Exit le Sénat. Le président Macky Sall a saisi la balle au rebond, faisant ainsi l’économie d’un bras de fer qui s’annonçait avec les organisations de la société civile, dont certaines avaient cause commune avec l’opposition politique pour sanctionner la gouvernance de Wade. Et Macky donne en même temps suite aux appels répétés à se montrer ferme face aux exécutions de condamnés à mort en Gambie.
Le président de la République Macky Sall n’a pas fait dans le style de la diplomatie du jeu de cache-cache. Son homologue gambien est averti, le Sénégal n’est pas disposé à laisser passer le meurtre légal. L’ambassadeur à Dakar est désormais le premier interpellé. De la suite qu’il sera autorisé (par Yaya Jammeh) à donner de la convocation qui lui est faite d’expliquer aux autorités sénégalaises les raisons des exécutions, dépendra l’avenir (à court terme) des relations diplomatiques entre les deux voisins.
(Suite de la P1) Macky Sall marque un grand coup médiatique, en prenant prétexte d’une situation qui avait commencé à affecter la crédibilité de son pouvoir. Les mesures importantes déjà annoncées dans les sorties de la cellule de communication de la Présidence de la République ont donc un contenu.
Les inondations sont revenues en première place pour peser sur la marche des institutions, notamment le calendrier électoral. En 2005, Abdoulaye Wade avait invoqué la situation en banlieue pour faire reporter de 12 mois, la présidentielle prévue en 2006. Son successeur vient de faire mieux. Dans un cas comme dans le second, ce sont les besoins de financement des opérations de secours aux populations qui expliqueraient la mesure.
Le Conseil des ministres a donc un point d’ordre du jour de premier ordre à examiner demain jeudi, pour la rentrée. Cela après quelques semaines d’une « pause » annoncée mais durant laquelle certains ministres auront eu à peine le temps de lever le pied.
Mbaye Ndiaye (Intérieur), Oumar Guèye (Assainissement), Khoudia Mbaye (Urbanisme) et leurs collègues Benoît Sambou (Agriculture), Aminata Mbengue Ndiaye (Elevage), Mor Ngom (Transports et Infrastructures) et Aly Ngouye Ndiaye (Energie) ont été maintenus en intenses activités. Ils sont restés sur le terrain, chacun en ce qui les concerne, pour les besoins de préparation des élections sénatoriales, le suivi du monde rural, des interventions en rapport avec les inondations, la récurrence de la violence criminelle, les nombreuses pertes en vies causées par des accidents de la circulation et la crise énergétique en rien rendue moins préoccupante pour les ménages et les entreprises.
On ne peut non plus faire comme si Mme Eva Marie Colle Seck ne s’est pas signalée sur le terrain, à la fois parce que la période est propice à diverses affections, et du fait d’accès de fièvre sociale localisée dans quelques formations sanitaires. Il n’est pas question d’oublier que d’autres ministres ont été sollicités par moments, suivant des situations ponctuelles que l’autorité ne peut feindre d’ignorer. C’est presque dire que le gouvernement n’a vraiment jamais été en vacances. Tant mieux pour son image.
Quoi de neuf ? – Mais qu’en est-il des résultats obtenus ? De quelle couleur sera le tableau à présenter au Chef de l’Etat d’abord, aux Sénégalais ensuite ? Ces derniers n’auront pas besoin d’attendre les grandes lignes du communiqué officiel qui sera expliqué par le ministre Serigne Mbaye Thiam, pour être édifiés sur ce qu’ils endurent depuis plusieurs mois déjà. Ils seront en droit d’attendre de nouveaux engagements du gouvernement, après le temps passé par les nouvelles autorités à communiquer sur des « fautes » de l’ancien régime. Un régime on a dit. Interdit de mettre au pluriel, comme si la gouvernance au Sénégal ne datait que de l’an … 2008. C’est totalement nauséabond comme approche pour convaincre de la probité d’autorités cherchant à se prévaloir d’une certaine virginité que la vérité historique leur refuse, parce qu’elles ont été à nombre de festins restés de triste mémoire. Et sur ce terrain, les populations savent faire preuve de plus de pragmatisme. Elles n’attendent pas du Président Macky Sall et de son équipe qu’ils aient le regard fixé sur le rétroviseur. Témoins de tout ce qui s’est passé dans ce pays depuis l’indépendance, les Sénégalais savent comment, dans un passé récent, des autorités ont fait perdre du temps au pays, dans opérations de marketing politique qui ont transformé le landerneau en ring si ouvert que n’importe quel petit parvenu crût pouvoir se donner en spectacle au titre de prétendant au titre ou de faiseur de… champion.
