Macky Sall, a reçu, avant-hier, samedi, ses militants dans un hôtel parisien. Il en a profité pour se prononcer sur l’actualité, notamment sur les piques que se lancent les membres de sa coalition, Benno Bokk Yakaar. Le chef de l’Etat a invité les responsables de sa coalition à plus de «respect» et de «circonspection». Il a demandé à ses alliés d’être solidaires au bilan du gouvernement et non pas seulement s’accaparer des résultats positifs. Extraits.
Rapports entre alliés
«(…) Benno Book Yakaar est une coalition qui a porté ma candidature au second tour et qui exerce le pouvoir à travers le gouvernement que j’ai mis en place, mais aussi notre majorité à l’Assemblée nationale. Je voudrais inviter les uns et les autres à plus de circonspection, à plus de respect les uns aux autres, d’abord en commençant par les responsables et les militants de l’Alliance pour la République. Il ne sert à rien de passer son temps à polémiquer de manière stérile et d’engager des discussions tout à fait inutiles. Il faut parler quand le moment de parler a sonné. Il ne sert à rien de créer des invectives et des débats stériles entre partenaires. Cela est d’abord valable pour l’Apr, mais cela l’est aussi pour les autres partenaires de la coalition. Nous devons être solidaires de ce que nous faisons parce que le premier principe, dans un gouvernement, c’est la solidarité. Ce que nous faisons engage tout le monde. Tant qu’on est à l’intérieur, cela vous engage. Le jour où cela ne vous engage plus, vous sortez. Mais il ne s’agit pas de ça. Il faut que les uns et les autres acceptent de partager les résultats positifs, mais acceptent aussi d’assumer ce qui est moins positif. C’est comme ça la vie. Il ne faut pas prendre les bonnes parts, laisser le reste aux autres. Mais, j’invite vraiment nos responsables à prendre de la hauteur.»
Locales
«L’enjeu des locales, il faudrait le circonscrire à son contexte. Les élections locales ne sont pas des élections nationales. Il ne s’agit pas d’élire un président de la République, encore moins d’élire des députés. Donc ce n’est pas le même enjeu. Il ne faut pas qu’on se trompe de combat. Ces élections locales sont municipales, rurales et régionales. Les partis coalisés doivent pouvoir tout mettre en œuvre pour aller ensemble tant que c’est possible. Mais si cela n’est pas possible, chaque parti trouvera le moyen le plus approprié pour y aller. Cela ne doit pas casser la coalition. Puisque, même dans une même coalition, il n’est pas dit qu’on trouvera le même consensus, a fortiori quand il s’agit de la coalition des coalitions. L’idéal, c’est de travailler dans l’unité et la cohésion. Là c’est possible de dégager des leaders locaux crédibles et que des règles de partage soient acceptées, qu’on puisse bâtir des listes communes comme nous avions fait lors des élections législatives. Là où le leadership est éclaté, où il n’y a pas de consensus, que chaque parti prenne ses responsabilités. Cela ne doit pas être un obstacle par rapport à notre compagnonnage. En tout cas, c’est comme ça que je vois les choses. En attendant de réunir les leaders des partis, des mouvements citoyens qui sont membres de la coalition, j’invite les uns et les autres, mais surtout ceux de l’Apr, à observer plus de respect et de considération envers nos alliés en évitant tout débat stérile qui ne fait que nous divertir par rapport aux enjeux qui nous attendent».
