Notre société est malade. Elle est même profondément touchée. Chaque membre de son corps étale au grand jour les balafres de cette vilaine maladie. Comme disait le psychologue Serigne Mor Mbaye, cette société a besoin de Ndepp. Aujourd’hui, dans tous les secteurs de la vie nationale, le mal s’empire et se putréfie. En effet, depuis plusieurs années, des accidents les plus macabres les un que les autres se succèdent sur tous les axes routiers du pays. Après chaque tragédie, l’Etat brandit le coupe – coupe, la presse exhibe les maux les plus juste pour colorer le scandale, les populations s’apitoient sur le sort des victimes de façon paradoxalement anecdotique. Elles en parlent comme si c’était un fait divers. Chacun déroule son commentaire, fait son diagnostic et étale les causes. La responsabilité est ballotée entre l’état défectueux des routes, la vieillesse des véhicule, l’indiscipline, la non maitrise du volant notés chez certains conducteurs ayant obtenu le permis de conduire par la voie maraudée, comme ils disent, la corruption des agents de la sécurité routière, la fatigue ou encore la jeunesse conjuguée à l’irresponsabilité de certains chauffeurs. . Bref, une semaine d’intenses commentaires et on oublie pour laisser revenir une autre tragédie plus alarmant qui fera l’objet d’un même traitement.
Mais toutes ces causes auraient été suffisantes pour expliquer ces drames macabres si le mal s’était juste arrêté au niveau de la route. Hélas, il est beaucoup plus profond qu’on ne le pense. Il est partout ce mal. Les éléments d’illustration foisonnent :
- La gestion désastreuse des biens publics : durant les années de notre tendre enfance, nous avions entendu parler de fonds plaqués dans les paradis fiscaux en suisse. En ce moment, on ne parlait pas encore d’audit. Quelques années après, le résultat sorti du contrôle de certaines gestions sont implacables. Tous les responsables audités, tant dans le camp de l’opposition comme dans celui du pouvoir défait, sont épinglés pour une mauvaise gestion. Alors question : est – ce le niveau d’étude de ces responsables qu’il faut interroger et incriminer ou leur moralité ? L’un dans l’autre, ou bien l’un ou l’autre, c’est désastreux et décourageant pour un pays qui aspire au développement. Mieux, on nous dit qu’aujourd’hui encore de l’argent du contribuable qui aurait pu servir pour le bien être continue de dormir à l’extérieur.
- Un système éducatif totalement stagnant/régressif : Depuis de longues années, il ne se passe pas une seule année sans grève. Si ce n’est pas les enseignants ce sont les enseignés ou les deux à la fois. C’est comme si ces grèves et autres débrayages étaient institutionnalisés. Le fait est d’autant plus grave que beaucoup d’enseignants profitent des moments de grève pour faire des prestations de service dans le privé. Ainsi, ils gagent le salaire pour lequel ils ont été formés, sans rien faire, tout en vendant les heures qu’ils doivent à l’Etat au privé. Et puis Comme le dit l’islamologue Taib Socé « pourquoi offrir aux enfants les lutteurs en exemple à travers les couvertures des cahiers ? » Pour les faire rêver de devenir un jour un Modou Lo ou Balla Gaye ? Pourquoi pas la photo de Senghor ou de Cheikh Anta ou d’un autre symbole plus brillant ?
- La dégradation galopante de l’environnement. Au niveau rural, l’environnement subit un acharnement que rien ne justifie. Là aussi, fort malheureusement, c’est comme si le fait de provoquer un feu de brousse était un geste salutaire. Les ressources naturelles sont pillées. Tout cela dans la plus grande impunité. J’ai assisté plusieurs fois à un spectacle ahurissant. En effet, plusieurs paysans, à l’approche de l’hivernage, abattent plusieurs arbres lourdement chargés de grappes de fruits parce qu’ils occupent un espace qui, dans leur tête, réduirait la productivité du champ.
- L’urbanisation anarchique et sauvage
Ils s’installent obstinément partout dans les périphéries des villes pour se soustraire aux problèmes et pataugent annuellement dans les inondations et dans d’invivables conditions d’hygiène
- La folle et effrénée course vers le gain rapide, massif et facile.
Xaalis kenn du ko liggéey des koy lijjanti dit – on. Je ne sais pas s’il s’agit là d’un adage culturel ou d’une simple invention du sénégalais moderne pour habiller le traitement esclavagiste que nous fait subir le désir du gain rapide, massif et facile. Dans tous les cas, cette boutade est entrain de ruiner dangereusement le peu de vertus qui nous restaient.
- Le pervertissement et la déliquescence des mœurs et des valeurs
Senghor l’avait vu et l’avait dit. « Enracinement et ouverture ». Mais, de plus en plus on a l’impression qu’on ne fat que s’ouvrir. Pourtant, « le séjour prolongé du bâton dans l’eau ne le transformera jamais en crocodile »
La culture qui est le siège des valeurs se réduit à une musique de plus en plus domestiquées par un seul thème : l’amour. Il est question d’inventions de propos et d’actes les uns plus malsains que les autres :
La violence s’accapare du sport (lutte et foot).
Les commerçants entretiennent les prix au sommet des possibilités des ménages malgré les annonces à tue – tête de baisse faites par les gouvernants.
Les routes sont construites sur fond de corruption et se détruisent avant même d’être livrées.
Les ONG pullulent partout et exploitent les communautés déjà essoufflées.
Enfin, même si la liste n’est pas exhaustive, ici, dans la presse en ligne, beaucoup d’internautes critiquent à tout va et insultent certaines personnes dont le seul tort est d’avoir partagé une opinion.
Falilou Cissé consultant/conseiller
en développement communautaire
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Tel : 77 689 79 44
Tout sauf un diagnostic exploratoire…
relisez Abbe Boilat dans ses senegaleries datant de l’epoque coloniale pour vous rendre compte que le mal est plus profond…..