A quelques jours de la fin du mercato d’été, calée au plus tard pour le 4 septembre, les clubs se déchainent à la recherche de la bonne pioche et font flamber les prix. On parle de plusieurs millions d’euros. Et jusque là, aucun Lion n’a signé dans un club majeur. L’actu de leur transfert ne révèle que des clubs de seconde zone. Les Lions se vendent-ils mal ?
Europe, le Lion de la Téranga en voie de disparition ? En Europe, les cadors font leur shopping et emballent le marché des transferts à coups de millions d’euros. Dans leurs caddies, d’appétissantes victuailles acquises hors de prix, et même pas l’ombre du plus petit Lion de la Téranga. Pendant ce temps, ils garnissent les petits paniers osiers des petits clubs, font leur bonheur et assaisonnent leur quotidien à la routine lassante, vierge de Champions League et d’émulation de conquête de titre.
Le sommaire bilan d’étape est déprimant : Kader Mangane, une icône du Stade Rennais a rejoint Al Hilal, un club saoudien, Issiar Dia, le feu follet du Fenerbahçé a rejoint les rangs de Lekhwiya (Qatar), le joueur olympique, Ibrahima Baldé, la belle promesse de Osasuna, est parti s’exiler au Kuban Krasnodar, Mohamed Diamé a quitté Wigan pour West Ham United, Dame Ndoye, le serial buteur du Fc Copenhague, a rejoint le Locomotiv Moscou.
Les Lions ont-ils loupé le train pour connaître (enfin ?) le bonheur jouissif d’émarger dans un club au classieux du Real de Madrid, du Fc Barcelone, de l’Ac Milan, de Manchester United, ou au passé faste et au nom ronflant comme Liverpool, la Juventus de Turin, l’Inter de Milan, le Bayern de Munich ou aux finances insolentes comme le Psg, Manchester City, Chelsea ?
Pour les Lions, le bon rapport talent/club n’est pas forcément établi. En pleine saison déjà les rumeurs promettaient à une belle part de Lions les fastes des grands d’Europe. Kader Mangane était dans les cordes de Arsenal, West Ham United. Demba Bâ était censé apporter des couleurs à l’attaque calamiteuse des Reds de Liverpool, ou même à Manchester United et encore Chelsea. Issiar Dia était promis à un retour en France, dans la ferveur du Vélodrome ou de Jacques Chaban-Delmas. Pendant un temps, Momo Diamé était même tout proche de rejoindre Liverpool, le mythique club des bords de la Mersey.
Quelques semaines après, ces belles promesses se sont envolées. Rumeurs en bois ou incapacité de leurs agents à accrocher un grand club ? Le constat est là : ils ont signé dans des clubs de seconde zone nichés dans des championnats obscurs. Des joueurs moins pourvus en talent ont décroché la timbale lors du mercato et ont signé dans ce qui se fait de mieux en Europe. Le bon rapport talent/club n’est pas forcément établi.
A seulement 29 balais au compteur, Kader Mangane, réputé pour ses interventions tranchantes est de l’avis de plusieurs observateurs un «très bon défenseur qui pourrait faire son trou dans n’importe quel championnat». Après 4 saisons passées en Bretagne, il file à Al Hilal pour trois saisons. Les dirigeants de Rennes vont récupérer trois millions d’euros dans la transaction. Des broutilles et trois fois rien comparé au talent du joueur. Les internautes s’étonnent même qu’aucun club de Ligue 1 n’ait formulé une offre. Pourtant le mercato en Europe bat son plein. Les «grands» se sont bougés sur le marché et les transferts vont leur train. Le Psg s’est littéralement déchaîné avec les arrivées de Ibrahimovic, Thiago Silva, Lavezzi. Chelsea avec Eden Hazard, Marko Marin, Manchester United avec Shinji Kagawa, Van Persie, Arsenal avec Giroud, Podolski…
Au mercato d’hiver, Moussa Sow avait presque été poussé vers la sortie par son club. Le joueur s’était clairement opposé à un départ vers la Turquie. Alors qu’il était dans les cordes de Liverpool et Tottenham, le meilleur buteur de la Ligue 1 saison 2010-2011 (25 réalisations) avait été refourgué au Fener pour 10 millions d’euros (environ 6 milliards 500), plus 2 de bonus. L’actuel co-meilleur buteur de la saison passée, Olivier Giroud étrenne lui, la tunique de Arsenal. Son ex-coéquipier Mathieu Débuchy s’était étonné: «Ça (le mercato) a été assez agité. On ne s’attendait pas du tout à voir partir Moussa. On nous a un peu consultés. J’ai dit ce que je pensais, que Moussa était un élément important, mais que le choix final ne m’appartenait pas. Quand tu perds un joueur aussi important, il faut recruter en retour.»
Vous avez dit Kuban Krasnodar ? Moussa Sow débarque finalement en Turquie. Six mois plus tard, son coéquipier en club et en sélection Issiar Dia met les voiles pour Lekhwiya (championnat qatari). Réputé pour son jeu en vitesse et ses qualités de perceur de coffre-fort, Issiar Dia était successivement renvoyé par le buzz des transferts à Marseille ou à Bordeaux. Après un passage à Nancy, le numéro 10 sénégalais a régulièrement ciré le banc en Turquie sans pour autant voir sa cote de popularité en pâtir. Au Fener, il émargeait à 2,8 millions d’euros (environ 1 milliard 820 millions de francs Cfa) par an à Fenerbahçe, soit 233 333 euros (environ 151 millions de francs Cfa) par mois avant de rejoindre à la surprise générale le Qatar à seulement 25 ans.
