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Samba Ndiaye, Maire de Ndoffane «Le rôle que j’ai joué avec Madické Niang et Youssou Ndour dans l’exclusion de Macky Sall du Pds»

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Samba Ndiaye est un responsable du Parti démocratique sénégalais (Pds), maire de Ndoffane (département de Kaolack) et Directeur général de la Société d’investissement et de restructuration navale (Sirn). Cadre de la formation libérale, il brise le silence, fait une lecture critique de la gestion de son parti, dessine son avenir politique et juge Macly Sall.

Comment vivez-vous la situation dans laquelle le Pds est actuellement ?
Je crois que ce sont les aléas de la vie. Dans la vie, les choses vivent et meurent. Je ne dirais pas que le Pds est mort, mais le Pds est né d’une certaine façon en 1974 avec Me Wade. Le parti a connu ses moments de gloire. Le sommet, c’était en 2000 et aujourd’hui, nous connaissons une situation extrêmement difficile, avec la perte du pouvoir en 2012 et bien entendu, tout ce qui s’en est suivi, c’est-à-dire, les divisions que tout le monde connaît. Avec les groupuscules qui naissent à gauche et à droite. Je crois que ceci relève d’un problème de gestion du parti et on ne peut que regretter cette situation.

Et la faute incombe à qui ?
Elle incombe d’abord aux responsables du parti, le Secrétaire général (Wade) en tête, parce que Macky Sall qui est aujourd’hui président de la République, était du Pds, il en était un responsable. Idrissa Seck, pareil. Il était directeur de campagne de Me Wade et son homme de confiance. Aminata Tall, elle, était la dame de fer du Pds. Que tous ces gens aient quitté, c’est qu’il y a un problème. Dans notre parti, il y a une culture de l’exclusion. Parce que moi-même, j’ai vécu des situations où, c’est le secrétaire général lui-même qui me l’a dit, des cadres lui avaient confectionné un rapport pour qu’il m’exclue du parti. Il a fallu que je lui tienne un langage honnête pour qu’il comprenne qu’il y a toujours des gens qui travaillent à écarter d’autres.

Pourquoi ne vous êtes-vous pas battus contre l’exclusion de responsables que vous avez cités plus haut ?
En 2008, peut-être que je n’étais pas connu, parce que j’étais le secrétaire général dans mon Ndoffane, quand il y a eu le problème avec Macky Sall. J’ai été le seul à organiser une conférence de presse à la Gouvernance de Kaolack, pour dire que ce n’était pas bien qu’on exclue un homme de cette envergure. A ce moment, j’avais proposé Madické Niang et Youssou Ndour pour faire les médiations. Et Madické avait accepté de jouer ce rôle, parce qu’il m’avait reçu avec ma délégation. Il avait loué la démarche et avait pris la résolution de s’engager dans cette démarche qui consiste à faire la paix, de sorte que Macky ne quitte pas le parti. Par la suite, j’ai rencontré Ablaye Sène, président du conseil régional de Fatick. Pour Youssou Ndour, j’ai eu des contacts avec lui par l’entremise de Mara Dieng. Par la suite, cela n’a pas abouti car il ne m’a jamais reçu. J’avais pris mes responsabilités et peut-être même que Macky va m’en vouloir. Parce que si j’avais réussi, il ne serait pas aujourd’hui président de la République. Quand il s’est agi d’exclure Idrissa Seck, il y a eu des problèmes, je me suis opposé et je l’avais déclaré dans la presse. Concernant Aminata Tall, le bureau des cadres a tenu une réunion dans mon bureau, pour essayer de trouver une solution par rapport à la situation qui prévalait. A la suite de notre réunion, nous avons retenu de l’appeler et d’aller la rencontrer pour essayer de trouver une solution. On l’a même appelée, une date avait même été retenue, mais par la suite, mes «frères» ont dit qu’il y a deux hauts responsables qui les ont appelés pour qu’ils ne fassent pas cela. Voilà une des causes qui ont fait que des problèmes ont commencé à surgir au sein de notre structure. Je ne suis pas du genre à jouer les entremetteurs pour que des gens ne jouent pas les bons offices pour réconcilier les gens. On a tenu une réunion et les cadres qui liront cette interview, sauront que j’ai dit la vérité. J’ai toujours été contre l’exclusion et toutes ces démarches le prouvent. Malheureusement, j’ai été victime de cela, parce qu’à un moment donné, des gens ont envoyé des rapports au Président, prétextant que j’avais perturbé la réunion des cadres, alors que j’avais juste pris une position contraire à celle de la majorité. Moi, je considère qu’un cadre, c’est quelqu’un qui doit avoir une liberté de ton et d’action. Je me la suis toujours donnée.

Depuis la défaite du Pds, votre parti est miné par des divergences et même par un vent de rébellion. Samba Ndiaye est parti ou il est toujours au Pds ?
Je suis dans le Pds, mais la crise qui est née aujourd’hui a pour origine les investitures.

