C’est comme cela que l’on nous avait présenté le Sénégal avant le départ en Juillet dernier. Plusieurs documentaires et articles semblaient confirmer la chose.
Après une réalité bien différente découverte au Moyen-Orient en début d’année, il est renversant de rencontrer ici des familles « mixtes » dans lesquelles catholiques et musulmans vivent sous le même toit. Gérard a une cinquantaine d’années et fait partie de la chorale de la paroisse. Ses parents sont pourtant tous les deux musulmans, son père a trois femmes et ses frères et sœurs sont tous musulmans.
L’Islam que confessent au Sénégal des confréries comme les Mourides n’est pas fondamentaliste. La conversion à une autre religion est acceptée. Impossible d’ailleurs de distinguer une chrétien d’un musulman : très peu de personnes portent le voile.
« C’est mon oncle » explique Sœur Bernadette, ursuline, « qui m’a poussé et encouragé dans ma vocation ». Il lui écrivait, la conseillait, la comprenait alors qu’il est musulman. L’histoire n’est pas très différente chez Abbé Théo, dont une partie de la famille est catholique. Son oncle Bernard n’y voit rien de compliqué : « J’aime bien les catholiques car ce sont des personnes honnêtes et bien élevées ». Et il est évident pour lui que chrétiens et musulmans prient le même Dieu. Quel est le plus important dans sa religion ? « Aimer son frère, faire du bien, rendre des services, être généreux ».
Il semble que l’infime minorité catholique se mélange bien avec l’immense majorité musulmane. Quelques exceptions obscurcissent pourtant le tableau. A Tivaouane, il n’y a pas d’église. Alors qu’elle allait être inaugurée un journaliste musulman intégriste de Dakar s’empare de l’affaire. Il fait du battage et les esprits s’échauffent. L’évêque et le marabout craignent des violences et arrêtent tout. Le gouvernement rembourse les frais au diocèse et y installe une école. Les abbés de Pandiénou viennent chaque Dimanche à Tivaouane célébrer le messe… dans une famille.
A Louga, plus au Nord, un autre abbé l’a mauvaise : « Quand on dit que ca se passe bien ici avec l’Islam, c’est qu’on fait beaucoup de concessions ». Dans un village voisin, les catholiques ont obtenu de la mairie et des marabouts le droit de construite une église après des tractages répétés mais « pas en centre ville, en périphérie ».
Nous venons de passer deux semaines à Pandiénou. Nous partons demain vers la Mauritanie.
Lefigaro.fr