Le Sénégalais Amadou Niang, chef présumé d’un vaste réseau de faux mariages, a voulu éviter un procès en préférant se déclarer coupable de plus de 40 chefs d’accusation le mardi 23 octobre dernier au Palais de justice de Montréal.
(Correspondant permanent – Montréal) – En affichant une telle posture, Amadou Niang évite ainsi la tenue d’un procès long et coûteux. Le faux consultant a reconnu avoir aidé, selon le Journal de Montréal du mercredi 24 octobre, une vingtaine d’immigrants à s’installer au Canada à partir de mariages fictifs. Il fait face désormais à près de 42 chefs d’accusation pour des infractions en matière de fausses présentations en vertu de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés. La Couronne (le Parquet) et la défense ont convenu de la confection d’un rapport pré-sentenciel qui devra déterminer les contours des peines en vertu de la Loi sur l’Immigration et la Protection des réfugiés que devrait encourir Amadou Niang de retour au tribunal en janvier 2013. Le Sénégalais ne sera pas seul au box, puisque près de 39 autres personnes ont été accusées dans le même dossier de mariages complaisants pour rester au Canada. La loi canadienne de l’immigration incrimine toute personne ayant participé de près ou de loin à une fraude visant à s’établir ou à obtenir des papiers. Un porte-parole de la Gendarmerie royale canadienne (Grc) dira, en rapport avec ce dossier, que «si on vous offre de l’argent pour faire venir quelqu’un au Canada et qu’on vous dit que vous ne serez pas responsable de lui, ce n’est pas vrai. Quand on fait une fausse déclaration, on doit y répondre devant la loi». Les accusés feront face à 78 chefs d’accusation. L’affaire, dénommée projet «conjugal», a fait les choux gras de la presse montréalaise cet été. Elle a été rendue publique par la Grc en février dernier.
Dans un communiqué de presse, la section de l’immigration et des passeports de la Grc a indiqué avoir déclenché en 2009 à travers le projet «conjugal» une vaste enquête permettant de démanteler un réseau criminel impliqué dans l’immigration illégale. La Grc ne tarda pas à pointer du doigt le Sénégalais Amadou Niang comme étant le principal cerveau d’une opération qui consistait à recruter de jeunes Montréalaises, d’origine haïtienne d’une vingtaine d’années, pour des mariages fictifs avec notamment des migrants arabes d’Afrique du Nord surtout des étudiants qui voulaient rester au Canada à la fin de leurs visas de séjour. Ce dernier a été longtemps suivi par les enquêteurs qui l’arrêteront finalement à l’aéroport Pierre-Elliott Trudeau de Montréal avec plusieurs bagages, notamment des documents liés à l’immigration dont des pièces d’identités contrefaites. Les candidates recrutées recevaient de l’argent du recruteur qui était payé à son tour par les demandeurs. La Grc mettra fin en octobre 2011 à cette opération qui s’est échelonnée de 2007 à 2009. Le Sénégalais de 56 ans aurait organisé, selon la Grc, pas moins de 315 mariages fictifs impliquant environ 630 personnes. Selon le Journal de Montréal, qui a interrogé l’avocat Pierre Joyal, défenseur du Sénégalais, des discussions entre la défense et le ministère public étaient bien avancées pour trouver un règlement au dossier. Ce qui explique la décision d’Amadou Niang de plaider coupable à 42 chefs d’accusation.
Vers la mise en œuvre d’une période de résidence permanente conditionnelle de deux ans
Les mariages frauduleux sont farouchement combattus par Ottawa. Récemment le ministre de la Citoyenneté, de l’Immigration et du Multiculturalisme, Jason Kenney, estimait que «les mariages frauduleux constituent un sérieux problèmes qui ne fera que s’aggraver, si nous ne prenons pas les mesures nécessaires pour protéger l’intégrité de notre système d’immigration et que nous n’empêchons pas les gens de tenter de recourir au mariage de complaisance pour venir au Canada de manière frauduleuse». «Il existe d’innombrables cas de fraude relative au mariage à l’échelle du pays. J’ai mené de vastes consultations auprès des Canadiens, et plus particulièrement auprès de victimes de fraude relative au mariage, qui m’ont dit clairement que nous devons prendre des mesures visant à mettre fin à cet abus de notre système d’immigration. Parfois, le répondant au Canada se fait duper, mais parfois, il s’agit d’une transaction commerciale», révèle-t-il. «La mise en œuvre d’une période de résidence permanente conditionnelle de deux ans contribuera à prévenir la fraude relative au mariage, à empêcher la victimisation cruelle de Canadiens innocents et à mettre un terme à ces escroqueries», ajoutera Jason Kenney, ministre de la Citoyenneté, de l’Immigration et du Multiculturalisme.
Abdou Karim DIARRA walf