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Fusion, transhumance, débauchage: Macky « massifie » sur le dos de Bennoo

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Engagée dans une sorte de course débridée contre la montre, en raison certainement des élections locales de 2014 qui approchent à grands pas, l’Apr de Macky Sall tente vaille que vaille d’étendre ses tentacules dans le landerneau politique. Cette tentative forcenée de massification est toutefois en passe de renforcer davantage les fissures entre Macky et ses alliés, selon bien d’observateurs de la scène politique. Pour cause, notent-ils, en dehors des stratégies de fusion et de transhumance, des débauchages se font en catimini au sein de certains partis significatifs de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar .

Moins d’une année après son accession au pouvoir (25 mars 2012), Macky Sall et ses partisans ne semblent plus lésiner sur les manœuvres pour massifier les bases de leur formation politique. De tous bords, l’Alliance pour la République (Apr) cherche ainsi à étendre ses ramifications pour réussir son passage d’ancien parti d’opposition à grand parti présidentiel. Pour atteindre cet objectif, à l’approche des échéances locales de mars 2014 qui s’annoncent comme une sorte d’élections primaires avant la présidentielle de 2017, le chef de l’Apr a décidé de lancer, comme qui dirait, une offre publique d’achat (OPA, selon les économistes et banquiers) sur le landerneau politique.

Les fusions avec l’Apr se multiplient ainsi à vitesse grand V, pour certains alliés de Macky Sall dans le gouvernement. Des alliés décidés avant tout de conserver leurs positions stratégiques au sein du pouvoir et qui n’hésitent guère à dissoudre leur mouvement dans la famille « apériste ». Ainsi en a-t-il été du mouvement « Sellal » dont le porte-drapeau Aminata Tall, ex-libérale et égérie d’Abdoulaye Wade aux premières heures de l’Alternance de 2000, a rangé armes et bagages dans les tiroirs marron beige de l’Apr. Nommée au secrétariat général de la Présidence de la République dans la première Task force de Macky Sall, Aminata Tall qui est allée gonfler les rangs de l’Apr a hérité du poste stratégique de présidente du Conseil économique, social et environnemental new look. En somme, la troisième institution dans l’ordre protocolaire de la République après la Présidence et l’Assemblée nationale.

Aly Ngouille Ndiaye, le ministre de l’Energie, ne fera pas moins. Le tombeur d’Habib Sy, ex-ministre d’Etat libéral, dans son fief de Linguère, au cours des dernières élections, a lui aussi fondu son Mouvement pour la renaissance du Djolof au sein de l’Apr, jurant de fait allégeance et fidélité au successeur de Me Wade à la tête du pays.

Dans cette volonté de faire de l’Apr le premier parti du Sénégal, Macky Sall semble aussi jeter son dévolu sur tous les petits partis qui parasitent l’espace politique. On prête ainsi au nouveau Président d’avoir noué par le biais d’audiences de sérieux contacts, aux fins de fusion, avec des acteurs politiques comme Ousseynou Faye, président du Mouvement pour la renaissance républicaine (M2r). Voire le maire de Guédiawaye Cheikh Sarr dont le parti, Niaxx Jarinu, est membre de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar, même si ce dernier dément, urbi et orbi, « être dans cette logique ».

Me El Hadji Diouf du Ptp ne semble pas loin, lui, de cette dynamique. L’ancien souteneur de Moustapha Niasse et de Bennoo Siggil Senegaal (au premier tour) a fait montre de sa disposition à fusionner sa formation politique avec le parti du Président Macky Sall. « « En vérité, il ne sert à rien d’être l’allié du président, si on ne veut pas l’aider à réussir. Il y a des gens qui se disent alliés du Président, alors qu’ils guettent l’occasion de le tuer pour le remplacer. Je suis au service de mon pays. Je ne suis pas obnubilé par la fonction présidentielle. Je suis obnubilé par le devenir de mon pays qui m’est cher », a déclaré le député pour justifier une éventuelle fusion. Avant d’annoncer déjà que dans les tout prochains jours, un grand Congrès de fusion sera organisé. « Et je serais plus proche du Président », a dit Me El Hadji Diouf.

LA TRANSHUMANCE VERSION APR

A côté des manœuvres de fusion, la transhumance a été remise au goût du jour par les cadors « apéristes ». Par vagues, des militants et responsables de l’ex-formation au pouvoir (Pds) tombent dans les nasses de l’Apr. Dernier ralliement en date : celui de l’ancien maire de Gueule Tapée-Fass-Colobane Adama Bâ qui quitte le Pds pour l’Apr. A l’issue du meeting de ralliement au parti au pouvoir organisé par la cousine du Président, Bineta Gassama, Adama Bâ a officialisé sa transhumance et promis de se battre corps et âme pour que l’Apr gagne les locales dans la commune. Cette défection des rangs du Pds n’est toutefois qu’une parmi la flopée de responsables libéraux ayant migré vers l’Apr. A l’instar de l’ex-député libéral Malick Guèye de Latmingué (Kaolack).

REVERS DE LA MEDAILLE

Ce souci de faire transiter l’Apr de son statut d’ancien parti d’opposition à grand parti présidentiel, en somme d’en faire le premier parti du Sénégal en termes de base électorale, risque cependant de pousser la coalition Bennoo Bokk Yaakaar vers de nouvelles crispations. Et pour cause, des débauchages sont en train de se faire en catimini au sein des partis significatifs de BBY. En atteste, le ralliement d’un bon nombre de militants socialistes à l’Apr, au cours de ce week-end, par le biais d’un meeting qui aurait été présidé paradoxalement par …Barthélémy Dias, leader des jeunesses socialistes.
Face à ces manœuvres qualifiées de cavalières, les réactions divergent d’un parti à un autre.

Le Rewmi et Idrissa Seck, certainement vexés par les débauchages opérées dans leurs rangs par Thierno Alassane Sall, le ministre des Transports et non moins responsable « apériste », dans leur bastion de Thiès, ont déterré la hache de guerre. Par des sorties au vitriol contre l’action du gouvernement ! Des sorties qui ont failli créer l’implosion de Bennoo Bokk Yaakaar, avant terme. Du côté des Socialistes par contre, même si le parti garde pour le moment sa retenue légendaire, la Convergence socialiste et les jeunes « Verts » ne sont pas disposés à s’accommoder de cette forme de relation avec l’Apr. En conférence de presse organisée samedi dernier, à la Maison du parti, ils ont affirmé ouvertement qu’ « On travaille pour que Macky Sall n’ait pas un deuxième mandat ». Youssou Mbow, Pape Sow et cie ont invité sans ambages leur parti à quitter la coalition, arguant que c’est la seule condition pour le Ps d’Ousmane Tanor Dieng de revenir au pouvoir.

Au final, les observateurs relèvent que cette tendance supposée de Macky à puiser dans les bases de ses alliés, à l’approche des Locales, ne cesse de renforcer les fissures au sein de la mouvance présidentielle. Le prix en vaut-il la chandelle, se demandent-ils? L’avenir proche, en gros les joutes de mars 2014, édifieront certainement l’opinion des Sénégalais.

sud quotidien

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