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Arrestation d’un responsable d’Ansar Eddine de Tombouctou

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Un haut responsable d’Ansar Eddine (« défenseurs de l’islam »), un des groupes islamistes qui a occupé pendant des mois le nord du Mali et commis de nombreuses exactions, aurait été arrêté près de la frontière algérienne.

« Mohamed Moussa Ag Mouhamed, le numéro trois d’Ansar Eddine, celui qui ordonnait de couper les mains, a été arrêté par un groupe armé. Il est conduit vers Kidal », a annoncé une source de sécurité malienne. L’information a été confirmée par un fonctionnaire au gouvernorat de Kidal, Abdoulaye Touré. « C’était l’idéologue d’Ansar Eddine à Tombouctou, la tête pensante de l’organisation là-bas. Il a été arrêté à In Hallil, près de la frontière algérienne par un groupe arme allié. Il est en route pour Kidal », a précisé Abdoulaye Touré, sans plus de détails.

Les sources n’ont pas précisé qui avait arrêté Mohamed Moussa. Les autonomistes touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont revendiqué sa capture et celle d’Oumeïni Ould Baba Akhmed, du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).
Présenté par des habitants de Tombouctou comme un Touareg originaire de la région, il a été décrit comme le responsable de la « police islamique » faisant régner la terreur, selon des témoignages recueillis ces derniers jours dans cette ville située à 900 km de Bamako.

RENFORCEMENT DES CONTINGENTS À KIDAL

Kidal, à 1 500 km de Bamako, a longtemps été le bastion d’Ansar Eddine. Mais, avant même l’arrivée dans la nuit du 29 au 30 janvier de soldats français qui ont pris le contrôle de l’aéroport de la ville, elle était passée sous le contrôle du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA, groupe dissident d’Ansar Eddine) et du MNLA.

Ces deux groupes ont affirmé soutenir l’entrée des soldats français à Kidal, mais refusent la présence de militaires maliens et ouest-africains, notamment par crainte d’exactions contre les membres des communautés arabe et touareg de la ville, parfois assimilés aux groupes islamistes armés. Un petit contingent de soldats tchadiens (dont le pays ne fait pas partie de l’Afrique de l’Ouest) est aussi déployé à Kidal.

Selon des sources militaires maliennes, des combats ont par ailleurs opposé samedi des soldats français et maliens à des hommes du groupe islamiste Ansar Dine dans les environs de Kidal. Des hélicoptères d’assaut et des avions de transport français acheminant des forces spéciales ont quitté Gao pour renforcer les contingents de la France et du Tchad stationnés à l’aéroport de Kidal.

SOUTIEN DES ÉTATS-UNIS

Le vice-président américain, Joe Biden, qui sera reçu lundi à Paris par François Hollande, a redit le soutien de son pays à l’opération militaire menée au Mali. « Il n’y a pas d’hésitation de notre part. Nous partageons les objectifs de la communauté internationale de priver les terroristes de tout sanctuaire et de restaurer une gouvernance démocratique au Mali, dit-il dans une interview au Figaro, lundi. En ce qui concerne l’opération militaire menée par la France, les Etats-Unis ont fourni un appui significatif – incluant échanges de renseignements, transport aérien et ravitaillement en vol – que le président Hollande et d’autres ont chaleureusement accueilli. »

« Il est également important que nous collaborions pour aider les pays participants à mettre sur pied rapidement la Mission de soutien africaine (Misma). Les Etats-Unis contribuent aussi à cet effort de manière importante, grâce au transport aérien et au soutien logistique apporté aux forces arrivant à Bamako », ajoute Joe Biden.

L’EUROPE : PEUT MIEUX FAIRE

L’ancien premier ministre français Alain Juppé (UMP) a appelé dimanche au déploiement, « très très rapidement », de la force militaire de formation de l’armée malienne approuvée à la mi-janvier par l’Union européenne. « L’Europe pourrait […] se bouger un petit peu ! », a-t-il lancé lors du « Grand Rendez-vous » de la chaîne de télévision I>Télé à propos de cette mission européenne, baptisée EUTM (mission européenne de conseil et de formation), destinée à former et à réorganiser l’armée malienne avant de lâcher : « Dans l’affaire du Mali, l’Europe a été nulle, point ! »

L’EUTM devrait être opérationnelle à partir de la mi-février, et les premiers soldats maliens devraient débuter leur formation « à la fin mars, début avril » sur la base militaire de Coulicoro, à environ 200 km de Bamako. Cette mission, dont la France est la « nation cadre » et à laquelle devraient participer une dizaine de pays européens, va déployer quelque 450 Européens : 200 instructeurs et 250 personnes pour la protection et l’appui administratif.

RETRAIT POSSIBLE DES TROUPES FRANÇAISES DE TOMBOUCTOU

Un retrait militaire français de Tombouctou au Mali « peut venir très vite », a affirmé lundi, sur France Inter, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius. « Dans les villes que nous tenons, nous souhaitons être rapidement relayés par les forces africaines de la Misma », la force interafricaine autorisée par l’ONU, a-t-il précisé. A propos des sept otages français qui seraient détenus autour de Kidal, dans le massif des Ifoghas, Laurent Fabius a assuré que le gouvernement continuait d’agir avec « détermination et discrétion ».

REPRISE DE L’AIDE FRANÇAISE

La France va reprendre progressivement son aide publique au Mali, gelée depuis le coup d’Etat militaire du 22 mars 2012, a annoncé lundi le ministre chargé du développement Pascal Canfin. « L’APD va reprendre dans un cadre européen », a-t-il insisté. « Dans un premier temps, il s’agit de reprendre les 150 millions d’euros qui avaient été gelés après le coup d’Etat » qui a renversé le président Amadou Toumani Touré, a-t-il dit, soulignant que l’UE a également décidé de reprendre son aide pour un montant déjà annoncé de 500 millions d’euros. « Cette reprise de l’aide sera progressive, adossée à la feuille de route. Les décaissements, en crédits humanitaires et de développement, se feront en fonction des progrès de la feuille de route », a-t-il insisté.

Le Parlement malien a adopté fin janvier une « feuille de route » politique pour l’après-guerre dans le nord du Mali, qui prévoit une discussion avec certains groupes armés et la mise en place d’une « commission de réconciliation nationale ». Elle prévoit également la tenue d' »élections générales, transparentes et crédibles » que le président malien par intérim Dioncounda Traoré a souhaité voir organiser avant le 31 juille.

lemonde.fr

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