Gouvernance démocratique – A suivre l’actualité de ces derniers mois, il y aurait comme un remake de l’expérience précédente. On se donne un ministre de l’Intérieur si attaché à son parti (avant la patrie ?) qu’il peut retoucher une liste électorale, après clôture, pour répondre à un besoin de positionnement d’un militant de l’Apr (voir L’Observateur, édition d’hier 28 août 2012). L’apériste en chef devenu président de la République fit comme si de rien n’était, alors que des démocrates lui demandaient d’enlever son image de la publicité politique des candidats de Bennoo Bokk Yaakar aux législatives. Des années auparavant, la coalition Sopi avait inventé « Moom » pour rester chapeautée par le Président Abdoulaye Wade. On était encore en plein dans la chasse aux sorcières sous le vocable d’audits devenu depuis lors suspects. Aujourd’hui comme hier, le tir groupé semble viser, plus des adversaires politiques (effectifs ou anticipés), que la gestion du régime déchu.
Les délestages Le gouvernement (libéral) de la première alternance démocratique s’était empressé de reverser la Sénélec dans le portefeuille de l’Etat, après une privatisation décidée par les Socialistes. La crise énergétique connut des proportions – jusqu’aux dernières années de Wade- jamais enregistrées au Sénégal. La mise en œuvre du Plan Takkal a permis un consistant mieux, mais le voici voué aux gémonies. Sa tare congénitale, ce plan la tire de celui qu’on en considère comme le père, alors qu’il résulte de mois de concertations de plusieurs experts et institutions partenaires du Sénégal. L’adversité politique ne laisse malheureusement pas de place au discernement.
Le pays sous les eaux – La vérité sur les causes des inondations n’avait vraiment jamais intéressé grand monde dans le landerneau politique. On en fit au contraire un fond de commerce avec un slogan très porteur : « les gens sont sous les eaux, il faut un gouvernement capable pour les en sortir ». Depuis quelques semaines, la rhétorique est à autre chose, plus en phase avec la réalité. Le site de Dakar est agressé par ses propres habitants. C’est sur cette constante que les nouvelles autorités communiquent désormais. Et le Chef de l’Etat a de nouveau abondé dans ce sens hier, à son retour d’Afrique du Sud.
Les opposants d’hier ne savaient peut-être pas que les inondations dans la région la plus peuplée du pays étaient la résultante de décennies de mauvaises politiques d’urbanisme. Même si des personnalités parmi les plus en vue dans la critique avaient déjà été aux commandes, quand tout se bradait au rythme des renouvellements d’instances de parti au pouvoir. C’est à coups de morcellement de terrains que des chefs de quartiers et autres responsables locaux alimentaient une certaine clientèle politique. Ils n’étaient pas les seuls. Le laxisme et la cupidité de fonctionnaires faisaient le reste.
Quid alors de la sortie de Me El Hadj Amadou Sall, porte-parole du Pds ? On le lit sur le site de lesénégalais.net s’indigner de l’incapacité du gouvernement (actuel) face aux inondations. Mon Dieu, qu’est-ce que la politique peut rendre des acteurs totalement inconséquents et surtout capables de nager dans le ridicule pour ensuite espérer en ressortir sans être trempés. Il faudra au Sénégal des femmes et hommes neufs, donc d’une autre génération de politiques, pour oser tenir un tel langage sans se faire remettre à sa place. Ceux d’hier et nombre de ceux d’aujourd’hui ont été vus à l’œuvre.
La violence – Dans sa forme actuelle, la violence qui commence à troubler le sommeil des familles n’a vraiment rien de nouveau. Ce qui inquiète c’est la période de sa survenue. Un régime tombe, son successeur peine à trouver ses marques pour rassurer la jeunesse et revoilà les tensions et risques d’explosion sociale. Les Sénégalais se croyaient-ils au début d’une ère si nouvelle que tout leur viendrait, comme par magie ? Les promesses da campagne doivent rester ce qu’elles sont et le pays tourne la page pour aller de l’avant.
Les urgences – Energie, inondations, (in)sécurité routière, vols, viols, agressions multiples, front social en bourdonnement à la veille de la rentrée des classes après une année scolaire (2011-2012) catastrophique etc.… les défis sont nombreux et ce n’est pas aller dans le sens de leur faire face, que de rester bloqué dans les starting-blocks, à savourer la clameur venue des gradins, pour une course contre soi-même. Une première année de gouvernance, ça passe très vite et pourtant rien à encore vraiment bougé.
Les mots très forts prononcés hier par le Président Macky Sall ont valeur de test de crédibilité pour les nouvelles autorités. Entretenir de faux espoirs ne fait que creuser le fossé entre ceux qui attendent et ceux qui doivent agir parce qu’élus pour cela. Tout gouvernement gagne à apprendre des erreurs et fautes de ceux qui l’ont précédé. Demain, il pourrait être trop tard.
sudonline.sn
Vous comprenez quand Dansokho disait que Macky en depit de son intelligence phenomenale avait toujours une bonne ecoute.
Sa sincérité et son émotion se lisait sur son visage. Je ne l ’avais jamais vu ainsi. Ces expressions manquent à nos hommes politiques , ce qui nous fait douter d ’eux.Si ce » Macky » là continue, je promets d ’être un des ses Baye Fall.