NANTES (AP) — Une femme de 31 ans a été verbalisée à Nantes par un motard de la police nationale le 2 avril dernier parce qu’elle conduisait en portant un niqab, un voile intégral qui dissimule tout sauf les yeux, a-t-on appris vendredi auprès de son avocat, Me Jean-Michel Pollono. Une amende de 22 euros pour « circulation dans des conditions non aisées » lui a été infligée.
Photo: la femme en conférence de presse à Nantes,
L’agent s’est référé à l’article 412-6 du Code de la route qui indique notamment que les « possibilités de mouvement (du conducteur) et son champ de vision ne doivent pas être réduits par le nombre ou la position des passagers, par les objets transportés ou par l’apposition d’objets non transparents sur les vitres ».
Cette Française musulmane qui porte le voile depuis plusieurs années et qui s’est dévoilée pour faciliter le contrôle des policiers, considère aujourd’hui que cette contravention est « une atteinte à sa liberté », a expliqué son avocat à l’Associated Press en ajoutant qu’elle est « révoltée ». « Un citoyen français ne peut avoir d’amende en fonction de la manière dont il s’habille », dit-il en notant que la loi ne réprime que la nudité, l’attentat à la pudeur et le port illégal d’uniforme.
La conductrice a dit vendredi éprouver « un sentiment d’injustice ». « Je n’ai commis aucune infraction », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse. « Je vois aussi bien que vous », a-t-elle affirmé. « Ça fait neuf ans que je conduis comme ça, je n’ai eu aucun souci ».
« Si le voile est interdit au volant, les religieuses ne devraient pas conduire, les casques intégraux pour les motocyclistes devraient être interdits, parce qu’on ne voit pas sur les côtés et même certaines unités des forces de police qui conduisent avec des cagoules devraient être verbalisées », plaide Me Pollono.
Il a saisi le parquet de Nantes afin que le dossier soit examiné par le tribunal de police, compétent en la matière. Il devra dire « si la contravention est matérialisée ou non », indique l’avocat dont la cliente se dit aujourd’hui prête à porter l’affaire jusque devant la Cour européenne des droits de l’Homme.
AP et nouvelobs.com