Ndiaga Niane, la soixantaine en poche est un profil tourmenté parachuté dans le milieu de l’enseignement. Indexé comme un maniaque sexuel, le directeur de l’école primaire le lave de tout soupçon.
L’homme porte un masque. En public, il est l’instit’ irréprochable et adulé. En privé, le mec qui a complètement disjoncté et dont le péché mignon est de tripatouiller les nichons des minettes de sa classe. Sur l’artère principale de Nietty Mbar, Ndiaga Niane, enseignant respectable, court sur pattes, ventru et pansu, cultive l’image surannée de l’éducateur forgé à la vieille école et aux méthodes anciennes, aux mœurs patriarcales. Son sourire édenté n’avait attiré que l’attention des mioches dont il abusait. L’une d’elles confiait : «Quand il nous embrassait on était obligé de cracher par terre en cachette parce qu’il n’a pas de dents.» Aujourd’hui, il paie l’addition de sa vie faite d’excès.
Lui, fils de Bocar Niane, ancien maire de la localité est marié à deux femmes et habite Gounass. Au quartier de Nietty Mbar, Ndiaga Niane est une icône locale. Dans l’école Thierno Salif Ndongo, sa présence est d’une impérieuse nécessité. On le proclame enseignant. Le directeur de l’école rectifie : «Il n’est pas enseignant, il est juste une personne ressource.» Dans l’armature administrative de l’école, sa présence vaut son pesant d’or. Ndiaga aidait sur les tâches administratives, mais était aussi d’un apport de taille dans l’enseignement. M. Diagne le directeur de l’école : «Il arrive quelques fois qu’un enseignant soit en retard ou absent, alors Ndiaga est là pour donner un coup de main. D’ailleurs, mes collègues déploraient il y a quelques temps son absence tant il nous était d’un apport lors des examens blancs que nous organisons.» Ndiaga Niane après avoir raté la Fonction publique s’est rattrapé dans une formation sur le tard après des études sommaires. M. Diagne déclare : «Je ne lui lâche quand même pas la bride. Je le contrôle dans ce qu’il fait et je lui donne des conseils par rapport aux nouvelles approches et aux nouveaux programmes.» Mais Cheikhou Camara affirme : «Je suis passé par ses mains, mais il est facile pour lui de passer pour un bon maître aux yeux des habitants de la banlieue dont l’éducation est plus sommaire.»
Le directeur de l’école plaide la présomption d’innocence
A l’école Thierno Salif Ndongo, l’image éclaboussée du maître n’a même pas été écornée. Elle est proprette et soigneusement entretenue par le directeur et ses instituteurs. M. Diagne : «Ndiaga est innocent de ce dont on l’accuse. Jamais il ne ferait une chose pareille. D’ailleurs, quand les filles qui l’ont accusé ont été réentendues, elles ont désigné une troisième personne comme étant celle qui a abusé d’elles. Nous avons trouvé un avocat et nous espérons que Ndiaga va bientôt sortir et nous retrouver ici.» Ce maître encadreur «au dessus de tout soupçon» a passé plus d’une vingtaine d’années dans l’école élémentaire Thierno Salif Ndongo. Selon le directeur, plusieurs cadres de Nietty Mbar ont été formés par ses soins. Le bonhomme qui ne bénéficie pas d’un salaire est rétribué de «façon ponctuelle pour ses prestations.» Le directeur explique : «Il n’avait pas de salaire mensuel. On le payait de façon ponctuelle lors des fêtes de Tabaski, Korité, Pâques ou Noël. On lui remettait une somme de 20000 francs par exemple. Mais aussi les élèves qu’il encadre lui versent mensuellement une somme forfaitaire de 1000 francs ou 1500 francs.» Convaincu dans son sacerdoce, il encadre les élèves les après-midis en tranches horaires de 15 à 17 heures et de 17 heures à 19 heures. A-t-il profité de ces heures pour abuser de ses élèves et libérer ses démons ?
Dans l’école, il se plaît souvent à déguster le thé en compagnie du directeur et du gardien. Les rumeurs racontent que cette entente cordiale est très intéressée parce que le suppléant assure les enseignements non seulement en cas de congés de maternité d’une enseignante, mais couvre aussi les absences récurrentes de certaines enseignantes. Cheikhou Camara accuse : «Dans un passé lointain, on l’avait déjà accusé de viol sur des jeunes filles. Ça n’est jamais allé plus loin que l’extrémité de la rue. A la banlieue on adore le colmatage, feindre d’ignorer là où le bât blesse. Mais quand il est question d’argent, ils sont prêts à toutes les batailles. Le drame après ces viols c’est que dans ce quartier, certaines femmes peuvent même aller jusqu’à appeler le fiancé de la fille pour lui dire qu’elle a été violée dans le passé. Après cela, celui-ci annule tout projet de mariage. J’ai vu ce genre de cas. C’est ce que risquent ces filles.»