Etes-vous investi sur les listes ?
Je ne suis pas investi. Je ne suis pas informé, je ne sais pas ce qui se passe. J’ai traversé une période assez difficile, un problème de famille. Je n’ai jamais été saisi ou contacté.

Vous soutenez quelle liste ?
Je vais vous surprendre. Quand j’ai analysé ces listes, je me suis rendu compte que pour le Pds, il y a deux listes nationales. Pour moi, il y a deux listes nationales. Une liste nationale avec les membres de l’ancien gouvernement, où il y a tous les anciens membres du gouvernement et la liste de l’ancien Parlement, qui est la liste dirigée par Pape Diop. Ce sont les mêmes dirigeants qui ont reçu un carton rouge de l’arbitre, le peuple sénégalais, qui essaient de passer par d’autres voies pour ne pas purger leur match de suspension. Moi, je suis un non-aligné. Je ne suis dans aucune de ces listes et je considère que le parti doit avoir une autre ligne, différente de la ligne de gens qui ont fait leur temps et qui continuent à accaparer…

Qu’est-ce que vous proposez ?
J’appelle tous les militants. Moi et les gens qui sont comme moi…J’avais un mouvement ponctuel pour les élections de 2012. Nous avons jugé que ce mouvement doit connaître une mutation et nous l’avons appelé «Alternative 2000». Nous ne sommes dans aucune liste, aucun courant. Nous sommes notre propre courant, nous incarnons la jeunesse.

A part vous, est-ce qu’il y a d’autres personnalités connues du Pds qui soutiennent ce mouvement ?
Aujourd’hui, ce qui est fondamental, c’est la vision que les gens ont de ce qu’on fait. Comme vous le savez, le Sénégalais a atteint un niveau de maturité politique tel qu’il ne s’agit pas simplement d’avoir à côté de soi quelqu’un qui a de la notoriété pour réussir. Nous croyons en nous-mêmes, et nous sommes persuadés que les gens vont venir nous rejoindre, et nous formerons un groupe solide qui sera là, pour préparer éventuellement un congrès ou autre chose. En tout cas, nous sommes là et nous considérons que nous constituons une force dans le parti.

Est-ce que vous comptez rester au PDS ou alors vous êtes en marge du PDS maintenant ?
Nous sommes dans le parti…

Est-ce que vous en avez parlé avec le secrétaire général national du parti ?
On n’en a pas parlé avec lui

Vous comptez le faire ?
S’il pense qu’on doit le faire, il n’y a pas de problème, mais vous savez, nous sommes en démocratie, les gens ont la liberté de prendre des positions. Nous sommes des militants, nous avons été exclus des listes, j’ai demandé tout à l’heure comment les listes ont été constituées, mais je considère qu’on a aujourd’hui la liberté de nous constituer en groupe dans le parti pour défendre nos intérêts, et c’est ce que nous sommes en train de faire. Et la suite, ce sera le jour du congrès. Si les choses se passent démocratiquement, je suis persuadé que nous pouvons nous en sortir largement, parce que la masse silencieuse va se reconnaître dans ce que nous disons.

Et qu’est-ce que vous leur offrez de nouveau ?
Ce qu’on offre de nouveau, c’est d’abord la crédibilité, la bonne gestion. La plupart des gens qui sont sur ces listes sont accusés d’enrichissement illicite, certains ont même maille à partir avec la justice à propos de questions que je ne vais pas évoquer ici. Nous voulons nous démarquer de ces choses. J’avais dit au secrétaire général national, en son temps, qu’il y a des gens que ne suivraient pas à un éventuel échec.

Mais, n’êtes-vous pas dans le même cas que ces responsables qu’on traque pour enrichissement illicite, parce que vous êtes directeur général d’une société nationale…
Oui, mais tout ce qui se fait, je l’appuie, je suis pour les audits, pour qu’on regarde de près ces histoires d’enrichissement illicite. Je considère que, lorsqu’on gère la chose publique, on doit être audité. Et de ce point de vue, je suis tranquille, parce que je ne peux pas comprendre qu’en tant que maire d’une commune rurale, des villages soient rattachés à ma commune, où des femmes meurent en couche parce qu’elles n’ont pas de cases de santé, et que des gens se tapent indûment des immeubles ou des villas à n’en plus finir, des comptes bourrés d’argent, simplement parce qu’ils occupent des positions stratégiques. Je pense que ce sont des choses contre lesquelles il faut lutter. Moi j’ai aidé un village à avoir de l’électricité, à l’époque, on a dépensé 20 millions pour électrifier tout le village. Imaginez quelqu’un qui a pris un milliard ou 500 millions, combien de villages cela peut-il électrifier au Sénégal? C’est inadmissible et je ne peux pas le cautionner. Je pense que le Président Wade est hors de ces choses-là, mais les autres n’ont qu’à se défendre et démontrer qu’ils n’ont rien fait. Il n’y a pas à se crêper le chignon ou à crier son innocence sur tous les toits. C’est le devoir de l’Etat de faire en sorte que ces choses soient éclairées.

