La restructuration des salaires à leurs justes proportions dans la Fonction publique est une rupture incontournable qui correspond au nettoyage des écuries D’Augias –Wade-. C’est une mesure de salubrité publique que de référencer ou plus exactement d’indexer tous les salaires par rapport au Statut général de la Fonction publique ou aux conventions collectives nationales interprofessionnelles en vigueur. L’injustice sociale qui prévaut dans le traitement des salaires est inadmissible, dans un pays où le chômage est endémique notamment, au niveau de la jeunesse.
L’aperçu sommaire de ces jours-ci du comment sous le régime de Wade, les salaires des dignitaires du régime ont été attribués, montre amplement le peu de souci, que ces gens-là avaient de la bonne tenue des finances publiques. C’était véritablement, de l’anarchie totale et du laisser-aller scandaleux de l’Etat et précisément de Me Wade. Ce qui a débouché à ce pillage systématique des ressources de notre pays par une bande véreux. Et, la simple annonce du commencement des audits nous révèle déjà au grand jour, le bout du nez du secret sur les salaires faramineux de certains fonctionnaires et directeurs de Société. En effet, dans le régime précédent, les salaires n’étaient pas indexés par rapport à un texte réglementaire. Ils étaient déterminés et fixés selon la tête du client par Me Wade ou pire, c’est celui-ci qui déterminait lui-même le niveau de ses émoluments en toute liberté.
On comprend bien maintenant, pourquoi, la ruée ou folle course vers certaines stations de l’Etat. Elle est due essentiellement aux salaires faramineux incontrôlés qui sont attachés à ces postes de sinécure. Il est inadmissible, dans un pays aussi pauvre que le nôtre de 12 millions d’habitants, qu’une poignée de quelques individus, s’octroient à eux seuls, le luxe, de se donner des niveaux de salaire qui défient la morale et que rien ne peut justifier. Il est évident maintenant, que Me Wade a mis dans la tête de certains et même beaucoup de Sénégalais, l’envie d’aller à la recherche de fric ou de s’enrichir même illicitement, plutôt qu’à servir leur pays par sacerdoce. Loin de moi l’idée de penser à faire un travail bénévole pour l’Etat, mais tout de même, un travail justement rémunéré, en fonction du rendement et du niveau de richesses du pays.
Il faut aujourd’hui, rompre définitivement et réellement avec cette pratique scandaleuse et indécente de Me Wade, d’attribution de salaires n’importe comment. A cet effet, il faut commencer par les déterminer selon des lois de la République et sur la base de règles strictes, valables pour tous les salariés du pays, sans aucune discrimination, de la part de l’Etat. Le contrôle strict des salaires (masse salariale) et leur fixation sur des bases nettes et claires connues de tout le monde parce que transparentes, éviteront de tomber dans les travers et l’anarchie que Wade a installés dans le pays depuis l’avènement de l’alternance ou plutôt de « l’alternoce » du 19 mars 2000.
Tous ces détournements et enrichissements illicites que l’on ne peut plus dénombrer aujourd’hui, qui ont mis effectivement à genou le pays, ont été rendus possibles, à cause d’une absence de rigueur notoire, dans la gestion rigoureuse et vertueuse du patrimoine de l’Etat. Comme il l’a dit lui-même dans ses morceaux choisis de déclarations malheureuses, selon quoi : « il a fabriqué beaucoup de riches dans le pays depuis son arrivée au Pouvoir». C’est un aveu de taille d’une gestion catastrophique délibérée, qui devrait dans les règles de l’art, lui valoir un tour à la brigade d’enquête de la Gendarmerie nationale, pour qu’il nous dise par quel procédé et au nom de quoi il a agi de la sorte? On sait simplement, qu’il a encouragé ses troupes et les siens à se remplir le plus rapidement possible les poches à leur guise et selon leur ferme volonté, avant la fin de son mandat.
