spot_img

ITV avec Mansour Ndiaye, membre de la coalition BBY :« La cohabitation entre pouvoir et opposition à l’Assemblée est dangereuse pour la pays »

Date:

Président de l’Union pour la Démocratie et la Réforme, Doolel Yaakar, un mouvement citoyen qui est en train de se muer en parti politique, Mansour Ndiaye, candidat déclaré à la présidentielle de 2012, avait finalement renoncé à la course, pour soutenir la candidature de Moustapha Niasse. Ce candidat investi sur la liste nationale de la coalition Benno Bokk Yaakar, revient de long en large sur l’actualité politique et ses ambitions. Dans cette interview à bâton rompu, ce diplômé en sciences économiques et en ingénierie financière, formateur et personne ressource au Bureau International du Travail (BIT) et spécialiste en finances islamiques, promet de s’impliquer considérablement dans la marche du pays. Toutefois, il avertit les électeurs sur les risques d’une cohabitation entre pouvoir et opposition à l’Assemblée nationale.

L’Office :

M. Mansour Ndiaye, vous êtes investi sur la liste nationale de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), mais apparemment vous n’avez pas fait une longue carrière politique, depuis quand avez-vous commencé à vous intéresser de la chose politique ?

Mansour Ndiaye :

Je suis entré en politique il y a exactement un an. C’était le 17 juin passé, date à laquelle j’avais déclaré ma candidature à la présidentielle. Il faut préciser que c’était le fruit de l’audace. Mais, j’étais également réconforté par le sentiment d’une écrasante majorité des Sénégalais que j’ai rencontrés pendant plus d’une dizaine d’années de militantisme associatif, de travail dans le cadre de programme de développement de lutte contre la pauvreté. Les gens que j’ai rencontrés sur mon chemin, qui sont en manque dans beaucoup de chose et qui vivent les contraintes de la vie, m’ont poussé à m’engager à faire de la politique. Cependant, nous comptons faire la politique autrement, et cela passe par impulser une dynamique politique qui soit adossée à une vision de développement fortement colorée, pour pouvoir apporter un supplément de soulagement par rapport ce que j’ai rencontré sur le terrain. Pourquoi avez-vous décidé d’aller à BBY au lieu de faire cavalier seul ? Nous nous sommes battus d’abord aux côtés de Benno Siggil Senegaal, lors des présidentielles passées, en soutenant la candidature de Moustapha Niasse, une personne très expérimentée, que j’apprécie beaucoup. Nous étions au total 65 partis politiques, mouvements et personnalités, à travailler avec lui dans cette coalition. Au 2ème tour, nous avons décidé de soutenir Macky Sall sans condition, pour apporter les véritables réformes, parce que dans la logique cohérente de notre action , il est important que nous nous impliquions pour que les réformes attendus par les populations sénégalaises se fassent et que l’ensemble des acteurs qui sont autour du Président soient dans les dispositions de chercher les voies et moyens pour répondre à la demande sociale qui est extrêmement forte. Il faut dire que le Sénégal est un pays où le taux de chômage avoisine les 43%, l’accès à l’eau pose d’énormes problèmes. Plus qu’on s’éloigne de Dakar, ce taux de couverture peut chuter jusqu’à 44%. La précarité de la vie est visible, en matière d’institution beaucoup de choses ont été déstructurées pendant les 12 ans du régime libéral. Tout cela nécessite la mobilisation de tous les acteurs pour reconstruire l’Etat, pour que notre pays soit porté sur la voie de l’émergence. Nous nous inscrivons dans cette logique, pour que le Sénégal soit un pays à même de tutoyer les grandes nations.

Vous êtes en plain-pied dans la campagne électorale, quelle place occupe le mouvement Doolel Yakaar dans le dispositif de BBY ?

Nous sommes en train de battre campagne un peu partout sur le territoire national et nos militants sont dans les comités électoraux où ils abattent un travail remarquable. Moi-même, je viens du Walo où j’ai fait des campagnes de proximité et des meetings. J’ai également fait Louga. Notre objectif est de donner une majorité intelligente à Macky Sall, pour accompagner l’œuvre de refondation des institutions, de répondre à la demande sociale, nous comptons le faire selon notre conscience, il faut que nous partions des grands acquis, comme les assises nationales, le programme commun autour duquel nous avons battu campagne et nous avons gagné, et sur les axes de développement sur lesquels nous avons trouvé un accord. Mais, il faut préciser que le Sénégal n’a pas encore acquis une maturité démocratique pour tenter une cohabitation entre le pouvoir et l’opposition. Même la France qui l’avait tenté, l’a apprise à ses dépens. Il faut que tous les Sénégalais sachent que pour que Macky Sall puisse réaliser ses engagements, il lui faut une majorité considérable et confortable à l’Assemblée nationale. L’heure est au réveil collectif. Nous devons être cohérents, pour mieux poursuivre cette dynamique enclenchée dans le but de nous débarrasser complètement du régime libéral. Depuis le 23 juin qui a été l’expression de plusieurs frustrations dans ce pays. Il faudra donner cette majorité à BBY, pour qu’ensemble qu’on puisse, dans le cadre d’une certaine diversité et d’une liberté d’opinion, accompagner et surveiller l’action gouvernementale qui est en place.

Comment la population a accueilli votre discours ?