«Il ne sert à rien de passer son temps à polémiquer de manière stérile et d’engager des discussions tout à fait inutiles»
Structuration de l’Apr
«S’agissant de l’Alliance pour la République, certains veulent qu’on procède tout de suite et maintenant à la réorganisation du parti. C’est une demande forte. Mais vous savez que ce parti a pu porter son candidat à la tête du pays sans organisation (…). Nous avions choisi de travailler par massification à la base et non pas de façon verticale. C’est ce travail horizontal qui nous a permis d’étaler la carte de l’Apr dans tout le pays et dans toute la diaspora pour amener le candidat du pouvoir au deuxième tour et finalement le battre. C’est une stratégie qui a été payante. Maintenant l’Apr est au pouvoir, c’est de nouveaux comportements, de nouvelles rivalités. Nous devons traiter cette question avec beaucoup de lucidité et de responsabilité. Aujourd’hui, il y a un enjeu de taille devant nous : ce sont les élections locales. Nous avons aussi l’enjeu de l’élargissement. Nous ne pouvons non plus refuser d’ouvrir les portes à ceux qui veulent et qui sont convaincus qu’ils veulent accompagner le président de la République. Nous devons leur ouvrir les portes. Donc il s’agit de trouver une solution entre l’ouverture et la consolidation des acquis. Ceux qui arrivent doivent être à l’aise. Mais, qu’ils ne bousculent pas ceux qui sont là et qui se sont battus. Cela nous a amené à dire, dans la réflexion, que nous avons édité de nouvelles cartes qui seront mises en vente en début mars dans les bases respectives pour que les nouveaux qui viennent d’arriver puissent créer, comme leurs autres camarades, leurs comités ou leurs sections. Les autres en ont déjà. Mais nous ferons quand même des audits des comités et sections existants pour les consolider et, après les élections locales, nous procéderons aux renouvellements. »
Contact avec la base
«Le plus important à mes yeux, c’est que les responsables, tous ceux qui sont dotés d’une responsabilité et d’une confiance, puissent continuer à maintenir le contact avec leur base. Il ne s’agit pas d’être nommé et de changer de numéro, être injoignable. Ça arrive souvent. Le statut, il change. Le ministre n’est pas un citoyen ordinaire, mais il ne doit pas oublier ce qui l’a mis ici. En tout cas, si je mets du temps avec vous, malgré les demandes importantes d’hommes d’affaires, d’hommes politiques et autres, c’est parce que je sais que c’est vous qui m’avez porté là où je suis. Donc il faut donner du temps aux électeurs, à nos mandants. C’est important. Il faut que les responsables restent en contact. Cela ne veut pas dire qu’ils doivent passer leur temps au téléphone parce qu’ils sont attendus par rapport à des résultats. Dans le gouvernement, ils doivent prouver, ils doivent assumer aussi. Sinon on va constater qu’ils sont en carence, et on va les virer. (…)
Sacerdoce
«Le parti, c’est très important. Mais, c’est toujours une association privée où des gens se sont coalisés pour partager des idéaux et des objectifs. Le peuple, c’est la chose la plus constante, donc c’est forcément le plus important. Donc nous devons mettre les problèmes des populations au devant de tout. C’est pourquoi j’ai aussi dit qu’il y aura forcément une rupture dans la politique. Si nous voulons répéter la même politique : chercher de l’argent, détourner, distribuer et jouer au plus gentil, on oubliera les pistes rurales, les dispensaires, les élèves qui ne sont pas orientés après leur baccalauréat. Alors qu’il faut construire les amphithéâtres, multiplier les universités, recruter des enseignants, donner de l’électricité. En 2012, nous avons mis 105 milliards de francs Cfa de subvention pour que le prix de l’électricité n’augmente pas. Cette année aussi, nous avons mis 80 milliards et cela ne peut pas suffire. Ça, c’est de gros efforts. Il nous faut trouver des solutions structurelles. Le solaire, c’est très bien mon ami (s’adressant à quelqu’un qui parlait de solaire, Ndlr), mais il ne permet pas de donner de l’électricité ni à l’industrie ni aux familles. Cela ne fait que de l’éclairage. Nous attendons le développement de cette technologie. Nous y travaillons parce qu’elle est en croissance, mais elle est encore très chère. C’est pour dire que les défis sont nombreux et variés et les gens sont pressés et c’est normal. (…)
«Il faut que les responsables restent en contact. Cela ne veut pas dire qu’ils doivent passer leur temps au téléphone parce qu’ils sont attendus par rapport à des résultats»
Gouvernance
«J’ai décidé de donner un contenu à ma gouvernance, en faisant la promotion de la bonne gouvernance, en combattant farouchement la gabegie, la corruption et la mal gouvernance. C’est le sens de ce qui a été entamé concernant d’abord les audits, l’état des lieux, mais également la traque des biens mal acquis. Et ce n’est pas un combat contre des perdants. Parce que, des perdants, on n’a pas encore à taper sur eux, on les a battus démocratiquement. On n’a pas besoin de frapper quelqu’un qui est par terre. Mais je veux instaurer une éthique républicaine. J’ai eu à le lire à mes partisans, membres de l’Apr, du gouvernement et de Benno Book Yakaar, que la même rigueur leur sera appliquée lorsque des fautes seront commises. C’est la raison pour laquelle, au-delà des audits et la réactivation de la Cour de répression de l’enrichissement illicite, j’ai mis en place un organe nouveau qui, lui, va observer les gouvernants actuels : l’Ofnac. C’est dire que c’est un combat impersonnel, un combat pour la République et pour la préservation des deniers publics de notre pays. Beaucoup de salive a coulé en ce qui concerne cette réactivation de cette cour. Les interdictions de sortie du territoire sont des décisions des Officiers de police judiciaire, chargés d’une enquête, qui ont besoin d’avoir à leur disposition les personnes concernées. Vous ne pouvez pas, au moment de rendre compte, sortir et puis aller faire le tour du monde. Donc il n’y a aucune violation de quoi que ce soit. Nous sommes respectueux de l’Etat de droit. Croyez-moi il n’y a aucune volonté de s’attaquer impunément ou volontairement à une section ou à une catégorie donnée. Toutes les personnes qui ont été citées ne l’ont pas été pour des raisons politiques, mais pour des raisons clairement identifiées. Pour le reste, les choses vont être plus claires prochainement ».