Vous semblez sûr de votre gestion à la SIRN…
Nul ne peut régner innocemment. Dans les rapports de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), vous verrez qu’il y a toujours des problèmes de procédure et des observations ont été faites. D’ailleurs, vous verrez que 90% du contenu du rapport concernent la gestion de 2000 à 2008. Je n’étais pas là-bas, moi je suis venu en 2009. Mais il y a des recommandations qui m’ont été faites en 2010, j’ai essayé d’améliorer, ils sont revenus en 2011 et se sont rendu compte que j’ai fait beaucoup d’efforts. Ce qui n’est pas acceptable, c’est de détourner de l’argent, de commettre des actes délictuels, des actes qui font que les gens vont penser que vous cherchez à vous enrichir illicitement.

Mais la justice n’a pas établi la culpabilité de quelque responsable libéral que ce soit
A ma connaissance, tous ceux qui ont été entendus ont été libérés, simplement parce que les gens n’ont pas encore les preuves qu’ils ont fait ceci ou cela. C’est cela que je salue.

Est-ce que ce n’est pas un tâtonnement, est-ce qu’il ne fallait pas asseoir le dossier avant de convoquer ?
Je ne suis pas juriste, ce que je veux dire et ce qui est clair, c’est qu’il doit y avoir des recherches ou des investigations pour voir dans quelle mesure il y a eu détournement de deniers publics ou enrichissement illicite. Mais la manière et la procédure doivent être réglementaires et exécutées par ceux qui doivent le faire. Maintenant, qui a fait ou qui n’a pas fait ? C’est aux tenants du pouvoir, qui ont les dossiers, qui devront le prouver. C’est à eux de prouver qu’untel a fait ceci ou cela.

Vous avez suivi Macky Sall depuis son installation, comment jugez-vous les actes qu’il a eu à poser ?
Macky Sall a été installé il y a moins de trois mois. Il y a deux choses que je retiens : une bonne et une mauvaise. La bonne chose, ce sont les conseils ministériels décentralisés. Mais quand il s’est agi de Kaolack, je m’attendais, au sortir du conseil, qu’on dise qu’à Kaolack, on investit 50 milliards par exemple, et à Ndoffane, 2 milliards. Je n’ai pas entendu cela et pour moi, c’est une grosse déception. Je m’attendais qu’on annonce telle ou telle chose dans les différentes localités.

Mais l’enveloppe est destinée à la région de Kaolack…
Oui mais j’aurais voulu entendre ma commune, parce que j’ai entendu parler de Kaolack, Nioro… mais je n’ai pas entendu citer Ndoffane. C’est une grosse déception, parce que j’attendais beaucoup de cette initiative, que je salue, mais si c’est juste pour les capitales régionales, je suis déçu. Pour le reste, il a nommé ses hommes, ils sont en train de fonctionner, et on attend les résultats. Au bout de trois mois, c’est un peu difficile de juger.

Comment appréciez-vous les sorties d’Abdoulaye Wade, sont-elles opportunes ?
Notre secrétaire général national a beaucoup fait pour ce pays sur le plan des investissements et il sera difficile de faire mieux. Mais sur le plan de la gestion des hommes, il sera facile de faire mieux que lui. Donc ce Président-là, qui a accepté sa défaite, j’aurais voulu qu’il garde le silence, pour que les choses fonctionnent normalement. Parce que ce qui me dérange, c’est l’exemple de l’assassinat d’un albinos dont il a accusé Pape Diop. C’est extrêmement gênant qu’un ancien chef d’Etat, qui a fait d’aussi bonnes choses, en arrive là avec un de ses ex-collaborateurs les plus proches, qui aurait même pu le remplacer en cas de problème.

Wade réagit aux attaques dont il fait l’objet sans que ses partisans, vous, par exemple, ne montent au créneau pour le défendre…
Quoi qu’il advienne, je pense qu’il y a un type de discours qu’il ne faut pas tenir. C’est mon point de vue.

Qu’est-ce qui vous a dérangé dans son discours ?
En ce qui concerne les voitures, je pense que le nouveau pouvoir a mis sur la place publique cette affaire, en disant qu’en réalité, il y a beaucoup de véhicules qui sont entre les mains des anciens tenant du pouvoir. Que je sache, beaucoup de ces véhicules ont été récupérés. En dehors de ceux-ci, je n’ai pas vu quelqu’un d’autre démontrer que les véhicules qui ont été récupérés ne sont pas les biens de l’Etat. Donc, je considère que si ce sont des véhicules du parti, il faut montrer les documents qui le prouvent. De ce point de vue, il est facile de donner des preuves.

1 COMMENTAIRE

  1. le titre devrait alors être :{Samba Ndiaye, Maire de Ndoffane «Le rôle que j’ai joué avec Madické Niang et Youssou Ndour CONTRE l’exclusion de Macky Sall du Pds»}! Dans le texte il est écrit : [Pour Youssou Ndour, j’ai eu des contacts avec lui par l’entremise de Mara Dieng. Par la suite, cela n’a pas abouti car il ne m’a jamais reçu.], pourquoi alors titrer sur Youssou Ndour? De la désinformation? Pas loin.

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