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LECTURE DES RESULTATS DES ELECTIONS LEGISLATIVES Macky Sall, un Président en otage

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Les résultats des élections législatives du dimanche 1er juillet livrent leurs petits secrets. Au-delà du nombre de députés récoltés par les différents partis et coalitions engagés dans la compétition électorale, ce scrutin recèle de vérités incroyables.

Et si tout n’était que chimère : les chiffres triomphaux, les sourires factices, les félicitations exacerbées. Et si tous ces flonflons autour de l’écrasante victoire de la coalition Bennoo Bokk Yakaar (BBY) aux élections législatives de dimanche dernier cherchaient plutôt à occulter une réalité plus inquiétante. A cacher une vérité plus crue : Macky Sall a tout d’un Président en danger. Sa mandature au sommet de l’Etat du Sénégal s’annonce soit partageur, soit difficile.
Dans le menu détail du verdict tombé des urnes, il pointe comme une impression d’un chef de l’Etat pas trop libre de ses actes et ne disposant pas de l’indépendance suffisante pour mener en toute tranquillité sa «politique de rupture». Certes sa coalition BBY est sortie largement majoritaire avec 118 députés, Macky Sall sera loin d’être en totale sécurité au sein de l’Assemblée nationale. Son parti, l’Alliance pour la République (Apr) ou sa coalition «Macky2012» qui a tiré BBY, est loin de disposer de la majorité mécanique, qui lui aurait permis de gouverner sans grandes concessions à ses alliés du second tour de la Présidentielle, en l’occurrence le Bennoo Siggil Senegaal originel et d’autres partis majeurs comme le Rewmi d’Idrissa Seck. Des résultats sortis des urnes et de la configuration des listes des investitures (majoritaire et proportionnelle) de Bby, il ressort que l’Apr, le parti du Président, ne compte «que» 61 sur les 118 députés de la majorité. Soit le tiers de la représentation nationale. Du coup, Macky Sall aura toujours besoin de composer avec ses alliés pour faire voter «ses» lois, «son» budget ou «ses» mises en accusation. Une posture forcée d’équilibriste, appréhendée dès la confection des listes d’investitures de BBY par son fidèle Moustapha Cissé Lô, qui pourrait se révéler, pour le moins, inconfortable. Pour le plus, suicidaire.

La fin du «je décide seul»

LES ALLIES, MAITRES DU JEU, MACKY CONTRAINT A LA «COHABITATION». Cette situation place le président de la République dans une logique de cohabitation forcée. Les autres sièges, qui lui confèrent une majorité confortable, sont tenus par ses alliés de BBY comme Bennoo Siggil Senegaal (Bss) de Moustapha Niasse avec 18 députés, Bennoo ak Tanor riche de 17 sièges et de «Idy4President» de Rewmi fort de ses 10 sièges.
Cette configuration de la majorité présidentielle pourrait offrir une diversité salutaire à l’Assemblée nationale qui disposerait d’un groupe parlementaire moins inféodé à un parti ou à un Président, mais elle exige à Macky Sall de rester toujours ouvert aux exigences de ses alliés. La réalité politique veut qu’il reste l’«otage» de ses anciens adversaires de la Présidentielle du 26 février 2012 : Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et Idrissa Seck. La stabilité du régime de Macky Sall dépend des humeurs et, surtout, des intérêts de ces trois hommes politiques et de leurs partisans. Macky Sall est contraint d’accéder à la plupart de leurs volontés, au risque de vivre des moments de gouvernance difficiles.
Le leader de l’Apr et chef de l’Etat n’a pas les coudées franches. Le contexte dicte qu’il revoie sa position. «Je décide seul», avait-il juré dans une interview accordée à l’hebdomadaire «Jeune Afrique». Ce discours est révolu. Le Président est obligé de reconsidérer sa position, il ne peut prendre aucune décision majeure sans la bénédiction de ses alliés. Le chantage politique s’invite au règne de Macky Sall. Désormais, à côté de la signature visible des décrets de nomination du chef de l’Etat, se cachent les empreintes des alliés. Seul gage de validation des choix de Macky Sall.
Surtout que la composition quelque peu hétéroclite de la majorité au sein de BBY annonce naturellement des frictions au sein de l’Hémicycle. Dans une coalition où les intérêts divergent essentiellement sur la volonté affichée des différents partis à exercer le pouvoir, une entente à long terme semble être un doux rêve. Une utopie politique. La perspective d’une cassure étant évidente, une éventuelle rébellion d’un des partis ou sous-coalitions pourrait sonner le blocage de l’institution. Du coup, le gouvernement pourrait être sous à la menace persistante de motions de défiance ou de censure. A moins que la realpolitik dicte une nouvelle alliance de survie au sein de la «grande famille libérale» composée des députés de l’Apr, du Parti démocratique sénégalais (Pds) et de Bokk Gis Gis. Cette alliance serait forte de 78 députés. Une majorité certes, mais très juste.