Retour au pays
«Nous avons énormément d’investissement pour l’éducation. Les bourses représentent entre 31 milliards et 33 milliards de francs Cfa par an. C’est beaucoup pour le Sénégal. Parmi les 33 milliards, il y a 9 milliards pour les bourses étrangères. C’est un effort à faire pour la jeunesse de notre pays. Nous avons besoin des compétences de cette jeunesse. Pour cela, il faut oser retourner au pays. Je sais que c’est difficile, mais difficile est le chemin. Et vous ne pouvez dire : «Tant que je n’ai pas l’emploi, je ne vais pas retourner.» Vous êtes obligés de rentrer et de vous inscrire au chômage, faire un stage, avoir un premier salaire qui n’est pas le Smic français. Si vous ne faites pas ce parcours, ce n’est pas possible que vous trouviez du travail chez vous. Il faut affronter la réalité. Nous sommes disposés à vous accompagner, mais l’Etat ne peut pas, à lui tout seul, créer des emplois. Cela n’a pas de sens. L’emploi est créé par l’entreprise. Mais notre rôle de mettre en place le cadre d’épanouissement de l’investissement. Et aujourd’hui, le Sénégal est une destination puisque nous pensons – et les investisseurs avec – qu’il y a un renouveau parce que le Sénégal est un Etat de droit. C’est pourquoi ce que nous faisons dans la justice est extrêmement important. D’abord que la justice soit égale pour tous, qu’il n’y ait pas de personnes au-dessus de la justice, au-dessus de la loi ; que la justice soit rendue au nom du peuple, avec équité et responsabilité. Cela va entraîner un développement de l’investissement direct étranger. Et aujourd’hui, Dieu sait qu’il y a énormément de demandes d’investissements dans plusieurs secteurs : agriculture, tourisme, énergie, banques, finances. Nous avons donc besoin de cadres. Mais il faut qu’ils soient formés dans les secteurs, des filières qui correspondent aux besoins de l’économie. Chacun doit veiller à cela lorsqu’il va s’inscrire à la Fac en pensant à sa réinsertion prochaine. Nous allons poursuivre cet effort pour l’éducation parce que c’est une expression forte».
Rassemblés par Moustapha BARRY
(Correspondant permanent à Paris)
walf.sn
Les individus sont le fruit de leurs cultures !
Je constate simplement que nos compatriotes sont d’éternels assistés, partout où ils se trouvent, cette mentalité transparaît dans leurs discours.
Le Président Macky Sall a été très clair, le Gouvernement ne créé pas des emplois autres que ceux de la fonction publique, emplois qui ne sont pas extensible.
Notre pays a mis en place toutes les conditions idoines qui permettent à chacun de se réaliser dan sle cadre de l’auto-emploi, il ne faut pas attendre plus.
Que veulent ces jeunes qui, pour la plupart sont en Sociologie, Droit, Histo-Géo ?
Considérer que parce qu’on est venu étudier en Europe qu’on devrait avoir des privilèges que n’ont pas les camarades restés au Sénégal serait une grosse erreur.
Que ceux qui se sentent capables d’apporter quelque chose au Pays y aillent, sinon rien ne les empêche de rester travailler dans leurs pays d’accueil.