Si riche et si pauvre, c’est le paradoxe de Kédougou, cette «Terre des hommes» au sous-sol regorgeant d’importants minerais d’or et à la nature gâtée par une faune et une flore luxuriantes, comme il n’existe presque nulle part ailleurs au Sénégal, grâce au Parc national du Niocolo Koba, qui peine pourtant à se développer.
702 km à l’Est de Dakar et 233 km après Tambacounda, Kédougou. La «Terre des hommes» (signification de Kédougou en bambara – langue locale) grâce à qui le Sénégal est officiellement entré dans le «cercle restreint» des pays producteurs d’or reste encore une des régions les plus pauvres du pays. En plus du don de la nature qu’est le Parc national du Niocolo Koba, le sous sol kédovin renferme d’importants gisements d’or dont l’exploitation, jusqu’à présent profite plus à des étrangers qu’aux nationaux, y compris les populations du terroir.
L’Etat bénéficie pourtant d’au moins 10% dans l’exploitation industrielle de l’or de Sabodala, grâce au Code minier et au Fonds social minier de 3% porté à 5%. En dépit de cela et du fait que le ministère des Mines et de l’Energie peut se glorifier d’être témoin (via les services de l’Etat) de la levée hebdomadaire de l’or à destination de la Suisse où le métal précieux est traité et le produit fini certifié avant d’être écoulé sur la marché mondial, le constat demeure: l’or de Kédougou ne profite pas réellement au Sénégal.
Déjà, dans sa livraison du 11 juillet 2012, l’hebdomadaire «La Gazette» s’indignait du fait que 25 milliards F Cfa ait été volé à Sabodala, entre 2009 et 2011, selon le Tableau des opérations financières (TOF) du Sénégal (2009-2011). Ainsi faisait-elle remarquer : «(…) Pourtant, quand on jette un regard attentif sur la balance commerciale du pays, on note que le Sénégal a exploité pour l’année 2009 : 150 000 onces d’or (4 tonnes), 142 000 onces (3,5 tonnes) en 2010 et 140 000 onces d’or (3 tonnes) en 2011. Ce qui fait un total estimé à 445 000 onces, soit environ 11 tonnes d’or tirés du sous sol de cette partie du Sénégal oriental ».
L’hebdomadaire relevait ainsi que « des experts ayant analysé ces chiffres considèrent que les recettes que l’Etat devait percevoir sur la période 2009-2011 équivalent au moins à 50 millions de dollars (environ 25 milliards FCfa)». Or, le ministre de l’Energie de l’époque, Me Madické Niang, soutenait que la société exploitante MDL «s’engageait à verser pour chaque once d’or 6,5 dollars Us à l’Etat sénégalais. En plus de cela, elle devait payer 10 milliards FCfa pour les actions détenues (10%) par l’Etat dans son capital».
Aujourd’hui que l’exploitation de l’or de Sabodala est reprise par Teranga Gold Opération (TGO), la volonté annoncée du président Macky Sall de revoir les contrats miniers n’y a encore rien fait. Les nouvelles autorités sénégalaises continuent de se contenter des miettes qui reviennent à l’Etat dans le capital, favorisant le «pillage organisé» de cette ressource grâce aux contrats abusifs dont bénéficient les exploitants miniers. Il n’y a pas de traces visibles en termes de retombées de l’exploitation de l’or, dans la région, si ce n’est quelques réalisations que les populations peuvent lister du bout des doigts.
Pourtant, l’Etat est tenu, à chaque négociation d’inclure des clauses, allant dans le sens de la mise en place d’un fonds social. Qu’il s’agisse de petites mines ou pas, il y a des standards internationaux en la matière. Et à ce titre, force est de reconnaître que Kédougou disposait déjà d’un fonds social minier depuis 2007. Ce fonds alors d’une valeur de 3,5 milliards F Cfa provient des cotisations des différentes compagnies minières de la région. Mais difficile de dire que l’argent est disponible. En atteste, le ministère des Mines et de l’Energie qui affirme que «ce fonds n’’est ni logé à la présidence de la République ni au ministère».
En réalité, dans la pratique, c’est la société exploitante elle-même qui gère souvent le fonds social suivant ses intérêts et de façon informelle pour apaiser des conflits. Elle l’utilise souvent dans les domaines de la santé, de l’éducation, bref pour le volet social. La révolte des étudiants de Kédougou qui a débouché sur la mise à disposition d’un immeuble dont la location est prise en charge par une partie de ce fonds en est un exemple.
Le Code minier en vigueur dispose par ailleurs, en son article 55 que: «une partie des ressources fiscales provenant des opérations minières est versée dans un Fonds de péréquation destiné aux collectivités locales. Les conditions et les modalités de ce versement sont fixées par décret».
Je ne reviendrais pas sur ce que j’ai déjà dit en ce qui concerne le sous-développement de cette région et de celles de Kolda et Tambacounda. Pour choquer les tenants d’un développement basé sur la culture d’autoconsommation pour la réduction de la pauvreté, ce concept très raciste venu de l’occident, j’étais allé jusqu’à faire le parallèle entre ce que produit un paysan Européen, Américain ou d’Amérique Latine ou du Brésil et ce que produisent nos paysans.
Quand on voit un Paysan Européen qui exploite tout seul des centaines d’hectares avec un ou deux engins et leurs différents accessoires mécaniques, on ne peut qu’avoir un gros pincement au cœur. Ces trois régions pourraient être à elles seuls le grenier nourricier de tous les Sénégalais et même d’autres peuples du monde, comme le font nos amis Brésiliens, Argentin, Vietnamiens depuis plus de vingt ans maintenant.
Pour y arriver, le Gouvernement du Sénégal doit créer un Lycée Agricole pour les différents métiers de ce secteur avant d’y injecter des moyens en forme de prêts aux agriculteurs jeunes et moins jeunes sur une durée de quinze, voire vingt ans à des taux préférentiels.
Il n’y a pas de secret, pour s’adonner à l’Agriculture et la pêche, il faut aimer ces métiers qui ne s’accommodent pas avec la tricherie ou les faux-semblants.
J’AI DIT UNE FOIS, lors d’un débat sur l’Afrique qui serait « mal partie » pour certains que j’étais convaincu que mille Agriculteurs Français seraient capables, au bout de cinq années de faire de chacune de ces trois régions les plus développées en matière agricole avec moins de 10 millions et du matériel pour la simple raison qu’ils sont mieux formés que nos cultivateurs qui se tuent à la tâche depuis cinquante ans sans sortir de leur condition de pauvres éternellement assistés.
On NE PEUT DEVELOPPER UN PAYS SANS DE TRES GRANDES EXPLOITATIONS AUX CÔTES DES PETITES ET MOYENNES, OR une grande majorité de nos paysans n’a pas les fonds propres pour y investir ; mais dès qu’on parle d’en octroyer une parie à des étrangers, quelques prétendus défenseurs de la paysannerie montent sur leurs grands chevaux pour crier à la confiscation des terres au profit de ceux qui voudraient faire d’eux des ouvriers Agricoles.
En acceptant que d’autres Agricultures plus compétents viennent travailler avec nos paysans, ces derniers profiteraient de leurs savoirs en quelques années, comme les Gouvernements de la Namibie et du Zimbabwe l’ont compris en faisant collaborer leurs paysans avec les grands fermiers blancs qui furent les précurseurs de leur développement agricole en exploitant de manière inhumaine la main-d’œuvre noire.
Il faut aller faire des reportages sur l’Agriculture Brésilienne ou Française pour se rendre compte que nous sommes très loin de la bonne voie pour une politique Agricole bien réfléchie.