Wade devra marcher sur eux s’il souhaite effectuer une ponction sur les salaires des travailleurs. Pour cause, après la levée de boucliers de Sidya Ndiaye et ses camarades, c’est au tour de la Coordination des forces sociales (Cfs) de s’opposer à la démarche de Me Wade. Pour Youssou Touré et Cie, il suffit que ce dernier touche à un centime de leurs salaires, pour qu’ils attaquent devant les tribunaux la loi. Et s’ils n’obtiennent pas gain de cause, ils vont observer un arrêt de travail jusqu’à restitution de leur argent. D’autant que, selon les membres de la Cfs, Wade n’a qu’à faire payer les ministres prédateurs des deniers publics ou dissoudre le Sénat, entre autres institutions inutiles et budgétivores, s’il est en mal de sous.
Le projet d’effectuer une ponction de trois jours de salaires sur les rémunérations mensuelles des travailleurs du public et du privé pour venir en aide aux Haïtiens, ne sera guère une promenade de santé pour le président de la République. En effet, en conférence de presse samedi dernier, la Coordination des forces sociales, composée de l’Organisation des instituteurs du Sénégal, du Syndicat des enseignants libres du Sénégal, de la Sosif, ainsi que du Syndicat des transporteurs, a averti Me Abdoulaye Wade : « touchez à un centime de nos salaires, et nous observerons un arrêt de travail ». Même s’ils disent compatir avec le peuple haïtien, les camarades de Youssou Touré rejettent la proposition du chef de l’Etat, aussi bien dans le fond que dans la forme. « Il devait, au moins, et par respect aux travailleurs, convoquer des concertations pour leur soumettre son idée de prélever des ponctions sur leurs salaires. Ainsi, le dernier mot reviendrait aux principaux intéressés », estiment-ils. Pour le patron de l’Ois, Youssou Touré : « si la loi est votée, nous allons l’attaquer devant les juridictions compétentes. Que ce soit devant le Conseil constitutionnel ou la Cour suprême, nous nous opposerons à cette loi dictatoriale ». D’autant que, disent-ils, « non seulement le salaire est sacré, mais aussi rares sont les travailleurs, dont les salaires mensuels peuvent couvrir 12 jours. S’y ajoute le fait que, dans des villes comme Dakar, les 2/3 des salaires des travailleurs sont engloutis dans le loyer ».
« Si Wade est en mal d’argent, il n’a qu’à arrêter ses ministres prédateurs »
Si l’arme juridique ne lui donne pas gain de cause, la Coordination des forces sociales entend élever d’un cran sa croisade contre le locataire du Palais. Et pour ce faire, elle compte alterner marches et grèves, jusqu’à ce que Wade range dans les tiroirs son initiative. Pour Youssou Touré, si Wade est en mal d’argent pour secourir les Haïtiens, il n’a pas à chercher la solution au Ciel. Car « il lui suffit simplement d’arrêter son écurie de ministres prédateurs épinglés par l’audit de l’Agence de régulation des marchés publics, et de leur tordre le bras, afin qu’ils remboursent les deniers publics qu’ils ont détournés ». Sur ce, Youssou Touré et Cie demandent au procureur de la République de s’autosaisir si le président de la République « refuse de livrer ces ministres qui se comportent en vautours autour de l’argent du contribuable ». À défaut, la Coordination des forces sociales théorise sa vieille idée : la dissolution du Sénat ainsi que du Conseil économique et social, institutions inutiles et budgétivores.
Daouda THIAM
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