Editorial : Une belle victoire diplomatique

Samedi soir, les Lions du Sénégal perdaient piteusement devant une pittoresque équipe de Côte d’Ivoire, conduite par le talentueux Didier Drogba, tandis que les supporters sénégalais s’illustraient de fort triste manière, par des actes antisportifs non qualifiables, à bannir à jamais.

Tristesse et regrets ont ainsi empli le cœur de tous ceux qui ont compris que le sport doit inspirer le fair-play et l’altruisme : gagner en respectant l’adversaire, mais aussi perdre dans la dignité, notamment dans une joute sportive qui réunit les équipes nationales de deux pays amis et frères.
Fort heureusement, le lendemain, dimanche, une autre équipe du Sénégal, sur les berges du fleuve Congo, à Kinshasa précisément, conduite par le président Macky Sall, gagnait une belle bataille diplomatique, avec le choix porté sur Dakar pour abriter, en 2014, le 15ème Sommet de la Francophonie. Ainsi, après le sommet de 1989, tenu dans la capitale sénégalaise, Dakar a, encore une fois, l’honneur de recevoir les experts, ministres et chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de cet espace linguistique que constitue la Francophonie.
La tâche n’était point aisée, étant entendu que le Sénégal avait déposé sa candidature, il y a juste un mois, alors que les quatre autres pays en lice, la Moldavie, la Guinée Equatoriale, Haïti et le Vietnam avaient bouclé leur dossier respectif depuis plus d’un an. Choisi à l’unanimité et par acclamation lors de la séance, tenue à huis clos, entre les chefs d’Etat et de gouvernement des 75 pays membres de la Francophonie, la délégation sénégalaise venait d’engranger un excellent résultat, fruit d’une diplomatie active, efficace et discrète.
Le ministre des Affaires étrangères, Alioune Badara Cissé, celui de la Culture et du Tourisme, Youssou Ndour, de l’Education nationale, Ibrahima Sall, l’ambassadeur du Sénégal en France, Mankeur Ndiaye, Mme Mame Fatim Guèye, représentante du chef de l’Etat à la Francophonie et les experts chargés des questions liées à la Francophonie ont, manifestement, bien œuvré, en coulisses, faisant jouer leurs relations, un lobbying discret et convaincant, appliquant, avec brio, les instructions du président de la République. C’est en pleine réunion, à huis clos, que la représentante du Vietnam dont la candidature avait de fortes chances de passer, a expliqué le retrait de son pays dans l’organisation du prochain sommet de la Francophonie au profit du Sénégal.
Du haut de la tribune, le président Macky Sall a, avec élégance, rendu hommage au Vietnam, pour aussi se féliciter de ce choix qui n’est rien d’autre qu’un satisfécit décerné au peuple sénégalais pour sa maturité, mais aussi à notre démocratie devenue majeure, avec deux alternances réalisées, portées par des institutions stables et un système électoral ayant fait ses preuves. Le chef de l’Etat a traduit sa volonté de capitaliser l’expérience congolaise qui a abrité le sommet ayant pris fin hier, ainsi que celle acquise par notre pays dans l’organisation de grandes rencontres internationales. Mais, a-t-il averti, il ne sera point question de gaspillages de ressources publiques. L’efficience, la bonne gouvernance et la transparence vont inspirer l’organisation du 15ème Sommet de la Francophonie à Dakar et toutes les actions publiques.
Cette question sur la bonne gouvernance est encore revenue dans le discours du président Macky Sall, lors de la rencontre qu’il a tenue, hier, en début de soirée, avec la communauté sénégalaise établie en République démocratique du Congo (Rdc) et au Gabon. Pays à faible potentiel ne disposant pas de richesses minières ou pétrolières majeures, le Sénégal ne peut se permettre de dilapider des ressources accumulées et acquises au prix de mille efforts et sacrifices consentis par l’ensemble des citoyens. Le président de la République a ainsi, publiquement, traduit sa conviction que tous ceux qui ont une responsabilité publique ont l’impérieux devoir de gérer en père de famille, dans la transparence et la bonne gouvernance. L’efficacité dans l’action doit guider tout gestionnaire public.
Macky Sall a rappelé l’esprit des audits, qui ne sont qu’un contrôle sur l’utilisation des deniers publics, pour enfin rappeler, comme il l’avait déjà fait, qu’il ne protégera personne parmi ceux qui seront comptables de prévarication des ressources publiques. L’optique étant de sanctionner positivement aussi les responsables publics ayant bien géré les ressources publiques et produit des résultats. Le chef de l’Etat a souligné que ces derniers seront félicités publiquement et cités en exemple. Ce qui épouse parfaitement les règles de management moderne qui veulent que les sanctions négatives et positives servent à asseoir un système de performances éprouvé dans les administrations publiques, dans le top management, mais aussi à tous les niveaux de responsabilité.

Par Cheikh THIAM
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