Thierno Seydi : «Issiar a des convictions religieuses.» L’agent du joueur, Thierno Seydi éclaire les raisons de ce choix surprenant : «Issiar a des convictions religieuses. Il a une autre vision. Sa vie a changé depuis le décès de son père. Il est dans une logique d’être le plus proche possible de la Mecque. Il y a une dimension spirituelle dans son choix. Il est tout le temps à la Mecque. Il y a cette dimension religieuse qui est là.» Pour lui, les négociations avec Marseille n’ont jamais abouti et au Qatar, «Issiar va encore gagner doublement sa vie.»
Avant la Can, Demba Bâ affolait les statistiques et était le nouvel épouvantail des défenses anglaises avec 15 buts inscrits en une moitié de saison. Suffisant pour que ManU, l’Ac Milan, Liverpool et Chelsea griffonnent son nom dans leurs petits papiers. Ses courtisans étaient d’autant plus emballés que son contrat était assorti d’une clause stipulant que le joueur pouvait être libéré si un club venait à verser une somme tournant autour de huit millions d’euros. Des peccadilles pour les grands d’Europe.
Relégué sur le côté gauche de l’attaque des Magpies, avec l’arrivée de Papiss Cissé à la pointe de l’attaque, Demba Bâ n’a marqué qu’un petit but dans la seconde moitié de la saison. Plusieurs sites spécialisés parlent d’un probable changement d’air pour l’ancien buteur de Hoffenheim, histoire pour lui de retrouver son éclat. Pour l’heure, il n’y a que le… Rubin Kazan et Galatasaray qui sont dans les starting-blocks. Et aux dernières nouvelles, il devrait rester à Newcastle.
Crédité d’un bon tournoi olympique à Londres 2012, Mohamed Diamé, 25 ans avait tapé dans l’œil de Kenny Dalglish, ancien manager de Liverpool, récemment remplacé par Brendan Rodgers. De l’aveu même du joueur, l’éviction de Dalglish a porté un coup à son transfert à Liverpool. Quelques semaines après, il s’engage avec le promu West Ham pour trois années.
S’en faire plein les fouilles au passage. Pour la plupart de ces joueurs, leur talent et leur âge plaident éloquemment en leur faveur. Encore loin de la trentaine, et disposant d’une réelle marge de progression ces Lions feraient le bonheur des clubs de Premier League, de Bundesliga, de Serie A, de Liga ou de Ligue 1 française.
Ibrahima Baldé, 22 ans, auteur de 7 buts en 22 matchs de Liga la saison passée, s’est engagé avec le Fc Kuban Krasnodar (Russie). Annoncé pendant un temps en Ligue 1, l’ancien joueur de l’Athletico Madrid et de Velez Sarsfield (Argentine), auteur d’une belle égalisation contre le Mexique aux Jo, était remarqué par son sens du but précoce. En Russie, il sera moins en vue. En Ligue 1, à l’heure du mercato, les préoccupations centrales des clubs (hormis le Psg) pourraient presque se résumer à ceci : «Cherchons désespérément bon attaquant.»
Au Danemark, Dame Ndoye pèse 82 buts en 150 matchs avec le Fc Copenhague et est ce qu’il convient d’appeler «un attaquant régulier». A 27 ans, l’attaquant qui a fini deux fois meilleur buteur du championnat danois a déjà posé ses baluchons au Qatar, au Portugal et en Grèce. Après avoir connu les bonheurs de la Ligue des champions avec son club, l’attaquant sénégalais a un temps été pressenti au Trabzonspor, avant de signer finalement au Lokomotiv Moscou pour 7 millions d’euros (environ 4 milliards 550 millions de francs Cfa).
Sur les fora, les supporteurs «postent» leur stupéfaction avec force commentaires. Les ailes du mercato semblent porter les Lions ailleurs vers l’Asie et l’Est de l’Europe. Une façon pour eux de s’en faire plein les fouilles au passage et anticiper une retraite dorée. Pour ne pas vivre les incontinences de leurs prédécesseurs de l’épopée de 2002 ?
Tout porterait à le croire. La nouvelle fiche de paie de Dame Ndoye est tout simplement renversante. Il émarge à environ deux millions d’euros par an. Leur capitaine en sélection, Mamadou Niang avait déjà annoncé la couleur en signant à Al Saad en 2011 pour 7,5 millions d’euros (environ 4 milliards 875 millions francs Cfa). Celui qui percevait plus de 300 millions de francs Cfa par mois au Fener aurait dit-on doublé ses émoluments dans son nouveau club. El Hadji Diouf, double Ballon d’Or africain, lui est finalement tombé d’accord avec Leeds (D2 anglaise), après avoir été annoncé à Al Taawun (élite saoudienne). A bientôt 32 ans, El Hadji Diouf est très proche de la fin de carrière.
Kouyaté et Konaté vont-ils sauver la face ? Pistés par plusieurs clubs anglais après leurs belles prestations aux Jo de Londres, le polyvalent Cheikhou Kouyaté, (convoité par Arsenal et Chelsea), et le second meilleur buteur du tournoi olympique, Moussa Konaté, (suivi par West Ham et Stoke City) pourraient sauver la face du mercato sénégalais. On annonce aussi que l’autre olympique, Sadio Mané est aussi pisté par West Ham, qui est loin d’être un club ronflant. Comme pour confirmer ce mercato dévalué des Lions de la Teranga.
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Mercato dévalué des Sénégalais : Les Lions foot en bas de gamme
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