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Pape Diouf, la consécration

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Le chanteur sénégalais Pape Diouf se produit samedi pour la première fois au Zénith de Paris. L’artiste qui compte de nombreux fans chez les jeunes a connu des années de dur labeur avant de connaître le succès. Portrait.

Le moment est mal choisi pour rencontrer Pape Diouf. Le chanteur, qui a mille choses en tête en raison de son prochain concert au Zénith de Paris, reste malgré tout courtois. Il est le genre de personne qui demande des nouvelles de votre famille même lorsqu’il vient juste de vous rencontrer. Politesse et hospitalité obligent quand on est originaire du pays de la Teranga.

En l’espace de quelques années, l’artiste s’est transformé. Le jeune homme introverti et timide qui n’osait à peine regarder son public sur scène est mort et enterré. Désormais c’est un Pape Diouf plein d’assurance, au sourire facile, qui se présente au public. Pour ses fans, il ne fait aucun doute. C’est lui le nouveau roi du Mbalaax, musique très rythmé, initié par le célèbre chanteur sénégalais Youssou Ndour, qui l’inspire, tout comme Kiné Lam, Souleymane Faye, Salif Keita, Omar Pene…

Lui, le très religieux, qui ne peut dire une phrase sans remercier ou glorifier Dieu, s’est finalement faite une place dans l’univers très fermé de la musique sénégalaise. En quelques années, Pape Diouf n’a cessé de gravir les échelons pour devenir aujourd’hui incontournable sur la scène musicale sénégalaise. Le chanteur qui aime dire qu’il doit tout à ses parents, est régulièrement convié sur les plateaux de télévision.

A la conquête de l’international

Son quatrième album Casse casse, récemment sorti où il effectue un duo avec la chanteuse de sa génération Diolé, a eu un franc succès auprès des jeunes, qui dans les rues de certains quartiers de la banlieue de Dakar n’hésitent pas à entonner le refrain en marchant : « Casse casse ! Papa Diouf casse tout ! »

A 32 ans Pape Diouf, le jeune pikinois, peut souffler. L’homme posé, dont les pairs reconnaissent la courtoisie, et les bonnes manières, a atteint un de ses objectifs : être reconnu en tant qu’artiste. Une reconnaissance qui lui a permit de se produire dans plusieurs pays : Côte d’Ivoire, Gambie, Italie, Etats-Unis, afin de rencontrer la diaspora sénégalaise.

Désormais cap sur le Zénith, où il se produira samedi prochain en compagnie de multiples artistes sénégalais de renoms tels que Mbaye Dieye Faye, Aida Samb, Titi, Diolé… « Avec ce concert je souhaite exporter la musique sénégalaise, l’occasion de montrer de quoi je suis capable. Les Sénégalais aiment les rendez-vous musicaux de ce genre », dit-il. « On va tout faire pour chanter les meilleurs morceaux », assure-t-il.

Il y a encore quelques années, le trentenaire était loin d’imaginer qu’aujourd’hui il ferait parti de cette nouvelle génération de chanteurs qui pèse sur la scène musicale de son pays. Certains, au pays de la Téranga, n’hésitent pas à affirmer qu’il est bien parti pour suivre les traces de Youssou Ndour, qui a une renommée mondiale.

Galères

Le succès est certes au rendez-vous. Mais pas question de prendre la grosse tête pour autant. Le jeune artiste aime rappeler régulièrement qu’avant de connaître la gloire, il en a vu de toutes les couleurs.

Ainé d’une fratrie de plusieurs enfants, c’est avant tout pour aider financièrement ses parents aux moyens modestes qu’il décide de se battre pour se faire un nom. Il intègre en 1994 le célèbre groupe Lemzo Diamono où il fait ses premiers pas sur la scène musicale du pays de la teranga. Bien que le groupe remporte un franc succès, le jeune homme n’émerge pas. Il décide quatre ans plus tard de quitter le groupe pour mener une carrière solo. Un choix difficile, qui le met le à rude épreuve.

Les galères. Pape Diouf en a effet connues, surtout après avoir connu le Lemzo Diamono. « Mon départ du groupe a été période extrêmement difficile dans ma vie. Sans doute la plus rude ! J’ai pendant longtemps été un marchant ambulant. J’ai tout vendu pour aider ma mère, des persils, des cacahuètes, des légumes… Je dis à tous ceux qui vivent encore cette situation de ne pas se décourager. Ils peuvent s’en sortir ! Je voulais réussir car je savais que Dieu m’avais donné une voix et qu’après beaucoup de travail je pouvais en faire quelque chose ! » Ce n’est qu’en 2002 que le jeune homme connaîtra le succès avec son premier album Dieugal (lève-toi).

Il s’est tôt épris de la musique. Un univers dans lequel il baigne depuis son plus jeune âge, lui issu d’une famille de Guéwel (griots en wolof), où les chants traditionnels sont omniprésents. « A la maison, beaucoup de mes proches chantaient. Depuis petit, je les accompagnais lors de cérémonies. Je n’ai fait que suivre la voie qui m’avait déjà été tracée ».

Un enfant de la banlieue

Le trentenaire a donc longtemps biberonné dans la culture traditionnelle sénégalaise. Un état d’esprit qui se reflète dans les thèmes qu’il aborde dans ses chansons : la prostitution, les valeurs qui se perdent, le manque de respect vis-à-vis des aînés. Tant de maux de la société sénégalaise qu’il dénonce dans ses titres. « Je suis profondément touché par le fait que la prostitution prend de l’ampleur dans mon pays. Sans compter la recrudescence des viols sur les petites filles ! Les femmes sont sacrées et on doit les protéger ! »

L’autre grand thème présent dans chacun de ses opus : la banlieue. C’est la « banlieue qui a fait de moi ce que je suis devenu. C’est mon quartier général », dit-il. « Je suis très fier d’être un banlieusard », renchérit-il. Un sujet qui lui tient particulièrement à cœur, d’autant qu’il a vécu dans plusieurs banlieues dakaroises : Usine Niarry Tally, Parcelles, Pikine.

Il admet qu’il est en rogne contre les stigmatisations que l’on fait à l’encontre des habitants de la banlieue : « on entend que les gens sont mal éduqués, ils sont violents, ce sont des ignards.. »

Au contraire, comme un regain de fierté, Pape Diouf, qui porte beaucoup d’espoir en la jeunesse sénégalaise, estime que la banlieue contribue nettement au développement du Sénégal. « Beaucoup de cerveaux, cadres et artistes du Sénégal sont issue de la banlieue ». Lui, est l’exemple d’un enfant de la banlieue devenu star.

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