Le Président Alassane Ouattara a délivré un certificat de sociabilité international au peuple sénégalais. « Ce qui s’est passé [lors du match entre Lions et Eléphants] n’est pas sénégalais », a dit le chef de l’Etat ivoirien. C’est du baume dans les cœurs meurtris par la casse à grande échelle au Stade Léopold Sédar Senghor. La colère a précipité dans l’animalité des foules qui, pourtant, avaient l’habitude d’applaudir des adversaires dominateurs et poètes du ballon rond. Certains disaient même que le Sénégalais était plus un spectateur qu’un supporter. Et soudain, voici que cet admirateur de la virtuosité en football signe l’arrêt d’un match que, sportivement, ce diable de Drogba a tué. Côté suspense s’entend. Ce n’est pas sénégalais ? Beau réconfort. Goût de menthe pour dominer la saveur âcre du fiel au soir du 13 octobre. Tiens, le 13, ce nombre porte-malheur ! Je me surprends à épouser la science des vaincus des beaux labeurs qui, ce jour-là, se sont accrochés au nef du fétichisme pour promettre en raclée aux éléphants rompus au saut par-dessus les traquenards du pré vert. Il n’a manqué à cette génération qu’une chance à la loterie des tirs au but pour accrocher la médaille continentale du football à leur trompe.
Pendant ce temps, le réel, comme un nœud coulant, fuyait la surface de nos espérances. Nous avons eu tout faux ! Nous en avons été réduits à constater que El Hadj Diouf est toujours un problème pour l’environnement de notre football après avoir été une gloire sur le terrain. Nous avons été contraints de remarquer que Koto est plusieurs têtes en-dessous du « coach de haut niveau » promis au moment de le faire signer. Et c’est bien le Sénégalais qui a sévi, pour rappeler au mouvement associatif et aux gouvernants le devoir de performance et de vérité. Le refus de regarder les choses dans leur laideur est la cassante réalité de notre relation quotidienne aux dérives. Le Sénégalais ne peut être étiqueté en relais du mal, dans l’absolu. Toutefois, il importe d’extirper de son âme la part d’animalité qui surgit en lui. Dans ce pays, on égorge de paisibles citoyens au bout d’une journée de labeur. Pour quelques piécettes ou une chaînette en or. Stupeur dans les familles. Les caïds courent vers quelque autre forfait. L’indignation est une saison à un ou deux jours. On indexe, quelquefois, la main étrangère pour justifier la bestialité. Ce n’est pas totalement faux. Toutefois, acceptons que les Pv de police ou de gendarmerie fassent parler le neveu, le cousin, l’enfant… Certains ont quitté l’Armée ou les Arènes faute d’horizon. L’excuse de la précarité ne vaut que dans leur conscience de mastodonte sans frein. La dignité est l’amortisseur voire l’antidote à la tentation.
Qui écouter dans ce pays ? Des religieux englués dans des crimes publics ? Des journalistes rendant la copie de retentissantes incartades vis-à-vis de la pudeur ? Des promoteurs engagés dans une lutte périlleuse contre des accusations de trafic de drogue, de corruption active d’agents de l’Etat dans l’exercice de leurs fonctions ? Des politiques se castagnant pour des postes ? La saison des modèles à la casse est une tempête au cœur de nos rêves de grandeur. Devrons-nous chercher des icônes de substitution pour les enfants ? Noël, c’est bientôt… Et il faut bien que nos enfants restent les Sénégalais du Président Alassane Ouattara !
Amadou Lamine NDIAYE
Lesenegalais.net