Le Pds toujours sous le contrôle de son leader depuis la France : Wade, la télécommande de Versailles

Malgré son statut d’ancien chef d’Etat, Abdoulaye Wade porte toujours ses habits d’opposant qui a usé le régime socialiste. Aujourd’hui, il rallume sa fièvre d’ex-opposant pour affronter le pouvoir actuel coupable d’avoir emprisonné son fils. Avec une télécommande activée depuis Versailles.
Versailles est un lieu de relégation humiliante. Durant ces longues et terribles journées, Abdou­laye Wade téléphone et remet ses troupes en ordre de bataille. L’oc­cupation de la rue… publique est son dada. Il maîtrise les codes et impose sa vista de vieil opposant qui a usé le régime socialiste. A­vant de l’achever en 2000. Loin de sa fougue de jeunesse, il est toujours aussi redoutable dans ses habits de coriace chef de l’opposition qu’il avait rangés depuis le 19 mars 2000. Le Pape du Sopi ne vieillit pas malgré le poids incommensurable de l’âge : 87 ans. Le message livré à ses militants lors de la marche de ce mardi 23 avril est à la hauteur de sa mélancolie actuelle nourrie par l’arrestation de son fils poursuivi pour enrichissement illicite présumé à hauteur de 694 milliards de francs Cfa. «Oc­cupez les rues de Dakar tous les mercredis !», tonne-t-il. En vérité, il télécommande toutes les manifestations depuis sa base pour requinquer ses troupes déstabilisées par les usantes auditions pour enrichissement illicite.
Cette missive le réconcilie avec sa fougue de jeune opposant casseur qui ne pâlit guère nonobstant l’usure de douze années de pouvoir. Il n’est jamais rouillé, toujours d’usage ! Un mot d’ordre digne d’un Wade des périodes chaudes de l’opposition dans les années quatre-vingt dix (1990). Par la même poigne d’antan, le général de la troupe des bleus télécommande son parti depuis sa maison de retraite de la capitale française : Versailles qui est désormais la base de commandement d’où émanent toutes les décisions du Parti démocratique sénégalais (Pds). Par cet acte qui dope le moral des militants, le Secrétaire général national du Pds reste le leader incontestable et incontesté qui cristallise toutes les décisions politiques. Il vient de consolider son statut d’unique «constante» de ce parti et relègue tous les autres prétendants au trône à leur statut de simples «variables».
A la direction de ce parti, où le dé­bat sur le congrès est reporté aux calendes grecques, les appels à manifestation, la création de courants au sein du parti, bref, toutes les décisions portent le cachet infalsifiable de Abdoulaye Wade. Décidemment, le Pds n’est pas près de se débarrasser de son vieux routier qui garde toujours le gouvernail entre ses mains frêles. Souleymane Ndéné Ndiaye, Ma­ma­dou Diagne Fada, Oumar Sarr et les autres peuvent bien mettre leurs ambitions en veilleuse. Car le Pape du Sopi ne s’est pas du tout retiré de la scène politique. Tant que son fils (Karim Wade) restera en prison, Abdoulaye Wade ne cessera de gérer «son» parti d’une main de velours. En attendant, le retour de «l’enfant prodige» (Ka­rim Wade) qui arrive à concentrer autour de sa personne le renouveau du parti libéral. C’est là où se concentrent tous les enjeux de son renouveau de vieil opposant.
Le Quotidien