Anarchique ! Le champ politique sénégalais l’est à l’évidence, au vu du nombre de formations politiques existantes. S’il était clair que certains prétendus partis dirigés par des loquaces n’existent que par la force polémique de leur secrétaire général, les Législatives de dimanche dernier, ont permis également de voir que d’anciennes grandes formations ne sont plus que des tonneaux vides. Couvertes par le voile pudique de la coalition !
Plus de 200 partis dans un pays de 13 millions d’habitants. L’information ne peut pas manquer de faire tilt dans l’esprit d’un étranger. C’est à se demander, à la limite, si chaque famille n’a pas son propre parti. L’essentiel sera donc de savoir, politiquement, ce que valent ces formations. Si les observateurs avertis ne se trompaient guère du poids de certains parmi eux, le doute était, cependant, persistant pour d’autres. Les résultats des Législatives viennent de donner une idée plus nette de la valeur politique des uns et des autres.
Pour certains partis, tout est clair. Ils n’existent que parce que le secrétaire général -si tant est qu’il existe un secrétariat général-, est ou a été un personnage charismatique, avec un parcours politique remarquable. Ou encore, dans d’autres cas de figure, parce que le leader a une langue acerbe et est prêt à dégainer son sabre oral contre tout ce qui bouge.
Combien de Sénégalais, en effet, connaissent le numéro deux du parti dirigé par l’avocat Me El Hadji Diouf ? Ils sont certainement peu nombreux ! Et pourtant, l’homme s’était donné trop d’importance. Allant même jusqu’à nous faire croire que tous les sondages avant l’Election présidentielle le donnaient vainqueur. Pourquoi n’était-il pas candidat alors à la Présidentielle, s’il était sûr de sa victoire ? Réponse : «C’est parce que mon frère Moustapha Niasse m’a demandé de le soutenir. Je ne peux pas le lui refuser.» L’histoire retiendra que ce même Moustapha Niasse lui a tendu la main lors des Législatives. Une offre qu’il a déclinée. Mieux, Me El Hadji Diouf a voulu même s’approprier la victoire du Peuple le 23 juin 2011. Se faisant passer pour le député sur qui l’œil du Peuple se portait. Invité de trois émissions télévisées en l’espace d’une semaine, il a voulu s’approprier, par la force, le nom de député du Peuple. Les journalistes qui ont voulu poser une question allant dans le sens contraire en ont pris pour leur grade, mais à l’arrivée, le Peuple a clairement montré qu’il ne se reconnaît pas en l’avocat. Maître, vous n’êtes donc pas le député du Peuple !
L’avocat est loin d’être un cas unique. Au moins les Sénégalais savent que lui est chef de parti. Mais combien de secrétaires généraux, le citoyen lambda prend pour de simples militants du parti au pouvoir, alors qu’ils sont en réalité des alliés ? Des exemples comme le député Aliou Dia font légion. Et Dieu sait qu’à propos de ces formations politiques, seules deux choses sont connues : le nom du secrétaire général et son numéro de téléphone.
A côté des ces partis, il y a d’autres qui, à une certaine époque, avaient un poids politique réel. Mais au fil des années, ces formations ne sont plus que de grosses caisses vidées de leur substance, même si à la faveur des coalitions, elles sont parvenues à entretenir le flou, faisant miroiter qu’elles sont toujours politiquement importantes. Les scores de Souty Touré, de Abdourahim Agne et de Djibo Kâ montrent clairement que le Parti socialiste authentique (Psa), l’Union pour le renouveau démocratique (Urd) et le Parti de la réforme (Pr) ne valent plus la moitié de ce qu’ils étaient. Et il a fallu attendre que le Pds décide de congédier ses alliés pour qu’on en soit édifié. Et si l’actuel parti au pouvoir décidait d’en faire autant ? On saurait enfin, la valeur d’autres leaders comme Jean-Paul Dias, Samba Diouldé Thiam, Zahra Iyane Thiam, etc. Ce serait alors une sorte d’élection de représentativité qui permettrait de mieux rationaliser le champ politique… trop anarchique !
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