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Abdoulaye WADE vient de se signaler, une fois de plus, par son intempérance et sa tonitruance dans le monde feutré et subtil de la diplomatie aux mœurs policées par des traditions pluriséculaires. En dépit de son inclination compulsive à s’immiscer, de façon toujours intempestive et souvent subversive, dans des conflits complexes et qui plus est, éloignés des préoccupations immédiates autrement plus prégnantes des Sénégalais, l’homme a démontré par ses errements qu’il se meut dans un univers des relations internationales qui lui est manifestement étranger.
DECLARATION EN DATE DU MERCREDI 19 MAI 2010
Abdoulaye WADE vient de se signaler, une fois de plus, par son intempérance et sa tonitruance dans le monde feutré et subtil de la diplomatie aux mœurs policées par des traditions pluriséculaires. En dépit de son inclination compulsive à s’immiscer, de façon toujours intempestive et souvent subversive, dans des conflits complexes et qui plus est, éloignés des préoccupations immédiates autrement plus prégnantes des Sénégalais, l’homme a démontré par ses errements qu’il se meut dans un univers des relations internationales qui lui est manifestement étranger.
Contre les usages et les coutumes les mieux établis, Abdoulaye WADE, assoiffé de gloriole facile et prisonnier de sa mégalomanie, s’est offert en spectacle, et notre pays avec lui, dans une polémique stérile et indécente sur la paternité de la libération par l’Iran de l’étudiante française Clotilde REISS. Cette agitation névrotique et cette précipitation frénétique qui confinent à la diplomatie de grand-place l’ont poussé à s’épancher en long et en large dans les média pour gloser sur ses mérites supposés dans le dénouement de cette affaire alors que la France, principale concernée, n’avait même pas encore communiqué sur l’événement.
Plus grave, le ministère des affaires étrangères, à l’évidence sans consulter les «gens de la carrière», a eu l’indélicatesse et le manque de tact de livrer, par un déballage, sur la place publique, de lettres, documents et démarches, entretiens…, constitutifs d’une divulgation des minutes de négociations et contacts qui auraient dû, en toute responsabilité, être marquées du sceau de la confidentialité, voire même du secret d’Etat. Il s’agit là d’une véritable gaffe diplomatique qui n’aurait jamais été commise par des diplomates ou des hommes d’Etat rompus aux arcanes des relations internationales. On ne voit de telles révélations que dans les mémoires des diplomates à la retraite.
Mais ce serait se méprendre sur la diplomatie de «l’éléphant dans un magasin de porcelaine» dont Abdoulaye WADE est coutumier depuis plus de dix ans. Sans doute la manœuvre cousue de fil blanc vise-t-elle à faire diversion sur la scène internationale dans l’espoir de contrecarrer les effets désastreux de la clameur publique et mondiale qui le poursuit après la révélation de la tentative de corruption de l’ancien Représentant Résident du FMI au Sénégal et de la crapuleuse affaire des 20 milliards de F CFA de commissions versés à l’occasion de la vente de la troisième licence de téléphonie à la société SUDATEL. Les Sénégalais attendent toujours la réaction de ceux qui ont été personnellement mis en cause, mais aussi celle du gouvernement.
Plutôt que de se hausser du col à revendiquer un rôle peu ou prou déterminant dans le dénouement d’une affaire qui ne les interpelait que de loin, probablement dans le but de redorer leur blason à jamais terni par les scandales à répétition, WADE et consorts devraient d’abord s’occuper de nos propres compatriotes en détresse de par le monde et d’autre part s’expliquer sur l’accusation claire, nette et précise dont ils sont l’objet et qui exige des explications.
Car enfin le site soudanais Sudan Tribune que chacun peut consulter (http://www.sudantribune.com/spip.php?article34955 : “A Senegalese company, The Red Sea, an offshore company whose headquarters is based in Dubai was the main beneficiary of the commissions paid. Informed sources said the firm is headed by a son of the President Abdoulaye Wade. », a été on ne peut plus explicite en indiquant sans détour, que l’argent en question a atterri sur le compte bancaire d’une société financière basée à Dubaï et dirigé par un fils du président de la république du Sénégal. Il s’agit d’une accusation gravissime s’il en est, proférée sans fioritures.
La politique du dos rond pour laisser passer l’orage ne pourra pas prospérer cette fois-ci, surtout si Abdoulaye WADE espère, en plus, profiter de ce dérapage de mauvais goût pour tenter de conférer à son fils une envergure internationale que son manque évident de talent et son inexpérience lui refusent obstinément. Cette fois, les détrousseurs du peuple ont été explicitement visés et voilà pourquoi nul ne songe à nier et que personne n’entend les habituels cris d’indignation feinte et de colère simulée, assortis aux menaces de procès brandies pour terroriser et contraindre au silence les objecteurs de conscience.
Ceux qui depuis dix ans pillent le pays sans vergogne doivent se le tenir pour dit, les communiqués commandités de SUDATEL, les agissements d’un avocat à la solde des intérêts du clan WADE, les tribulations d’un collaborateur du président de la France nostalgique de la Francafrique ou les esquives de la très peu courageuse commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la non transparence n’y feront rien. Un jour prochain, ils rendront gorge de tous les forfaits qu’ils auront perpétrés au cours de leur gouvernance prédatrice.
En attendant qu’Abdoulaye WADE et son régime corrompu laissent donc à l’œuvre les diplomates chevronnés que compte ce pays, mais qui se trouvent aujourd’hui marginalisés par la promotion tous azimuts de féaux et de laquais de WADE & CO dépourvus du moindre savoir faire en matière de relations internationales. Les hommes de l’art qui ont naguère, d’un long et infatigable labeur, fait du Sénégal l’incontestable puissance diplomatique qu’il était, pourront peut-être réparer les dégâts considérables que l’incompétence et la vénalité du régime auront infligés à l’image du Sénégal.
S’il n’était pas aveuglé par son égocentrisme débridé et sa folle ambition de succession dynastique malgré le refus têtu, opiniâtre et obstiné de tous les dignes fils de ce pays, Abdoulaye WADE aurait compris que «la diplomatie est un art tout d’exécution» faite de patience, de discrétion et de délicatesse qui ne s’accommode point des initiatives intempestives et des déclarations irresponsables dans un conflit qui le dépasse et dont il ne maîtrise ni les enjeux, ni les soubassements.
Dans l’escalade insensée qu’il imprime à cette affaire, somme toute mineure au regard des intérêts stratégiques du Sénégal, Abdoulaye WADE n’a pas répugné, au mépris de son rang et au risque de bousculer le protocole, à entretenir une polémique de bas étage avec un conseiller diplomatique de son homologue français qu’il poursuit de sa vindicte et de sa haine pour le seul tort présumé d’avoir percé à jour et éventé ses sombres desseins monarchiques.
Tout ce qu’il risque dans cet aventurisme international brouillon, c’est de perturber des équilibres précaires du monde contemporain avec ses vicissitudes et ses incertitudes. Il ne faudrait pas se retrouver pris dans le jeu de la politique étrangère d’un autre pays, ou pis encore, s’en faire l’instrument, au risque de nous aliéner les solides partenaires traditionnels et stratégiques tant occidentaux qu’orientaux dont l’amitié et la coopération, malgré leurs limites objectives, ne nous ont jamais fait défaut.
Dakar, le 19 mai 2010
Le Bureau Politique