Dans un communiqué reçu par lesenegalais.net et lu pour vous, le président de l’Assemblée nationale, informe que « conformément à la loi n° 2012-22 du 27 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques et plus particulièrement à son Article 7.1., la déclaration de patrimoine de Moustapha Niasse a été faite et déposée auprès du Président du Conseil constitutionnel par lettre à lui adressée, le 25 janvier 2013 ».
Le leader de l’Alliance des forces du progrès (Afp) précise que le même jour, le Président Macky Sall a reçu le même document accompagné d’une copie de la lettre adressée au Président du Conseil constitutionnel. Et hop ! un p’tit tir à l’arme du Shériff de Soweto est déclenché en direction du Premier ministre Abdoul Mbaye. Comme un télégraphiste, le Président Niasse d’expliquer la pensée profonde et complexe du Président Sall, au têtu chef du gouvernement en ces termes : « c’est la raison pour laquelle le Président de la République a fait état de cette déclaration de patrimoine en Conseil des Ministres en invitant les autorités concernées à en faire de même ».
CROCHE-PIED. Comme le ravi de crèche, pas peu fier d’être en règle avec les cinq juges mais d’être cachottier devant les cinq millions d’électeurs, « le faiseur de roi » caresse : « Le Président du Conseil Constitutionnel, a indiqué à Moustapha Niasse, par lettre n° 16 du 5 février 2013, qu’il convient d’attendre le vote de la Loi spéciale 7.1 qui fixe les conditions et modalités de dépôt de la déclaration de patrimoine prévue par la Loi précitée ».
Malgré une note adressée au Premier Ministre, le 18 février 2013, l’invitant à accélérer les procédures au niveau de l’exécutif pour l’envoi sur la table de l’Assemblée nationale du projet de loi complémentaire, le gouvernement sobre et vertueux n’est pas pressé de rendre un hommage à la vertu… Ce n’est pas l’opposition (la belle endormie) qui bouscule l’ancien banquier d’Habré mais c’est plutôt l’homme qui lorsqu’il commençait la politique, il y a 55 ans – avant la naissance de Macky Sall et de Idrissa Seck – qui joue les sentinelles de la démocratie.
Cela dit, Monsieur Niasse a fait sa déclaration. Mais devant qui et pour quelle opinion ?
A quoi ça sert de déposer une déclaration de patrimoine auprès d’un juge alors que les gouvernés doivent en être les premiers destinataires ? Dans une démocratie délibérative, dans un régime d’opinion, Moustapha Niasse a préféré cinq personnes désignées par le chef de l’Etat au lieu de cinq millions d’électeurs avisés, oubliant ceci : « Si tu déclares ton patrimoine devant le Conseil constitutionnel, un jour il sera publié. Si tu ne déclares pas ton patrimoine devant le Conseil constitutionnel, un jour il sera publié. Alors mieux vaut le déclarer devant le Conseil constitutionnel et le publier devant le peuple souverain, le même jour ». Le juridisme « façon-façon », le strip-tease législatif et l’excès de formalisme sont des tue-l’amour en démocratie. Après le chef de l’Etat Macky Sall, les ministres Aminata Touré et Aly Ngouille Ndiaye n’ont pas attendu pour publier leur patrimoine. En cela Khalifa Sall a été leur précurseur et Abdoul Mbaye le contre-modèle.
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