Mais dans quel pays ou Etat de droit, a-t-on vu, un salarié fixer son propre salaire sans aucun contrôle ni en amont ni en aval, par une autorité compétente habilitée? Et qui plus, n’est indexé sur aucun texte de loi réglementaire de la République. Même le salaire du président de la République doit être fixé par la loi, de manière nette et claire, à plus forte raison que pour quelqu’un d’autre. Les députés et les sénateurs qui sont naturellement parmi les bénéficiaires, ont fermé les yeux par cupidité sur cette forfaiture. Mais quoi qu’il en soit, cette pratique nébuleuse doit prendre fin à partir de cette 12e législature. Tous ces salaires distribués à la pelle dans les institutions et autres structures ou sociétés nationales, doivent être revus à la baisse et ramenés à des niveaux raisonnables par rapport aux responsabilités. Les économies tirées de ces réajustements permettront, de créer de nouveaux emplois pour les jeunes avec des salaires décents. Au total, tous les salaires doivent être révisés aujourd’hui dans l’esprit de plus d’équité entre les travailleurs, sur la base du principe selon lequel : à travail égal salaire égal et à diplôme égal salaire égal, ainsi, seuls l’ancienneté et les responsabilités attachées à la fonction pourront constituer une différence de salaire entre ces catégories de travailleurs. L’obligation de résultat doit être aussi un élément de satisfaction ou d’insatisfaction pour donner droit à l’attribution ou non, d’une prime de gratification ou d’un 13e mois. Il ne doit plus être question pour les directeurs de sociétés nationale de s’octroyer indûment des primes imaginaires.
Je suis persuadé, et mieux, convaincu que les gros salaires sont loin d’être des parades ou antidotes contre les détournements, les enrichissements illicites et autres malversations financières pour les voleurs par essence ou nature. La preuve, tous ceux qui sont épinglés aujourd’hui par les audits, touchaient des salaires de plusieurs millions entre 5 et 14, avec des avantages en nature et autres privilèges en sus. Ils étaient tous entretenus tous frais compris par les contribuables. Et pourtant, malgré tout cela, nous découvrons qu’ils nous volent encore en plus. Et les biens qui leur sont confiés, n’ont pas échappé en plus, au pillage systématique dont ils sont l’objet.
A propos des avantages matériels attachés aux fonctions des serviteurs de l’Etat, il doit être bien défini avec des règles claires et nettes aussi, relatives à la gestion du patrimoine de l’Etat. Les biens mobiliers et immobiliers de l’Etat ne doivent plus être donnés gracieusement aux utilisateurs, après l’exercice de leur fonction, par qui que ce soit, fut-il le président de la République. L’ensemble de tout ce matériel constitue le bien commun de l’Etat, par conséquent, le patrimoine de toute la nation sénégalaise. Ces biens, qui servent pour le fonctionnement normal et interrompu du service, sont inaliénables par qui que soit. Ce qui s’est passé sous Abdoulaye Wade ne doit plus se renouveler, à savoir : donner gratuitement des véhicules de l’Etat à des députés, sénateurs, ministres et autres, qui perçoivent déjà un salaire de l’ordre de 2 à 5 millions avec un terrain en plus, n’a aucune base légale. Au moment où, les autres Sénégalais salariés se débrouillent avec leurs maigres salaires à nourrir leur famille, se payer une maison, s’acheter une voiture éventuellement, etc. A l’avenir, tous ceux qui ont quitté leurs fonctions d’Etat, devront dans le même ordre laisser le matériel y afférant sur place, pour la bonne continuité du service public. C’est ainsi que fonctionne un Etat et une Administration dans les normes.
S’agissant du matériel roulant de l’Etat. Il est clair que pour le bon fonctionnement de l’Administration dans sa globalité, l’Etat a le devoir et l’obligation de se doter d’un parc de véhicules automobiles en nombre suffisant. Seulement, il doit le faire dans toutes les catégories de voitures, de véhicules et d’engins utilitaires pour les besoins uniquement du service. Le parc de véhicules en général devra être géré comme tous les biens de l’Etat, avec la rigueur requise et méthode. Le responsable du dit parc sera jugé sur sa gestion comme n’importe quel agent de l’Etat et en cas de manquement, il sera puni selon les lois. Tout fonctionnaire ou agent de l’Etat qui voudrait une voiture de luxe à son goût, autre que celle affectée par l’Etat, n’aura qu’à se la payer dans ce cas-là de sa poche. Egalement, il ne devrait plus y avoir des parcs automobiles de plusieurs unités en tous genres chez un fonctionnaire quelconque ou agent de l’Etat.
