincre la partie coréenne à s’engager dans la réalisation de ce joyau, les autorités sénégalaises étaient obligées de procéder à un change en cédant les terres d’une valeur de 11 milliards de francs Cfa en échange de la construction de l’édifice, écrivait notre confrère. L’édifice est toujours debout, mais son ombre plane encore sur le chemin de la transparence et de la restitution des biens publics sauvagement malmenés.

En route vers…

Par ailleurs, le président Macky Sall est attendu sur un autre dossier qui a autrement « fracassé » la chronique et sur lequel on ne comprend toujours pas son silence, quand bien-même il faille parler d’ « Etat de grâce ». Un dossier dont il est du reste pleinement conscient, lui dont la rupture avec le père spirituel est partie justement d’une affaire de gestion, celle des comptes du sommet de l’OCI(Organisation de la conférence islamique).

Un duel sur l’éthique et la morale dans la gestion des deniers publics et dont le dénouement fut le parricide politique du 25 mars 2012, avec la victoire de l’élève sur le maître. Sa priorité est certes de réduire, de façon drastique, le train de vie de l’Etat. Il y est, ne faisons pas la fine bouche. Mais c’est que cet Oci-là a saigné le Trésor public et accéléré la crise financière dans laquelle se débat encore le Sénégal alors qu’au départ, il ne devait « pas coûter un seul centime à l’Etat sénégalais » et à ce titre, il est une urgence aujourd’hui d’en étaler les entrailles, « sans protéger personne ». Car, entre surfacturations, dysfonctionnements, violations dans la procédure d’appel d’offres, ententes, gré à gré, retards, entre autres malversations, le dossier qui est passé pour être « le scandale du siècle » dans le pays aurait englouti des centaines de milliards des caisses de l’Etat. Il serait impensable de le passer par pertes et profits.

Et puisque le président Macky veut vraiment gouverner autrement en « réduisant la voilure et en renforçant l’efficacité et l’efficience », et comme dit son ministre de la Jeunesse, de la formation professionnele et de l’emploi, hier mardi face au patronat, « amoindrir l’aspect politique pour mettre l’accent sur les capacités techniques », pourquoi garde t-il aussi le silence sur cet autre monstre « inutile et budgétivore » qui est le Sénat, chambre haute… en couleur politique, du Parlement? Sa suppression par un référendum constitutionnel ou à tout le moins sa réforme, pourrait faire économiser des milliards de nos maigres sous, payés à une clientèle politique bleue (qui risque de devenir marron ?), d’autant que cela fait partie des conclusions des Assisses nationales. N’est-ce pas M. le Président !

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