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Après la victoire : Macky sous haute surveillance

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Le président Macky Sall a bouclé 100 jours de règne. Cent jours qui ont coïncidé avec une victoire aux législatives. Victoire acquise avec l’aide d’une coalition hétéroclite. Comment le chef de l’Etat compte utiliser ce sacre après le plébiscite du 25 mars dernier ? Le peuple est tenaillé entre espoir et crainte. La fin de la récréation ?

Contrairement à son prédécesseur qui avait bénéficié d’une période de grâce d’au moins cinq bonnes années, le président Macky Sall a entamé son mandat tambour battant. Le pays qui a frôlé la catastrophe sous le régime de Wade ne veut plus être pris au dépourvu et surveille le nouvel élu comme du lait sur le feu. Les 65% des voix qui lui ont permis de terrasser son «maître», loin d’être un blanc seing, sont une sorte de baromètre destiné à lui montrer l’aversion que ce peuple avait fini d’avoir contre le régime de Wade. Comme pour confirmer ce choix du peuple, les 100 jours de Macky ont coïncidé avec la proclamation des résultats des législatives, marquée par l’irruption des religieux dans l’hémicycle. Un signal fort qui sonne comme un désaveu des politiques dont la versatilité a fini d’irriter le peuple qui aspire de plus en plus à une certaine moralisation du champ politique. Le taux très élevé d’abstention est aussi un autre baromètre qui démontre l’aversion des Sénégalais par rapport à certaines pratiques. Malgré ses innombrables promesses consistant à engager le Sénégal dans la voie de la rupture et de la bonne gouvernance, le peuple reste plus que jamais vigilant et l’attend à l’œuvre pour ne pas dire de pied ferme. Même s’il a réussi à poser quelques actes qui ont fait renaître l’espoir auprès d’une bonne frange des Sénégalais, il n’en demeure pas moins que d’autres ont fait naître une certaine crainte. Comme Wade leur avait appris que «les promesses n’engagent que ceux qui y croient», les Sénégalais ont retenu la leçon et ne veulent plus être pris au dépourvu. Parmi les chantiers du nouvel élu qui cristallisent le plus l’intérêt des Sénégalais, on peut citer entre autres la réduction des denrées de première nécessité, les audits et la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans.
Pour ce qui est de la réduction des denrées, les Sénégalais sont restés sur leur faim, d’autant que la baisse annoncée en grande pompe n’a pas eu les résultats escomptés chez les populations qui estiment qu’elle est insignifiante par rapport à leurs espérances. D’ailleurs, certains commerçants traînent les pieds et continuent d’appliquer les anciens prix comme si de rien n’était. Et récemment, une hausse du prix du pain est annoncée. Même si cette hausse n’est plus à l’ordre du jour, la psychose demeure. Malgré tout, certains n’ont pas manqué de saluer ce geste de bonne volonté, étant entendu que c’est l’espoir qui fait vivre.
Audits et bruits
Quant aux audits, force est de reconnaître qu’ils drainent beaucoup de bruits mais peu de résultats si l’on en juge par le nombre de responsables épinglés pour mauvaise gestion. Même si quelques arrestations ont été effectuées, on est encore loin du compte eu égard aux montants détournés et aux personnes impliquées. Le président Macky Sall avait invité les Sénégalais à lui octroyer une majorité confortable pour qu’il puisse mener à bien les audits. Maintenant que c’est chose faite, il faut qu’il aille jusqu’au bout de la traque. Le peuple qui a été victime de prédation et de spoliation réclame justice. Abdou Latif Coulibaly, un des responsables du nouveau régime parle d’environ 3000 milliards qui ont été distraits. Sans compter les 11 tonnes d’or subtilisées et dont l’hebdomadaire La Gazette a fait cas dans sa dernière livraison. Une somme astronomique qui a fini d’exaspérer ce brave peuple qui n’en finit pas de souffrir des excès de ses dirigeants. Ainsi, le président de la République a l’impérieux devoir de traquer tous ceux que l’on pourrait assimiler à des criminels car ayant ruiné des vies et mis à genoux une économie nationale. Parce que pendant que des malades peinent à se soigner dans les hôpitaux, faute de médicaments, pendant que des banlieusards pataugent dans les eaux faute d’infrastructures adéquates, pendant que des femmes meurent en couches faute d’ambulance pour les évacuer, certains responsables n’ont rien trouvé de mieux à faire que de profiter de leur position pour s’adonner à la nouba avec l’argent du contribuable. Donc quoi de plus normal que de réclamer une sanction exemplaire, à la hauteur des méfaits commis ? N’en déplaise à ceux qui parlent de chasse aux sorcières ou de règlements de comptes. Que tous les gloutons qui ont englouti les deniers publics avec une voracité sans commune mesure rendent gorge. Il est temps que le nouvel élu mette en place des mécanismes qui ne permettront plus de tels excès. Son Premier ministre, Abdoul Mbaye, a, lors d’une rencontre tenue avec les forces vives, laissé entendre que le gouvernement de Macky Sall s’adossait sur le triptyque d’une gouvernance protectrice, transparente et efficiente. En tout cas, Macky Sall doit avoir à l’esprit que du résultat des audits dépend en grande partie la survie du pacte de confiance qui le lie au peuple.

Mandat
Même si le nouvel élu a donné la ferme assurance qu’il ne reviendra pas sur sa promesse de le ramener de 7 à 5 ans, le peuple l’attend au tournant. N’en déplaise à certains de ses affidés qui émettent des notes discordantes. Toujours est-il que cette décision de réduire le septennat est très noble surtout qu’elle survient à un moment où des dirigeants africains s’accrochent comme des sangsues à leur pouvoir au risque de plonger leur pays dans le chaos. L’exemple de Wade est encore frais dans les mémoires. Donc, son application ne ferait que le crédibiliser davantage et baliser la route du président vers un second mandat parce que les Sénégalais sont fatigués d’être ballottés entre septennat et quinquennat. Un mandat de 5 ans renouvelable une fois suffit amplement d’autant que l’Etat est une continuité. Sa remise en cause, par contre, hypothéquerait sérieusement ses chances, parce que c’est en voulant faire sauter le verrou constitutionnel qui limitait les mandats à deux que le peuple a fait sauter Wade. Parmi les actes qui suscitent la crainte, figure en bonne place la transhumance. C’est comme si le président voulait une chose et son contraire. Comment vouloir adopter une rupture en cheminant avec les mêmes ? Le président doit savoir que dans la vie, il y a certaines ruptures qui sont douloureuses, mais nécessaires. D’autant qu’il est signataire des Assises nationales qui prônent, avant tout, la moralisation de la vie politique.

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