Deux violentes explosions qui sont survenues à la ligne d’arrivée de la 117e édition du marathon de Boston ont fait au moins deux morts et plus de 100 blessés. Plusieurs autres colis suspects éparpillés dans la ville ont été signalés aux services policiers, dont une station de métro de l’Université Harvard. La police a demandé aux citoyens de ne pas se déplacer en ville par mesure préventive.
Une troisième explosion est également survenue à la bibliothèque JFK, mais elle n’est reliée à celles du marathon, selon les services policiers.
Peu après 18 h, le président des États-Unis, Barack Obama, a confirmé lors d’un point de presse à Washington que le pays ne sait toujours pas qui est responsable de ces explosions. Pour l’instant, aucun groupe terroriste n’a revendiqué les attaques.
«Nous irons au fond des choses. Nous trouverons qui a fait ça, et pourquoi», a-t-il déclaré.
Témoignages
La marathonienne Anne Ross, une citoyenne de Sept-Îles âgée de 55 ans, est l’une des 355 Québécois à avoir participé au marathon. Elle a franchi la ligne d’arrivée deux minutes avant les deux explosions. Elle venait tout juste de retrouver son mari, a-t-elle expliqué à La Presse.
«C’était juste derrière moi. J’ai l’impression que ce sont des anges qui m’ont portée jusque-là, parce que j’ai battu mon record de six minutes, sinon j’étais dans le groupe qui… j’étais dans l’accident.»
«Sur la ligne d’arrivée, on verse souvent des larmes parce qu’on est tellement content d’avoir réussi à faire le marathon et tout, mais là, les larmes sont différentes.»
«Les gens qui attendaient des coureurs se sont mis à hurler, à crier, c’était vraiment terrible. Dans la rue, les gens hurlaient, et il y avait aussi des enfants qui attendaient leur papa et leur maman.»
«Le monde ici, c’est incroyable. On a été appelés à quitter les lieux parce que c’est l’hystérie complète. Les ambulances se promènent, les sirènes de police. C’est vraiment désastreux.»
«À la radio, on a entendu qu’il y avait plusieurs blessés. Je pense que ce sont deux bombes qui ont été mises dans les poubelles à la ligne d’arrivée.»
Les services d’urgence ont été appelés sur les lieux des explosions vers 2 h 50.
Le marathon de Boston était dédié cette année aux familles des victimes de la fusillade dans une école primaire de Newtown. Selon les médias présents sur place, des membres des familles des victimes de Newtown étaient présents près des lieux des explosions.
Selon des témoins de la scène, la première explosion serait survenue à l’hôtel Lenox, suivie 15 secondes plus tard par une deuxième détonation.
Il y avait des centaines de personnes rassemblées sur le trottoir pour regarder l’arrivée des marathoniens. Près de la moitié avaient terminé la course au moment des deux explosions.
Un épais nuage gris de fumée a enveloppé la scène, qui est maintenant évacuée.
«La sécurité est extrêmement présente sur le site, particulièrement au début et vers la fin de la piste. Nous avons vu des policiers faire un aller-retour sur chaque côté du dernier kilomètre avec des chiens», a expliqué à La Presse depuis Boston le Québécois Marc Pelletier.
Sylvain Bergeron, 41 ans, fait partie d’un groupe d’une soixantaine de Québécois logés à l’hôtel Midtown, à 700 mètres de la ligne d’arrivée.
«C’est chaotique. On essaie de circuler et la police est à tous les coins de rue, les ambulances, les pompiers… On a de la misère à traverser. Devant moi, il y a un cortège de 25 ambulances qui essaient de se rendre sur les lieux. »
«On nous suggère de ne pas sortir à cause de toute la cohue dans les rues.»
«Tout le monde est sous le choc, sans voix. On a vu la fumée. Le bruit des explosions était très fort.»
«Ma conjointe a passé la ligne 10 minutes avant l’explosion et d’autres membres de notre groupe sont passés juste avant. Mais on n’a pas encore de nouvelles de tout le monde. C’est la consternation.»
«On a beaucoup de mal à avoir de l’information. Tout le monde essaie d’avoir des nouvelles des gens qu’ils connaissent. Les lignes de cellulaire sont congestionnées.»
Catherine Morin, 40 ans, est ingénieure à la Ville de Montréal.
«Je marchais sur le trottoir quand on a entendu l’explosion. Tout le monde s’est regardé. Puis, les gens se sont mis à courir partout. Il y en a qui arrivaient en pleurant, en panique. Les Américains ont très peur, très vite, depuis le 11 septembre 2001.»
«Tout le monde regardait son cellulaire pour comprendre ce qui se passait.»
«C’est comme un bruit de dynamitage sur un chantier de construction, sauf que ça avait lieu en pleine ville.»
«Heureusement, comme c’était un marathon, il y avait déjà plein de tentes avec du personnel médical, prêt à aider les blessés. Ils ont évacué les lieux très vite.»
«C’est un deuil. Quand j’ai entendu l’explosion, je me suis dit: ça ne m’étonne pas, c’est un événement international, mythique, ça va faire une impression durable. Plein de monde rêvait d’y participer et ça casse la fête.»
«Je vais continuer à faire des marathons, mais ça ne me donne pas le goût de revenir ici, à Boston. Mais certains disent qu’il ne faut pas donner raison aux terroristes.»
Lise Proulx, 56 ans, travaille en aide de service en radiothérapie.
«J’étais en train de me changer quand j’ai vu la fumée au loin. C’était la panique totale, même chez les bénévoles. Ils couraient dans tous les sens et nous empêchaient de passer par certaines rues. J’ai dû faire plusieurs détours pour revenir à l’hôtel.»
«Je n’ai jamais vu autant d’autos du FBI, d’ambulances, de policiers. C’était l’enfer.»
Réactions à Ottawa
Le premier ministre Stephen Harper s’est dit «renversé» par ce qui est arrivé cet après-midi à Boston.
«C’est un jour très triste lorsqu’un événement aussi inspirant que le marathon de Boston est assombri par un tel acte de violence insensé», a-t-il déclaré dans un communiqué.
«Nos pensées et nos prières sont avec les personnes blessées ou touchées par cet horrible incident, a-t-il ajouté. Nous sommes aux côtés de nos voisins américains en cette période difficile.»
Le gouvernement a appelé les Canadiens qui se trouvent à Boston et qui ont besoin d’une aide d’urgence à communiquer avec le Consulat général au (617) 247-5100. Les amis et la famille de citoyens canadiens se trouvant dans ce secteur peuvent obtenir des renseignements par téléphone en composant le 1-800-387-3124 ou par courriel, à l’adresse [email protected].
Les attentats de Boston ont été suivis de près sur la colline parlementaire à Ottawa. Un député conservateur du Yukon, Ryan Leef, prenait part à la course et il venait de franchir le fil d’arrivée lorsque les explosions ont retenti. Il n’a pas été blessé.
Tout indique que l’ancien chef conservateur Stockwell Day était inscrit au marathon, lui aussi. Le site de l’événement ne fournit toutefois aucune information sur son chrono.
Le chef de l’opposition, Thomas Mulcair, a exprimé ses condoléances aux victimes au nom de son Nouveau Parti démocratique.
«Le marathon de Boston rassemble des gens de partout dans le monde, a-t-il déclaré. Il est horrible d’apprendre qu’un tel événement ait été visé de cette manière.»
Le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, a aussi exprimé ses condoléances via son compte Twitter.
«Attristé par les nouvelles qui nous arrivent de Boston. Mes pensées vont à tous ceux qui ont été affectés.»