Du temps de la Loi-cadre et même de l’indépendance à nos jours, les détournements de deniers publics étaient rares et au cas où ils se produisaient, ils étaient très sévèrement sanctionnés pour dissuader d’autres à suivre le même chemin. Aujourd’hui, avec la gestion peu vertueuse d’Abdoulaye Wade, chaque individu fait des pieds et des mains, pour obtenir la gestion d’une structure, où des fonds transiteraient, dans le but unique de les détourner impunément, sans courir aucun risque, tant que Wade restera au Pouvoir. En 12 ans seulement, nous avons enregistré n fois plus de détournements de deniers publics que pendant les 40 ans du régime socialiste. Et le plus grave, c’est que de surcroit, aucun de ces délinquants économiques au col blanc, n’a eu à répondre devant de la justice pour ces délits durant le règne de Wade, à plus forte raison encore, de rembourser les deniers volés. Ici encore, Wade a fait jouer l’impunité à plein régime, pour faire trinquer le peuple sénégalais. Comme on le voit, tout cela n’a qu’un et unique responsable, Abdoulaye Wade, un mauvais berger, qui lui-même se conduit comme un prédateur avec le troupeau dont il a la garde.
A l’heure des ruptures dans tous domaines, il faudrait que le nouveau régime s’arme effectivement de courage et de détermination pour aller jusqu’au bout des audits, dans l’intérêt uniquement de la Nation. Pour ce faire, l’Etat doit retourner à l’orthodoxie d’une gestion vertueuse des affaires publiques, en passant par la réhabilitation et la restructuration de l’Administration générale et de la Fonction publique. Ce qui nécessite bien entendu le retour à une Administration conduite par des hommes dotés d’éthique, qui sont en plus vertueux, intègres et compétents, le tout au service des administrés ou citoyens de la République. Ceci est une condition sine qua none et, elle est incontournable pour regagner la confiance des populations sénégalaises qui sont dégoutées pour avoir été abusées de promesses jamais tenues.
Tout cela ne devrait plus se faire au pied levé, mais sur la base de règles bien définies et déterminées par les lois de la Républiques. Et c’est là justement, où la mission de la prochaine législature est importante et sera jugée sur pièce. Cette Assemblée, considérée à tort ou à raison comme celle de la rupture, a la lourde tâche de réhabiliter cette Institution complètement au bas de l’échelle à cause de députés figurants plus d’acteurs, en légiférant au nom du peuple et pour l’intérêt général de celui-ci. Elle devra d’abord rectifier et réduire les avantages et privilèges exorbitants des membres de toutes ces institutions de la République budgétivores, au profit de la grande masse des déshérités de la nation sénégalaise. Et enfin, elle aura tant d’autres chantiers à défricher et de nombreuses rectifications de torts commis par Me Wade et sa gouvernance nauséabonde.
Le président de la République pour être cohérent et conséquent avec lui, doit poursuivre et aller toujours dans le même sens de la réduction du train de vie de l’Etat. A cet effet, il doit réduire sensiblement le bureau pléthorique de l’Assemblée nationale comme il a procédé avec le Gouvernement. Et dans la même logique, revoir à la baisse les salaires et avantages y afférant du bureau de l’Assemblée. Il doit en être de même pour le Conseil Economique et Social et éventuellement, pour le Sénat, au cas où il serait maintenu. Le poste budgétaire de la dotation de carburant au plan global et national est à examiner en profondeur en vue d’une baisse très sensible, pour le ramener à un niveau acceptable, en rapport avec la gestion du parc auto mobiles de l’Etat. Par exemple 1000L d’essence par mois pour un ministre ou fonctionnaire quel qu’il soit est excessif et, la plupart d’entre eux revendent honteusement le surplus.
Voilà, ces pistes de réflexion, ont pour but, de ramener notre pays vers un train de vie raisonnable qui correspond réellement au rang qu’il occupe dans le concert des Nation, qui est celui de membre des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). C’est vraiment anachronique, que nous ayons alors dans ce cas, le comportement des pays du G8. La modestie n’a jamais tué personne bien au contraire, elle fait mieux vivre sur terre.
Mandiaye Gaye