Le ministre des Sports, Mbagnick Ndiaye, avait confié au Comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS) la mission d’éteindre les foyers de tension au sein des Fédérations sportives, de dépoussiérer les textes jugés obsolètes et de diriger l’arbitrage budgétaire.
Le CNOSS s’est exécuté en mettant en place un comité ad hoc qui devait rencontrer d’abord les protagonistes du judo demain mardi. Mais, Mbagnick Ndiaye l’a coupé dans sa dynamique de recherche de solution en retirant la délégation de pouvoirs à la Fédération de judo avec la mise en place d’un comité de normalisation pour une durée d’un an. Une des bizarreries qui caractérisent le magistère de Mbagnick Ndiaye, considéré pourtant comme un homme du sérail.
Le ippon (phase de judo) que Mbagnick Ndiaye a administré au désormais ex-président de la Fédération sénégalaise de judo et disciplines associées (FSJDA), El Hadji Moussa, Dia fait désordre avec la gouvernance de rupture et vertueuse que prône le président de la République. Retirer une délégation de pouvoir à une fédération sportive n’est certes pas une première au Sénégal. Toutefois, la maladresse avec laquelle Mbagnick Ndiaye s’y est prise, indispose plus d’un observateur averti.
Le mouvement sportif sénégalais avait pourtant applaudi quand cet homme dit du sérail a pris les rênes du département des Sports en remplacement de El Hadji Malick Gackou dans le gouvernement de Macky II.
Ancien président de la Fédération sénégalaise d’escrime, il avait dû se battre avec son épée contre Mme Djeynaba Kane Touré, toute puissante directrice des Sports et activités sportives, qui voulait sa peau. La politique faisant bien les choses, il est devenu son boss. Le premier acte majeur au demeurant largement apprécié, a été sa volonté de faire jouer au Comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS) pleinement son rôle de médiateur dans les conflits qui couvent dans les différentes fédérations sportives, le toilettage des textes et l’arbitrage budgétaire. Une déclaration solennelle faite devant Lamine Diack, président de l’IAAF.
Les camarades de Mamadou Diagna Ndiaye n’ont pas attendu une seule seconde pour saisir la balle au rebond en mettant en place un comité ad hoc, dirigé par des «sages» parmi lesquels Abdoulaye Sèye «Moreau».
Lors du face à face avec la presse, l’ancien président du CNOSS et ancien patron de la Fiba-Afrique et Fiba-Monde, avait éclairement indiqué que son premier chantier sera le judo. C’est pourquoi il avait du mal à cacher son étonnement quand Sud Quotidien l’a informé jeudi dernier, du retrait de la délégation de pouvoir au judo par le ministre des Sports.
«Franchement, je n’ai aucun commentaire à faire la dessus. Nous avions juste pris la décision de rencontrer les deux camps (celui de Moussa Dia et de Mbaye Boye, Ndlr) mardi (demain, Ndlr). Mais, vous savez quand l’Etat décide… Peut-être qu’il a ses raisons», s’est contenté de dire avec beaucoup de courtoisies la «colombe» du CNOSS.
Mais derrière ce discours «diplomatique», on est tenté de s’interroger sur la maladroite décision de Mbagnick Ndiaye. Car, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le ministre des Sports a manqué de respect et de courtoisie vis-à-vis du CNOSS, mais aussi vis-à-vis des membres qui composent son comité ad hoc.
Pourquoi Mbagnick Ndiaye a-t-il court-circuité la Fédération des Fédérations alors qu’il lui a confié une mission? Pourquoi le judo et non le taekwondo? Quelle sera la prochaine fédération à être envoyée à la guillotine ?
Le karaté? Le football? Le sport équestre? Le taekwondo? Le basket? L’athlétisme? Elles sont toutes en sursis.
Dans sa volonté manifeste d’installer des structures d’exception, le ministre des Sports n’a trouvé mieux que de tenter de bâillonner les journalistes sportifs. En quoi faisant ? Alors que ses collègues disposent d’un ou de deux attachés de presse au maximum, lui a mis en place un pool de journalistes. Sans toutefois les débaucher.
D’ailleurs sa décision inattendue et inopportune a fini par créer une fissure au sein du pool, avec la démission d’un d’entre eux.
Par ailleurs, Mbagnick Ndiaye n’arrête plus de prêcher le faux en soutenant que Macky Sall n’a jamais dit qu’il allait porter le budget du département des Sports à 1% du budget national. Constatant l’impossibilité d’une promesse électorale tenue devant le mouvement sportif, on parle maintenant d’une augmentation évolutive. Diantre ! Qui est amnésique? Le comble, c’est la visite effectuée au stade Lat Dior de Thiès pour suppléer le stade Léopold Sédar Senghor, suspendu par la CAF. Avait-on besoin de mobiliser tous ses moyens de transport pour se rendre à l’évidence que Lat Dior est devenu, à l’instar de beaucoup des stades sénégalais, un véritable champ de patates ? A quoi sert le CTR ?
Le pire, c’est sa sortie au vitriol contre un journaliste sportif, lors du gala de l’Association nationale de la presse sénégalaise, en directe sur la télévision nationale.
Abdoulaye Thiam
sudonline.sn