Niasse, Tanor, Idy gâtés par le Macky

LA GENEROSITE SUICIDAIRE DU PRESIDENT. Pourtant, Macky Sall pouvait ne pas se retrouver dans une situation aussi inconfortable. Mais le système retenu en commun accord avec ses alliés pour établir les listes d’investitures a été in fine en sa défaveur. Après leur avoir offert des sièges dans des départements où ils sont relativement majoritaires, Macky Sall a aussi fait la part belle à ses alliés sur la liste proportionnelle (nationale). Au décompte final, la coalition Macky2012 n’a pas pu se tailler la part du chef…de l’Etat.
Mieux, Macky Sall a servi à ses «compagnons» du second tour des parts largement au-dessus de leur capacité. Si le partage des sièges avait été fait sur la base des résultats obtenus par chaque candidat à la Présidentielle (Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et Idrissa Seck), aucun d’entre eux n’aurait obtenu le nombre de députés récoltés aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Mieux, les formations comme le Parti socialiste (Ps), l’Alliance des forces du progrès (Afp) et Rewmi, qui suivent depuis les élections de 2000 une tendance baissière de leur score, se sont retrouvés avec un nombre de députés qu’ils n’ont jamais réussi à avoir lors des précédentes élections législatives. En 2001, le Ps qui venait le perdre le pouvoir, s’était contenté de 10 députés, alors que l’Afp s’offrait un compte honorable de 11 sièges. De cette date à aujourd’hui, les scores de ces deux formations politiques lors des successives consultations électorales ont pris une courbe descendante très inquiétante. Jusqu’à ce que Macky Sall leur tende une perche qui, au gré des intérêts politiques du moment, pourrait se retourner contre lui…

Oumar Sarr meilleur que Tanor

LE PDS FAIT MIEUX QUE LE PS. Si Macky Sall a gâté ses alliés, la famille libérale s’est bien comportée dans l’ensemble de ce scrutin du dimanche. Si l’on compare les résultats obtenus par le Parti socialiste en 2001 au lendemain de sa perte du pouvoir à ceux obtenus par le Pds en 2012, il ressort que le parti de Wade a mieux digéré que le Ps la sortie forcée des dorures du Palais. Lors des législatives de 2001, la formation socialiste s’était retrouvée avec seulement 10 députés sous la houlette de Ousmane Tanor Dieng, alors que le Pds de la tête de liste Oumar Sarr, quoique fragilisé par une dissidence des membres de Bokk Gis Gis, a pu arracher 11 députés, en s’emparant de deux départements (Kédougou et Koungheul).

Pape Diop, honneur sauf

BOKK GIS GIS S’IMPOSE. Dissidence du Pds, la coalition Bokk Gis Gis (Bgg) essentiellement composée de fortes personnalités politiques comme la tête de liste et Président du Sénat, Pape Diop, du Président de l’Assemblée nationale, Mamadou Seck, d’anciens ministres et députés libéraux, s’est bien comporté en arrachant 6 sièges. Cette performance place Bgg dans une logique d’exiger une reconnaissance politique. Son poids au sein de l’Hémicycle n’est pas négligeable, cela lui confère une position de négociation très ouverte avec les différentes forces présentes à l’Assemblée nationale. D’une part, Macky Sall pourra s’ouvrir à eux en cas de brouille avec ses alliés d’aujourd’hui. D’autre part, le Pds, en quête de plus de force, pourrait se rapprocher de la dissidence pour des retrouvailles stratégiques. A ce moment, Pape Diop et compagnie auront quelque chose à poser sur la table en guise d’apport à l’investissement politique. Et comme les actions génèrent des dividendes…

Djibo, Agne, Decroix, la triste fin des «dinosaures»

LA RETRAITE FORCEE DES «DINOSAURES». Les élections législatives du 1er juillet dernier ont consacré la fin de nombreuses carrières politiques. De longs et très honorables parcours ont été couronnés par des échecs retentissants. Grandeur et décadence. Sur les 24 listes alors en compétition, figuraient des hommes politiques d’hier et d’aujourd’hui. Djibo Leyti Kâ, riche d’un parcours de plus de 30 ans de présence sur la scène politique et d’une expérience ministérielle de près de 20 ans, n’a pas réussi à capitaliser les 30 mille voix nécessaires pour avoir un siège à l’Assemblée nationale. Pourtant, en 1998, le Secrétaire général de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd) trônait au sommet de sa gloire politique. A ces élections législatives, son parti, qui venait juste de naître, était fort d’une représentation de 11 députés à l’Assemblée nationale. Cette force s’affaisse en 2001, l’Urd se retrouvant qu’avec 3 députés.
Après une longue période d’hibernation, Djibo Kâ et son parti empruntent la voix du «portage» et suivent le Pds qui tombe en mars dernier. Depuis dimanche, Djibo Kâ se rend compte que le Sénégal a signé sa retraite politique.
Il n’est pas le seul dans cette situation inconfortable. L’ancien ministre de l’Environnement partage le même car en partance pour l’asile de la retraite politique avec le Secrétaire général du Parti de la réforme, Abdourahim Agne, et le patron de Aj/Pads, Mamadou Diop «Decroix». Ces deux derniers ne sont même pas en position de s’agenouiller devant le bol du «plus fort reste». Les limites apparaissent au grand jour. C’est la triste fin des «dinosaures».

SOURCE: L’OBS NDIAGA NDIAYE

2 Commentaires

  1. Cet article est dangereusement tendancieux. Le win-win strategy était de mise dans cette coalition. Autrement dit, un parti qui se hasardait à partir seul, y compris l’APR, récolterait bcp moins de siéges que ce qu’il gagne dans la coalition. Ne trompez pas les gens. Si Macky était parti seul avec sa coalition « Macky 2012 », il récolterait moins de 40 députés. Aussi simple que cela.C’est ce qu’il faut expliquer aux farfelus qui peuplent la direction de l’APR (Cissé Lo, War, Touré et autres fous).

  2. Jambar tu as raison sur toute la ligne. Si l’APR s’était présenté seul aux élections, ce serait une grande catastrophe. Pareil pour les autres formations qui composentb BBY. Finalement ils ont bien fait d’aller ensemble et de défaire le parti de wade, et leurs anciens amis de la cap 21. Maintenant,BBY doit travailler au gouvernement comme à l’assemblée pour le peuple et non pour un tel ou un tel. Si non, ce sera leur perte. Et c’est bien ainsi. WADE a dégagé, ses valets effacés, à BBY de démonter qu’ils sont là pour le peuple, et de travailler à régler les problémes des senegalais. Si non …

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