9 enfants, âgés de 5 à 12 ans, sont morts, calcinés, dans la nuit de dimanche à lundi, dans un terrible incendie. Ces tout petits faisaient partie d’un groupe de 80 talibés vivant dans des conditions d’hygiène exécrables, exploités par des marchands de sommeil enturbannés qui les ont entassés pire que du bétail dans un espace réduit nommé daara.
C’est dire l’instrumentalisation que l’on peut faire de la religion. Abandonnés par leurs parents, par la puissance publique, livrés à de faux marabouts, ils ont péri dans des conditions atroces, avalés par les flammes de l’incurie. Un drame qui met à nu une fois de plus et de façon brutale la situation d’irresponsabilité, de laisser faire, dans lesquels le Sénégal baigne depuis quelques années.
La République ne peut continuer de s’enfermer dans l’évocation de destins tragiques qu’elle a contribué à provoquer en laissant se dérouler des pratiques préjudiciables à la sécurité et au bien-être de tous. Il est de sa responsabilité de prévenir, en faisant fonctionner ses services de contrôle, en refusant d’encourager des comportements qui ne font que dans la réaction.
Il est temps d’affirmer avec vigueur que jamais situation pareille ne se reproduira. Comme s‘y est engagé le chef de l’Etat, mais en faisant désormais intervenir la prévention et la sanction, en dehors de tout calcul politicien et de tout plan de carrière, car c’est cela la responsabilité de l’Etat.
Cette situation est assez terrifiante pour que des mesures courageuses soient prises. Quoi qu’elles puissent coûter. Trop de laisser aller et de laisser faire ont installé ces dernières années le Sénégal dans une anarchie totale.
Si la République a déferlé dans toutes ses composantes, chef de l’Etat, ministres, députés, personnalités politiques, il demeure une réalité que nul ne peut occulter.
Tout le monde sait. Tout le monde se tait. Et le jour du drame tout le monde accourt, verse des larmes ponctuées d’indignation passagère. Cela s’appelle de l’irresponsabilité collective. Alors, qui portera le deuil de ces enfants vivant jadis sous le toit de l’indifférence collective?
sud quotidien