Elle l’a accueilli avec beaucoup de satisfaction. Tous les actes posés par le régime nous réconfortent en ce sens. En tant qu’organisation ayant sa base fondamentale dans le Walo, nous avons posé beaucoup d’actes au profil des jeunes et des femmes depuis un an, par rapport à la gouvernance de ce pays et à son avenir. Le Walo dans son ensemble a voté pour BBY, par soucis de cohérence, il est bien disposé à voter pour notre liste. Seulement, s’il y’a quelques éléments qui perturbent la conscience citoyenne aujourd’hui, c’est la transhumance. J’ai constaté que des gens, par le truchement de la transhumance, puissent se maintenir pendant plus de trentaine ans à la tête de la gouvernance locale. Les politiciens font de la transhumance sans vergogne. Après le renouvellement au sommet de l’Etat et des institutions, il faut que la démocratie locale suive cette tendance. Par exemple, dans la communauté rurale de Diama, des responsables investis sur la liste du Pds ont quitté cette formation politique pour rallier l’Apr. C’est désolant ! Cependant, je suis réconforté par la position de Macky Sall, qui soutient qu’il ne protège personne. Il faut que la classe politique donne des signaux forts pour combattre la transhumance, qui une rupture de contrat morale, qu’on retrouve dans notre société qui gangrène notre démocratie. La transhumance ne doit pas être un moyen d’ascension politique.

Vous aviez déclaré votre candidature à la présidentielle avant de la retirer, êtes vous prêt à rééditer ce coup ?

Quand je me présentais pour la présidentielle, j’avais 41 ans, aujourd’hui j’ai 42 ans. Nous les jeunes devons nous impliquer dans la politique, car il faut qu’il y ait un renouvellement de la classe politique. Notre pays doit consacrer un trait d’union intelligent entre les générations. Dans la classe politique on voit les mêmes personnes depuis plus de 50 ans. Je ne dis pas qu’elles doivent dégager, mais il faut faire un trait d’union entre les générations, ce qui permettra de garantir à notre pays à une certaine stabilité, pour continuer le cheminement démocratique et à conserver les valeurs de cette République dont les fondateurs sont Mamadou Dia, Cheikh Anta Diop etc. Pour poursuivre ce processus de démocratisation, des renouvellements doivent s’opérer à tous les niveaux, dans les institutions, au sommet de l’Etat et dans les collectivités locales. Cela permettra le renouvellement dans la classe politique, le renouvèlement dans les partis politiques, pour permettre à la démocratie de respirer et de garder ses fondamentaux. Raison pour laquelle, avec tout notre courage et notre engagement, nous militons pour un projet politique qui mette en avant les valeurs, car la politique n’a de sens que quand elle est adossée à une vision du monde, en matière développement, d’amélioration des conditions de vie, c’est une relation très sincère que nous sommes en train de mener autour d’un certain nombre de valeurs que nous portons. Et, au-delà même ces élections, il faudra que notre pays puisse sortir des sentiers battus pour que certains équilibres macroéconomiques soient restitués. Vous savez, notre priorité c’est la politique de l’emploi. Aux Usa, aucun président n’a été réélu avec un taux de chômage qui dépasse 7,2%. C’est important, car au Sénégal le taux de chômage est exponentiel.

Quelle est l’idéologie de votre mouvement ?

Nous nous réclamons de l’idéologie centrale, par rapport à la modération, le Sénégalais est modéré par nature. Il n’est ni extrémiste, ni laxiste. La majorité des Sénégalais est au centre de notre projet politique. Vous savez, les Sénégalais ont tous des valeurs, une foi et une spiritualité. Cela se reflète dans le cadre de nos projets. Il y a une minorité qui porte des contre-valeurs, c’est pourquoi, nous ratissons large, nous voulons mettre en avant cette majorité là. Aujourd’hui, il y a la question des audits, vous êtes économiste, pensez-vous que ceux-ci peuvent être profitables au pays ? Les audits rentrent dans le processus normal de l’action gouvernementale. L’audit n’est qu’un instrument de contrôle. Cependant, il ne faut pas que le pouvoir l’utilise comme un outil de marchandage politique. Tous les concernés doivent être audités. Nous devons faire en sorte que l’audit soit une règle, car il est nécessaire qu’on rende compte après une gestion. Cela ne fait que renforcer le contrôle citoyen. Par exemple, les Sénégalais ont besoin de savoir beaucoup de choses sur l’ANOCI

Quel est votre dernier mot ?

Je profite de cette occasion pour demander aux électeurs de voter pour la liste de la coalition BBY. Le Sénégal ne peut pas vivre une cohabitation à l’Assemblée nationale. Nous serons à l’hémicycle, pour défendre le peuple. Nous allons voter des lois qui auront un impact réel sur la population. En outre, nous tenons à préciser qu’on doit mettre un bémol au cumul de mandats. On ne peut pas être ministre et maire. Les collectivités ne doivent pas être gérées par délégation ou par procuration.

Propos recueillis par Abdourahmane Mbodj
loffice.sn

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_img

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Football-Conflit autour du Ballon d’Or 2024 : un journaliste namibien flingue Florentino Perez

XALIMANEWS-Sheefeni Nicodemus, journaliste namibien, etait impliqué dans les votes...

Bijou Ngoné célèbre son cinquième mariage

XALIMANEWS- Bijou Ngoné a célébré son mariage avec M....