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Devoir de contrôle Par Vieux SAVANE

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Même si l’agneau n’est pas symbole de propreté mais de douceur, il demeure que le verdict rendu par Abdoulaye Baldé est sans appel. « Ces gens-là qui se prennent aujourd’hui pour des agneaux sont beaucoup plus sales », a-t-il prévenu dans l’édition du week-end dernier du quotidien l’Observateur. Cette affirmation posée comme une évidence, il ne reste donc plus qu’à les identifier. En attendant d’y arriver, l’édile de Ziguinchor, ancien ministre de l’Industrie et du Commerce, se veut explicite. Tout en prenant le soin de ne pas les nommer, il se fait menaçant : « Si ces gens-là veulent la guerre, ils l’auront. Ils ont des choses à déclarer, on en a aussi ». Et voilà ressortie au passage la vieille recette du : « Tu me tiens, je te tiens par la barbichette ».

Pendant qu’ils jouent à se neutraliser dans une sorte d’équilibre de la terreur, il demeure un fait incontestable : des dignitaires se sont souvent servis de leurs positions de pouvoir pour s’enrichir au détriment des populations laborieuses. Ces dernières, pas dupes pour un sou, armées de leur humour corrosif ne se feront pas prier pour renvoyer la première alternance politique à l’image qu’elle réfléchissait : « Alternoce ». Très vite, elles ont vu de simples salariés ou anciens chômeurs devenir riches comme Crésus, sans avoir hérité de rien ni créé d’entreprises lucratives. Leur seule prouesse étant d’avoir entretenu une proximité avec le chef de l’Etat.

On en est encore, 52 ans après l’indépendance, à constater cette instrumentalisation de la politique perçue comme une opportunité d’enrichissement personnel, amical et clanique. Faudrait-il d’ailleurs s’en étonner si l’on se souvient que le premier réflexe d’un éminent opposant devenu président de la République a été de s’extasier par ces mots : « Nos problèmes d’argent sont maintenant terminés ». Il l’a du reste bien démontré en déroulant une générosité de flibustier habité par un fort sentiment d’impunité, l’autorisant à dilapider sans aucune retenue les ressources publiques. Il s’est même permis de proposer un milliard de francs Cfa pour faciliter sa transhumance politique, si l’on en croit les confidences de la victime, en la personne de l’ancienne ministre de l’Industrie et du Commerce, Mata Sy Diallo. Cerise sur le gâteau, il a acheté cash un terrain nu à plus d’un milliard de francs Cfa. C’est dire qu’il est impensable de laisser se réinstaller une telle expérience. La raison en est que le mode de gouvernance de la seconde alternance démocratique est placé sous haute surveillance citoyenne.

Il revient par conséquent aux populations de refuser de se laisser gruger par les autorités qu’elles ont contribué, par leur vote souverain, à installer dans des positions de pouvoir. Elles ont donc à exercer leur devoir de contrôle en veillant à exercer une pression de tous les jours, en s’assurant que le président de la République, le gouvernement et tous les hauts fonctionnaires et autres dignitaires du régime sont concentrés sur leurs missions. Concourir à la diminution du coût de la vie, assurer l’autosuffisance alimentaire, rendre la santé accessible, l’école, lutter contre le chômage et l’insécurité en Casamance, refonder les institutions. Voilà entre autres, les quelques taches urgentes qui leur incombent. Arriver à ce renversement de paradigmes, en prenant conscience que son rôle est de se mettre au service des populations n’est pas une mince affaire. Cela demande des sacrifices énormes et un formidable don de soi.

Qui n’a pas été frappé de voir de l’autre côté de l’Atlantique, les transformations opérées dans l’apparence physique du 45ième président des Etats-Unis, Barack Obama, nouvellement élu ? Il y avait ainsi quelque chose de poignant, à comparer le Barack Obama de 2008 à celui de 2O12. Quatre années entre les deux périodes et une énorme différence est déjà observable. Ayant traversé moult difficultés liées à la situation nationale et internationale, l’homme a sans aucun doute acquis une épaisseur d’être. Qui ne l’a vu au soir de sa victoire, traits tirés, visage grave, regard endurci, cheveux blanchis par le stress, dire merci aux volontaires qui l’ont aidé à obtenir ce résultat ? Et, à travers une larme dégoulinant sur sa joue droite, s’engager à transformer le quotidien de millions d’Américains en proie aux affres de la vie. Et cette image frappante fait sens, en rappelant que le pouvoir n’est pas une sinécure mais une formidable opportunité pour se mettre au service des populations.

Rien à voir avec une autre vision ayant cours sous nos latitudes où tout concourt à installer d’emblée dans la représentation. D’un côté le pouvoir est perçu comme moyen d’accès à la rente. De l’autre comme un sacerdoce supposant la capacité de se doter d’une énergie capable de déplacer les montagnes. En un mot, d’injecter dans un pays une dimension d’espérance.

Il s’agit en effet de sortir les gens de la torpeur du désespoir qui ouvre à toutes les formes d’aventure. A l’image de ces trente et un Sénégalais dont les corps sont enfouis dans les profondeurs océanes des côtes marocaines, après que leur pirogue surchargée a chaviré le 26 octobre dernier.

sudonline.sn

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