Aux Etats-Unis, avec l’entrée en vigueur d’une nouvelle directive, les immigrés sans papiers peuvent, à partir du mercredi 15 août, entamer des démarches pour régulariser leur situation sans craindre d’être expulsés. La loi, baptisée « Deferred Action for Childhood Arrivals Act », concerne les immigrés âgés de 15 à 30 ans arrivés sur le territoire américain avant leurs 16 ans, scolarisés ou diplômés et n’ayant pas d’antécédents judiciaires. Après examen de leur dossier, ceux-ci pourront voir leur procédure d’expulsion suspendue et obtenir un permis de travail de deux ans.
« Les personnes qui répondent à ces critères et étaient menacées d’expulsion peuvent maintenant vivre sans peur et aider notre grande nation avec leurs talents, » explique la direction du service de citoyenneté et d’immigration des Etats-Unis (USCIS). Selon les calculs du gouvernement, près de 800 000 personnes pourraient bénéficier de cette mesure sur les quelque 11,5 millions d’immigrés sans papiers vivant aux Etats-Unis. Des instituts démographiques établissent ce chiffre à 1,7 million, dont un million de personnes maintenant et le reste une fois qu’elles auront 15 ans, comme cela est requis.
« LA CHOSE LA PLUS CENSÉE À FAIRE »
Selon l’institut de démographie MPI, les trois quarts des bénéficiaires potentiels font partie de la communauté latino, originaires du Mexique ou d’un autre pays d’Amérique centrale. Les Etats ayant le plus grand nombre d’immigrés qualifiés sans papiers sont la Californie, le Texas, la Floride, l’Etat de New York et l’Illinois. Dès mercredi, des élus et des associations de défense des immigrés organisent des sessions d’information pour aider les jeunes à monter leur dossier, notamment dans ces Etats.
En annonçant cette mesure il y a deux mois, Barack Obama avait déclaré qu’il ne s’agissait ni d’une « amnistie » – ce dont l’avaient accusé ses adversaires républicains – ni d’une première étape vers la citoyenneté, mais de « la chose la plus censée à faire ». Dans l’optique de l’élection présidentielle de novembre, il s’agit aussi d’une mesure hautement symbolique avec un potentiel électoral non négligeable.
La communauté latino, un segment crucial de l’électorat comptant 21 millions de personnes, a été déçue par le premier mandat de M. Obama pour ce qui est de l’immigration. Le président, qui avait promis de faire voter le « Dream Act », une loi permettant de régulariser des jeunes sans papiers ayant poursuivi des études, s’est heurté à plusieurs reprises au refus des républicains. C’est donc par décret qu’il a fait passer la loi entrée en vigueur mercredi, provoquant la colère de ses opposants. Une frange du Parti républicain l’accuse de favoriser les immigrés en situation irrégulière aux dépens des citoyens américains au chômage. M. Obama est aussi devenu le président américain a avoir fait exécuter le plus grand nombre d’expulsions – 400 000 par an depuis quatre ans – depuis Dwight Eisenhower.
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